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Moins de fardeau réglementaire, plaide l’avocat des entreprises

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Dominique Tardif

2017-06-28 14:20:00

Cette semaine, Me Dominique Tardif de ZSA s’entretient avec Me Jean Mayer, vice-président, Affaires Juridiques et Secrétaire Corporatif de 5N Plus Inc., leader mondial de la production de métaux spéciaux et de produits chimiques...

1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier ou une autre profession?

Me Jean Mayer
Me Jean Mayer
Un concours de circonstances, plutôt qu’une tradition familiale, m’a fait choisir le droit. J’étais intéressé par le journalisme, la politique et les communications.

Pendant mon baccalauréat en sciences politiques, je fréquentais des gens de la Faculté de droit. Ils semblaient tous passionnés par leur programme, aimaient se rendre à leurs cours et, eux-mêmes, étaient des individus très intéressants. Me fiant à cette impression positive que j’avais de l’ambiance et des gens, j’ai décidé d’essayer. Le fait que j’aie été en même temps un peu désabusé de mes cours de sciences politiques, qui m’intéressaient mais demeuraient très philosophiques et beaucoup moins concrets que ce qui m’apparaissait être le cas en droit, a certainement aussi contribué à ma décision de devenir avocat.

...et bien des années plus tard, je n’ai toujours aucun regret!


2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?

Mon plus grand défi en carrière, je l’ai vécu à chacun de mes changements de poste en entreprise. J’ai, en effet, surtout travaillé pour des compagnies publiques au cours de ma carrière et toujours été le premier avocat interne embauché par la compagnie.

Chaque fois, il s’agissait donc de créer un département juridique à partir de zéro. Faire reconnaître son unité d’affaires comme un département sachant créer de la valeur et de la richesse plutôt que comme un centre de coûts, c’est parfois tout un défi!

Souvent, la création d’un premier poste d’avocat interne vient d’une nécessité : un peu par obligation, suite à un financement ou à une importante transaction complexe par exemple, on en conclut qu’on a besoin d’avoir un avocat à bord. L’idée préconçue qu’il faut alors s’employer à éliminer une fois en poste est celle selon laquelle nous sommes « une dépense ». C’est à l’avocat de faire ses preuves et à démontrer qu’il amène des connaissances, une plus-value au niveau stratégique et un nouvel angle de pensée au comité de direction.

À la fin de l’année financière, on est ainsi non seulement en mesure de démontrer que les coûts externes juridiques sont mieux gérés, mais aussi qu’on a obtenu des résultats favorables qui ont souvent non seulement contribué à éviter une dépense, mais à créer de la richesse pour la compagnie et ses actionnaires, comme c’est notamment le cas lorsque le résultat du règlement d’un litige ou d’une acquisition bien exécutée fait augmenter le prix de l’action.


3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?

Évidemment, la première chose qui vient à l’esprit de bien des gens est de diminuer les frais légaux et les taux horaires, qui sont très élevés.

Outre cela, je réduirais, si j’avais une baguette magique, le fardeau réglementaire des compagnies publiques de façon à ce que la haute direction puisse passer davantage de temps à faire croître et progresser l’entreprise plutôt qu’à travailler sur les états financiers et à coordonner les échanges avec les analystes chaque trois mois.

Il serait bénéfique - surtout pour les plus petites organisations cotées en Bourse, comme elles ont souvent moins de ressources que les entreprises à capitalisation boursière élevée - que les obligations ne doivent être rencontrées que deux fois l’an, comme c’est le cas en Europe, plutôt que quatre, ou que certains documents de conformité soient combinés ensemble plutôt que de devoir retrouver la même information, présentée différemment, dans des documents distincts.


4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?

Vous me direz peut-être que je suis naïf, mais je crois que la perception s’améliore. Oui, les mêmes blagues et préjugés qu’il y a 25 ans existent. Cela dit, je pense que les gens comprennent de plus en plus la complexité du monde dans lequel on vit et que cela a un impact positif sur les perceptions. En effet, à un moment ou l’autre de leur vie, les gens ont aujourd’hui à travailler avec un avocat et en comprennent donc mieux l’utilité.

