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Avocates, réveillez-vous!
Daphnée Hacker-b.
2013-02-20 15:00:00
Une centaine de femmes d’affaires se sont réunies hier pour discuter de la place encore trop petite des avocates dans les cabinets, où elles ne représentent que 20% des associés.
Parmi les neuf panelistes invitées, on retrouvait plusieurs avocates et femmes d’affaires ayant réussi à se tailler une place de choix dans leur entreprise, notamment Me Catherine Pilon, bâtonnière de Montréal, Mme Jacynthe Côté, chef de la direction de Rio Tinto et Mme Christiane Bergevin, vice-présidente exécutive aux partenariats stratégiques pour Desjardins.
Abondant dans le même sens, elles ont rappelé à leurs consoeurs que le monde des affaires est encore très masculinisé. Les chiffres sont clairs : le tiers des entreprises qui ont leur siège social à Montréal ne comptent pas une seule femme dans un poste-clé, rapporte La Presse.
Sur le marché du droit, les femmes ont atteint la parité dans les facultés de droit depuis 20 ans, et parmi les avocats de 10 ans de pratique et moins, elles représentent 61%. Pourtant, elles sont minoritaires à posséder le statut d’associée ou celui de juge.
Quels conseils donner aux jeunes avocates qui veulent renverser la tendance? Droit-inc a posé la question aux juristes présentes.
Provoquer les occasions
Me Pilon, aujourd’hui associée chez Fraser Milner Casgrain et Batônnière de Montréal, est un modèle à suivre pour les futures leaders. Quel est son secret?
« Pour évoluer dans le monde des cabinets, il faut absolument savoir faire la promotion de nos bons coups », tranche-t-elle. Sans se vanter, il faut travailler fort et rappeler à ses collègues et à ses supérieurs que nous avons connu un bon succès avec tel dossier.
Me Lucie Rousseau, fondatrice de la firme Unix Coaching, se consacre au coaching de cadres supérieurs et de professionnels. Celle-ci croit que les avocates doivent faire preuve de plus d’entrepreneuriat. Contrairement à certaines entreprises où la structure hiérarchique est établie, « les cabinets ont une formule plus flexible, qui donne sa place à ceux qui prouvent leur potentiel, quitte à devoir s’imposer devant un collègue. »
L’univers a horreur du vide
« Arrêtez d’attendre votre tour! », scande Me Louise Boutin, associée chez Langlois Kronström Desjardins. L’avocate spécialisée en fiscalité municipale croit que dans le cadre de négociations, les femmes ne prennent pas suffisamment leur place et perdent souvent des occasions de décrocher un mandat.
« Comment se fait-il que les filles soient les meilleures en classe, mais qu’elles soient rarement les plus performantes au bureau? Trop souvent, elles attendent qu’on les approche, au lieu de défoncer des portes », déplore-t-elle. L’univers a peur du vide, ajoute-t-elle, si une opportunité d’avancer se présente, quelqu’un la prendra, et plus souvent qu’autrement, ce sont encore les hommes qui ont le réflexe de foncer.
S’entraider et réseauter
Me André Dorais, fondateur d’André R. Dorais avocats et Christiane Bergevin, responsable d’accroître la présence de Desjardins ici et à l’étranger, sont parmi les cofondateurs de l’Association des femmes en finances du Québec (AFFQ), un réseau professionnel qui regroupe plus de 400 femmes.
Ceux-ci ont rappelé aux jeunes professionnelles l’importance de développer un réseau de contacts, en ciblant les bons comités et milieux de rencontre, et surtout, en assurant un suivi. « Il est très important d’entretenir nos relations professionnelles», dit Me Dorais.
« Les femmes ont tout intérêt à s’entraider, conclut Mme Bergevin, celles qui occupent un poste de direction peuvent encourager leur entreprise à se tourner vers des professionnelles compétentes, c’est comme cela qu’on va faire avancer la cause. »
L’avis des participant-e-s
« Cet évènement nous rappelle l’importance des programmes de mentorat qui servent de guides aux jeunes professionnelles dans le monde complexe de l’entreprise ou des cabinets » - Me Patricia Romanovici, Bombardier
« Celles qui visent des postes haut-placés doivent garder en tête que le pouvoir n’est pas contradictoire avec gentillesse ou délicatesse, pour être un bon leader, il faut rester intègre » - Me Julie Latour, ex-bâtonnière de Montréal et candidate à la vice-présidence du Barreau du Québec.
« Il ne faut pas croire que le temps va permettre la parité dans les lieux de pouvoir, il faut provoquer les choses et faire notre place » - Me Joséane Chrétien, ex-présidente de l’AJBM et avocate chez Belleau Lapointe.
« J’espère que notre génération viendra à bout des mythes tenaces qui nuisent à la relève féminine » - Me Paul-Matthieu Grondin, administrateur du comité financement de l’AJBM et avocat chez Grondin SavareseLegal Inc.
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