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Pleins feux sur la Course aux stages

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Reynaldo Marquez

2008-01-21 13:48:00

En prévision de la course aux stages 2007-2008, Droit Inc a osé cogner aux portes des grands cabinets d’avocats actifs au Québec, histoire d’entendre de la bouche de leurs recruteurs comment s’y prennent pour embaucher des stagiaires.

L’arroseur, arrosé : l’espace d’un moment, les interviewers de six grandes firmes ont goûté à leur propre médecine, alors qu’ils ont été interviewés, de près et de façon non complaisante…

Tout y passe. Les salaires, les critères et le processus de sélection des candidats vous sont dévoilés dans les prochaines lignes, afin d’aller au fond des vraies affaires…

….À vos marques, prêts….

L’expérience de vie, la personnalité, la performance en entrevue et la connaissance de l’anglais font aussi partie des critères analysés par les recruteurs des grands bureaux, au moment d’embaucher des stagiaires.

C’est pourquoi, certains étudiants, pourtant avec d’excellents dossiers académiques, n’obtiennent pas de stages, tandis que d’autres, aux notes plus faibles, sont néanmoins embauchés.

Voilà en somme ce qu’ont révélé les recruteurs de six grandes firmes actives au Québec, dont BCF, Bélanger Sauvé, Blake, Cassels & Graydon, Fasken Martineau, Fraser Milner Casgrain et Kugler Kandestin, lors d’entrevues exclusives, en prévision de la course aux stages 2007-2008.

Les étudiants qui hésitent encore à participer à la course, qui débutera en février prochain, sous prétexte qu’ils ne sont pas des premiers de classe, devraient donc se raviser, ont affirmé les recruteurs.

En effet, les étudiants qui réussiront à faire ressortir d’intéressantes facettes de leurs candidatures pourraient tout de même retenir l’attention des recruteurs, et obtenir une première entrevue, en dépit de notes plus faibles, ont-ils affirmé.

Les six recruteurs interrogés ont toutefois tenus à bien se faire comprendre de la population étudiante. Bien que d’autres critères que les notes sont considérés, les étudiants doivent garder à l’esprit une chose : les bonnes notes demeurent un critère de sélection important, avertissent-ils.

Révéler ses qualités
Mais alors, est-ce qu’un candidat avec une moyenne générale de C+ devrait envoyer sa candidature chez vous?

« Envoyez toujours votre curriculum vitae, si vous pensez avoir d’autres éléments qui devraient être pris en considération dans votre dossier », répond Me Natalie Bussière, associée et présidente du comité de recrutement chez Blake, Cassels & Graydon.

Par exemple, un candidat qui aurait très bien réussit un premier baccalauréat, dans une autre discipline que le droit, gagnerait à le mettre en évidence dans son dossier. « La clé consiste à faire ressortir les aspects positifs de votre dossier pour que nous puissions les considérer », ajoute Me Bussière.

L’expérience de vie des candidats est en effet grandement prise en considération, confirme Me Louise Violette, avocate et responsable du recrutement chez Fraser Milner Casgrain.

« Il s’agit d’une donnée qui me tient beaucoup a cœur. Je teinte mon comité de sélection avec cela », assure Me Violette.

« Un candidat aux intérêts diversifiés, qui joue le piano, qui est maître nageur, qui a voyagé ou qui possède un premier baccalauréat sont des candidats qui nous intéressent aussi », confie-t-elle. « Nous avons déjà rejeté des dossiers honorables et nous avons accepté des dossiers considérés plus faibles, en raison de leur profil multiculturel », dit-elle.

Le contenu du curriculum vitae est aussi important, confirme Me Yves Carignan, associé et responsable du recrutement chez Bélanger Sauvé. « Lorsque le curriculum vitae est impeccable, quant au texte, quant à la forme et l’originalité de sa présentation, je vais parfois donner sa chance au coureur, malgré ses quelques difficultés scolaires », avance Me Carignan.

« Il m’arrive souvent d’interviewer des candidats qui ont des C et C+ dans leurs bulletins », assure-t-il.

