Utiliser les médias pour gagner
Mathieu Rompré
2012-08-16 14:15:00
Les média peuvent faire avancer une cause. Mieux ils peuvent la faire gagner. Mais c'est à double tranchant, comme l'explique Mathieu Rompré cette semaine.
Je me rappelle avoir couvert, à titre de journaliste, un nombre important de conférences de presse de ''persona non-grata'' au Canada, qui avaient fait appel aux médias pour contrecarrer un ordre d’expulsion émis par le gouvernement fédéral.
En 2008 et 2009, j’ai notamment eu à couvrir les efforts de relations publiques des « Iraq Dodgers », ces soldats américains qui ont préféré demander l’asile au Canada plutôt que d’avoir à faire un autre tour de garde dans les rues (peu sécuritaires) de Bagdad. Pour chaque comparution devant la moindre instance gouvernementale, les médias étaient alertés et conviés à suivre « en direct » les décisions administratives.
Chercher l’attention médiatique à tout prix pour faire avancer sa cause peut, toutefois, s’avérer un jeu dangereux. Je me souviens de la famille Portnoy à Terre-Neuve, réfugiée dans une église, qui avait gagné l’appui de la population par le truchement des médias. Les journalistes s’étaient mis à enquêter et avaient découvert des détails peu reluisants au sujet des Portnoy… Le père de famille avait fait partie de la mafia dans son pays d’origine et, de ce fait, n’était pas admissible à la résidence permanente au Canada.
En contexte de « gestion des réputations » pour une entreprise, « le recours aux médias peut être utile pour protéger ses acquis sur le plan de la notoriété d’une marque ou d’une réputation corporative parce que, évidemment, le client qui plaide sa cause au tribunal doit aussi se soucier du tribunal de l’opinion publique », déclare Sébastien Théberge, Conseiller principal en relations publiques pour la firme Octane Stratégies.
Ceci dit, les avocats qui souhaitent faire bouger les choses en ayant recours aux journalistes, doivent garder en tête que les membres du quatrième pouvoir ne sont pas à la solde de leurs clients. Ils seront contents de raconter le parcours, les injustices et les grandeurs de vos clients, mais auront autant sinon plus de plaisir à sonder leurs placards, pour en faire sortir publiquement tous les squelettes qui s’y cachent...
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