L’information, avec l’internet, permet aux gens d’être au courant de bien des choses, qu’il s’agisse de procès, de problèmes d’infrastructure requérant l’implication des avocats ou encore de catastrophes naturelles faisant surgir des questions relatives à la couverture d’assurance applicable. Étant mieux informé, on comprend à mon avis mieux qu’avant tous les domaines dans lesquels les juristes sont impliqués.


5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et souhaitant, un jour, être à la barre des affaires juridiques d’une compagnie publique?

Peu importe ce que la personne veuille faire, je crois qu’il est primordial de rester ouvert d’esprit. En effet, on finit souvent, ainsi, par arriver à un endroit que l’on n’avait pas prévu.

La formation est, sinon, la base de tout. Je suis de ceux qui croient que tout juriste a un avantage certain à passer quelques années de sa carrière à travailler au sein d’un cabinet d’avocats reconnu. Cela permet de connaître diverses industries et de se faire former par les meilleurs juristes. Une fois cela fait, « sky is the limit »!

Enfin, je crois que de rester à l’affût de tout ce qui est relatif aux technologies de l’information, qu’il s’agisse d’intelligence artificielle, de la confidentialité des données, de cyber-crime ou du commerce par le biais d’internet sera d’un grand atout dans le futur.

  • Le dernier bon livre qu’il a lu : Flash Boys : A Wall Street Revolt (auteur : Michael Lewis)

  • Le dernier bon film qu’il a vu : Arrival (réalisateur : Denis Villeneuve)

  • Ses groupes fétiches : Coldplay et Frank Sinatra!

  • Sa citation préférée : « Everything Happens For A Reason »

  • Son péché mignon : La bonne bouffe!

  • Son restaurant préféré : Ferreira Café (rue Peel à Montréal)

  • Le pays qu’il aimerait visiter : La Polynésie française (en bonne partie pour ses habitations sur pilotis!)

  • Un personnage pour lequel il a bien du respect, surtout en ce 375e de l’anniversaire de la Ville de Montréal : Jean Drapeau, 37e Maire de la ville de Montréal, pour tout ce qu’il a fait pour cette ville. Il a sans conteste mis Montréal « sur le radar ». La ville ne serait tout simplement ce qu’elle est aujourd’hui sans lui!

  • S’il n’était pas avocat, il serait... entrepreneur!




Me Jean Mayer est vice-président, Affaires Juridiques et Secrétaire Corporatif de 5N Plus Inc., leader mondial de la production de métaux spéciaux et de produits chimiques. Me Mayer s’est joint à l’entreprise il y a cinq ans et y a implanté un service juridique interne en support aux unités d’affaires, à l’équipe de direction et au conseil d’administration de la société tout en coordonnant les divers dossiers légaux externes de la société couvrant une vingtaine de pays répartis sur trois continents soit l’Asie, l’Europe et les Amériques. Il gère tous les aspects légaux, réglementaires et de conformité des divers dossiers de la société touchant notamment aux réorganisations, au financement, à la propriété intellectuelle, aux acquisitions et aux litiges d’importance. Me Mayer veille également à la régie d’entreprise et aux relations avec les investisseurs. Depuis 1998, il a accumulé une quinzaine d’années d’expérience de travail en entreprise, principalement dans les secteurs des ressources naturelles et des technologies, en plus d’avoir fait un passage de quelques années en pratique privée au sein d’un cabinet d’envergure à Montréal.
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1 commentaire

  1. DSG
    je réduirais le fardeau réglementaire des compagnies
    I was thinking the same thing the other day. After the Enron fiasco, the Lehman collapse and the almost complete meltdown of the financial system in 2008, the proper course of action would have been massive deregulation, less oversight and much less accountability for the executives. These regulations are just killing the business.

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