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Un concours de plaidoirie sans plaidoirie

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Daphnée Hacker-b.

2013-03-19 11:15:00

Deux étudiants de l’Université McGill, passionnés de droit autochtone, ont participé à un concours oratoire unique en son genre qui a mobilisé des facultés de partout au pays.

Me Lysane Cree, Éloïse Ouellet-Décoste et Christopher Durrant
Me Lysane Cree, Éloïse Ouellet-Décoste et Christopher Durrant
Les concours de plaidoirie ont beau être variés, ils ont tout de même une formule commune : le décor, deux équipes, un sujet de débat, des juges, un trophée, des gagnants et des perdants.

Du 1e au 3 mars dernier, à l’Université Western en Ontario, des étudiants ayant un intérêt pour le droit autochtone sont venus des quatre coins du pays pour expérimenter la formule beaucoup moins classique du concours Kawaskimhon, qui signifie « parler avec du savoir ».

« Ce n’est peut-être pas classique comme processus, mais c’est un concept qui rejoint beaucoup plus la façon traditionnelle de résoudre les conflits chez les Premières Nations », indique Me Lysane Cree, avocate chez Hutchins Legal qui a supervisé les deux élèves de McGill qui ont pris part à l’évènement où aucun vainqueur n’est désigné.

Privatiser les réserves amérindiennes

À la table des négociations
À la table des négociations
D’origine mohawk et résidant à Kanesatake, Me Cree était la personne toute désignée pour préparer les étudiants au débat de cette 19e édition du concours. Cette année, le débat s’est orienté autour de la pertinence de privatiser des terrains situés sur des réserves amérindiennes, afin de pouvoir hypothéquer ces terres ou encore les vendre à un promoteur immobilier.

Un sujet complexe et actuel, à l’heure où les divers représentants des Premières Nations expriment le désir d’être plus impliqués dans les processus politiques et économiques du pays.

Me Cree, qui supervise depuis 15 ans les étudiants de McGill qui se plient à l’exercice, explique que chaque équipe a le mandat de représenter l’un des partis qui se retrouve à la table des négociations. Parmi eux, on note le gouvernement fédéral, l’Assemblée des Premières Nations et cinq autres partis représentant les intérêts de différents groupes autochtones.

Les étudiants de McGill se sont fait attribués le groupe des MicMac, ou Mi’kmaq, un peuple qui se situe dans les provinces atlantiques.

« Tous les étudiants ont été excellents! » dit Me Cree, qui ajoute que même si une seule des trois tables a réussi à rédiger une entente finale, le but de l’exercice était de familiariser les futurs juristes à une méthode de résolution de conflits ancrée dans la tradition amérindienne depuis 400 ans.

Plus de 12 heures de négociation

Les étudiants ont passé plus de 12 heures à la table des négociations
Les étudiants ont passé plus de 12 heures à la table des négociations
La grande différence avec un concours de plaidoirie? « Au lieu de tenter de faire gagner son parti avec une plaidoirie de 20 minutes, il faut trouver un terrain d’entente, où tous les acteurs concernés se retrouvent. C’est une approche fréquemment utilisée entre le gouvernement et les divers groupes autochtones », note Éloïse Ouellet-Décoste, étudiante en troisième année à McGill qui a participé au concours avec son collègue Christopher Durrant.

Une expérience aussi passionnante qu’exténuante, admet la future avocate qui a passé plus de 12 heures en négociation avec des étudiants provenant autant du Nouveau-Brunswick, de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et de l’Alberta.

Pourquoi juste McGill?

Ce concours qui va bientôt célébrer ses 20 ans d’existence n’a jamais vu aucune des universités francophones du Québec se joindre à l’aventure.

Pourtant, plusieurs universités autres que McGill offrent des cours sur le droit autochtone, notamment, l’Université du Québec à Montréal, l’Université de Montréal et l’Université Laval.

« Le Québec est une province qui abrite un grand nombre de réserves et je crois que les étudiants des universités francophones ont tout à gagner de se plier à l’exercice de la négociation, une expérience aussi pratique et concrète que la plaidoirie », conclut Me Cree.
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