Le témoignage de Martin Dumont suspendu

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Agence Qmi

2013-01-23 08:30:00

Le témoignage de Martin Dumont a été suspendu après l'intervention de son avocate. Elle a attaqué de front les méthodes de travail de deux enquêteurs, estimant qu'ils avaient violé les droits fondamentaux de son client.

Tirée à quatre épingles, Me Suzanne Gagné ne s'est pas laissé marcher sur les pieds hier, dans la salle d'audiences publiques.

Me Suzanne Gagné ne s'est pas laissée parcher sur les pieds hier
Me Suzanne Gagné ne s'est pas laissée parcher sur les pieds hier
D'entrée de jeu, l'avocate de l'ex-organisateur politique d'Union Montréal, Martin Dumont, a déclaré une véritable guerre juridique au procureur en chef adjoint, Me Gallant, mais surtout à la juge France Charbonneau.

«Je vais vous demander de baisser d'un ton», a même fini par couper sèchement cette dernière.

L'objet de la discorde repose sur une déclaration livrée par M. Dumont à deux enquêteurs de la Commission, le 11 décembre dernier.

Cet interrogatoire s’était alors déroulé à la suite d’informations contradictoires repérées dans le témoignage que Martin Dumont avait livré à l’automne, devant la Commission.

Dans un extrait vidéo de cette rencontre diffusé lundi, celui-ci avoue avoir inventé l'histoire de la réceptionniste d'Union Montréal, Alexandra Pion, qui se serait plainte auprès de lui d’avoir dû compter 850 000 $ à la demande de l'argentier du parti, Bernard Trépanier.

Seulement voilà, Me Gagné estime que les enquêteurs ont utilisé des méthodes inappropriées, voir menaçantes, afin d'obtenir ces aveux. L’avocate souhaite donc que l’interrogatoire ne soit pas admis comme preuve.

Déterminée, elle a insisté auprès de la juge Charbonneau pour contre-interroger l’enquêteur de la Commission Robert Pigeon, qui a questionné M. Dumont en décembre.

Méthodes douteuses ?

Avant d’enregistrer la déclaration de Dumont, M. Pigeon et son collègue ont parlé avec le témoin pendant près d'une heure et demie.

Durant cette période, ils auraient cherché à l’intimider, soutient Me Suzanne Gagné.

Martin Dumont aurait été intimidé par les enquêteurs, c'est ce que soutient son avocate
Martin Dumont aurait été intimidé par les enquêteurs, c'est ce que soutient son avocate
Ils auraient notamment mentionné l’affaire de François Thériault, cet autre témoin de la Commission arrêté dernièrement pour parjure, en précisant les risques qu’il encourait.

«Vous n’avez pas dit à mon client : 10 ans en prison c'est long», a demandé Me Gagné. «Non» a rétorqué l'enquêteur Pigeon.

Par ailleurs, ce dernier a expliqué qu’il avait soumis trois hypothèses à Martin Dumont pour expliquer les inexactitudes relevées dans ses propos.

«Je lui ai posé un certain nombre de questions appâts», a justifié Robert Pigeon indiquant que M. Dumont avait acquiescé aux trois propositions, soit : d’avoir mentionné le nom d’Alexandra Pion pour couvrir celui de son épouse (stagiaire à Union Montréal à l’époque), puis d’avoir rassemblé plusieurs histoires pour arriver à la somme de 850 000 $, et finalement d’avoir inventé tout cet épisode de comptage.

«C’est la vérité qui importe à la fin», a-t-il ajouté après avoir rappelé qu’il avait indiqué à M. Dumont qu’il était libre de partir ou de parler avec son avocat quand il le souhaitait.

Témoignage suspendu

Me Gagné a ensuite demandé à interroger Martin Dumont, sa conjointe Célina Machado et son relationniste Luc Tremblay. Comme la juge Charbonneau s’y est opposée, l’avocate s’adressera à la Cour supérieure du Québec pour forcer la Commission à les recevoir.

En attendant cette décision, le témoignage de Martin Dumont est suspendu.
C’est alors l’enquêteur de l’escouade Marteau de la SQ, Isabelle Toupin, qui lui a succédé à la barre, pour apporter des explications sur le scandale du Faubourg Contrecoeur.

Mais son témoignage a été frappé d’une ordonnance de non-publication à la demande de l’avocat de Frank Zampino, l’ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, afin de ne pas nuire à son procès, car il est accusé de complot et de fraude en lien avec cette affaire.
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