« J’aime croire qu’il n’y pas juste que les notes. Mais en affirmant ceci, je ne veux induire personne en erreur : quelqu’un qui n’aurait pas de bonnes notes aura beaucoup de difficultés à obtenir une entrevue dans un grand cabinet », affirme Me Christian Leblanc, associé et président du comité de recrutement chez Fasken Martineau.

« Une fois que nous avons de bonnes notes, il y a le curriculum vitae du candidat, son expérience de vie, qui est étudiée chez nous, explique Me Leblanc. Il serait faux de croire que nous ne faisons que regarder un relevé de notes pour fonder notre choix. »

« Il faut avoir d’excellentes notes, on ne s’en sort pas », affirme Me Christian Leblanc, de Fasken Martineau. « Par contre, il nous arrive de faire des exceptions lorsque nous voyons un curriculum vitae étoffé et impressionnant », confirme Me Leblanc.

La personnalité du métier
La personnalité des candidats compte aussi pour beaucoup dans la sélection des stagiaires, notamment lors de la seconde entrevue, affirment aussi les recruteurs. Leur personnalité doit bien cadrer avec la culture du cabinet, disent-ils.

« Chez BCF, nous recherchons un type de personnalité particulier chez nos stagiaires. Il faut qu’ils aient un profil d’entrepreneurs, à l’image de BCF. Nous recherchons des personnalités passionnées et enthousiastes pour partager les projets de notre cabinet », affirme Me Julie Doré.

« Il nous arrive d’éliminer des candidats en deuxième entrevue, même s’ils sont d’excellents candidats, lorsque nous avons l’impression que leur personnalité ne cadrera pas avec notre cabinet », affirme Me Natalie Bussière, de chez Blake, Cassels & Graydon

« Ici, ça me prend une couple de A+ dans le bulletin, mais aussi des B. Si j’ai trop de C ou de D, ça ne passera pas », affirme Me Martine L. Tremblay, associée et responsable du recrutement chez Kugler Kandestin.

Il s’agit d’un cabinet boutique spécialisé en droit des affaires, de 14 avocats, du centre-ville de Montréal, qui assure verser à ses avocats des salaires aussi concurrentiels que ceux des gros.

« Si quelqu’un m’arrive uniquement avec trop de C et de D, pour que je leur laisse leur chance, il faut que le c.v. soit vraiment, vraiment bon. Il faut alors voir comment la personne performe en entrevue, comment elle parle et se tient. Puis là, ça pourrait passer, car en entrevue c’est autre chose : il faut alors voir la personnalité du candidat », dit-elle.

Reynaldo Marquez est journaliste et édudiant en droit
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2 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 16 ans
    Je veux bien le croire
    J'ai commencé à postuler pour le stage en 2005. J'ai réussi l'École du Barreau il y a 7 mois maintenant. Malgré un curriculum vitae étoffé et un parcours très rich, j'ai eu à peine quelques entretiens et je n'ai toujours pas de stage!! Il me semble que les avocats n'examinent que les cvs sélectionnés par leurs assistants suite d'un tri très strict au niveau des notes.

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 16 ans
    La moyenne avant tout!!!
    Je suis tout à fait d'accord avec le commentaire ci-dessus car des recruteurs me l'ont déjà dis lorsque je faisais ma course en 2004. Venant de McGill, si nous n'avions pas 3.0/4.0, nous n'avions pas accès aux grands cabinets d'avocat quoique notre université soit prestigieuse....La moyenne générale est le 1er critère qui est déterminant pour les grands cabinets et il ne faut donc pas se leurrer: les aptitudes humaines passent souvent bien après. De plus, il est à noter que sur les 500 finissants de l'École du Barreau 2007, environ 275 n'ont toujours pas de stage....et ceci n'est que pour la ville de Montréal!!! Il y a beaucoup trop de demande par rapport aux offres d'emploi et le secteur du droit est bouché de plus en plus. À quand, les universités auront-elles enfin l'intelligence de couper les admissions en droit au plus tôt afin de ne pas se retrouver au chômage avec pourtant 1 baccalauréat voire même deux!!!???

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