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L’incroyable ascension d’une associée

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Céline Gobert

2018-12-13 14:45:00

Cette fiscaliste réfléchit sans cesse à des solutions pour ses clients. Dans son auto. Dans sa douche. La nuit, en dormant.

Lorie Palmer,  associée en fiscalité au cabinet comptable PSB Boisjoli.
Lorie Palmer, associée en fiscalité au cabinet comptable PSB Boisjoli.
Le cerveau de Lorie Palmer ne s’arrête jamais de tourner.

Où qu’elle soit, l’associée en fiscalité du cabinet comptable PSB Boisjoli cherche des solutions aux problématiques en taxes de ses clients. Dans son auto. Dans sa douche. Et même la nuit en dormant, dit-elle.

« Je suis toujours en train de travailler, mon esprit est constamment occupé », déclare-t-elle à Droit-inc en cette froide journée de décembre. Le jour où on la rencontre dans un café montréalais, elle est encore la seule femme associée chez PSB Boisjoli. Elle n’a par ailleurs jamais connu d’autres employeurs.

Et si cette nomination, annoncée en 2017, est venue couronner un travail réalisé avec beaucoup de passion et de coeur, comme elle le dit, elle n’en est pas pour autant une finalité.

« Je ne veux pas m’arrêter, je veux juste toujours me bonifier, personnellement et professionnellement », affirme la quarantenaire qui ne s’est jamais « définie comme une businesswoman ».

Au bon endroit, au bon moment

Tout a commencé, un peu par hasard, en novembre 1999. La jeune fille de 21 ans qu’elle est, et qui s’est lancée en comptabilité sans idée précise de ce qu’elle voulait dans la vie, ne le sait pas encore, mais elle s’apprête à rencontrer la personne qui va changer sa vie : Andrée Guy.

Sa mentor. Sa grande amie, à la retraite depuis un an.

« À l’époque, c’était elle la seule associée femme du cabinet, raconte Mme Palmer. Elle se spécialisait en ordres professionnels et dans le secteur des services financiers. Je m’en souviens comme si c’était hier, elle a cru en moi, je ne sais pas ce qu’elle a vu durant cette entrevue mais elle m’a embauchée comme stagiaire d’été. »

C’est le début d’une longue aventure puisqu’elle restera 10 ans à ses côtés, en tant que directrice de comptes, à s’occuper entre autres des mandats de contrôle interne, des rapports d’experts, et des litiges.

« Elle m’a tout appris. Je ne suis plus la même personne d’un point de vue personnel, elle m’a changée, elle m’a fait découvrir qui je suis, ce que je suis capable de faire, et elle m’a appris à avoir confiance dans le fait que je puisse accomplir des choses. »

Pourtant, à ce moment-là, Mme Palmer ne s’imaginait nullement dans les souliers d’associée.

« Ce n’était pas dans mes objectifs. Je n’avais pas une idée toute tracée de mon parcours et, avec du recul, je pense que c’est ça qui m’a permis de rester ouverte face aux opportunités professionnelles qui se sont présentées à moi. C’est ça qui m’a menée où je suis.»

La découverte d’une passion

Il y a huit ans, la fiscaliste commence à sentir qu’elle a fait le tour du jardin. Elle qui aime tant apprendre. Ou plutôt, c’est Mme Guy qui en a l’instinct.

« Elle a commencé à sentir que j’avais besoin de faire quelque chose de nouveau, explique Mme Palmer. Je suis une éponge, j’absorbe les connaissances rapidement, et j’aime cela. Mais là, je sentais que je n’apprenais plus.»

Alors, quand les associés directeurs lui proposent de lancer, seule, le département en taxes à la consommation et taxes indirectes (TPS, TVQ, taxes sur le carburant, l’hébergement, etc.) il est évident pour elle qu’elle doit accepter le défi.

« Je ne réalisais pas sur le moment à quel point c’était gros comme aventure. Mais j’ai donné tout ce que j’avais! Finalement, j’ai évolué en même temps que le cabinet a grossi. Comme un alignement des astres », dit-elle le sourire aux lèvres.

Elle a alors 32 ans, et elle doit partir un département de zéro. Un sacré défi.

« Ça s’est créé tranquillement, graduellement, en trois ans peut-être au total. Je ne voulais pas non plus abandonner Andrée d’un seul coup, j’avais la gestion de l’ensemble de son portefeuille de clients. »

Petit à petit, Mme Palmer commence à faire moins d’audit, règle la passation de ses dossiers plus complexes. Il y a même un dossier qu’elle a légué en trois ans tellement il était complexe!

En 2015, elle embauche une première personne. Aujourd’hui, elle cherche une directrice senior pour venir compléter le trio.

Chez PSB Boisjoli, chaque associé a sa clientèle, mais dès qu’un client a des besoins en taxes, c’est sur son bureau que le dossier atterrit. Et la clientèle du cabinet est extrêmement diversifiée : vente au détail, distributeurs, immobilier, services financiers.

« Chacun de ces domaines a des implications en taxes très différentes. Je dois toucher à tout, et me tenir au courant de tous les changements, que ce soit des propositions législatives, des décisions des tribunaux, des lettres des autorités fiscales.
C’est un travail de veille constant. »

Un domaine très complexe

Il faut dire que la loi sur la taxe est une loi relativement jeune contrairement à l’impôt, elle date de 1991-1992. Mme Palmer navigue donc souvent dans des zones grises, car il y a moins de documentation disponible qu’en impôt.

Aussi, la taxe est transactionnelle, explique-t-elle. Il y a donc toujours deux parties : un fournisseur, et un acquéreur qui ont des enjeux différents, parfois divergents.

« Il faut s’assurer de respecter la loi. Tout ce qui est nouveau, il faut le défricher. Par exemple l’industrie du bitcoin », dit celle qui donne depuis peu des cours pour l’Ordre des CPA dans le cadre de la formation continue.

Récemment, le gouvernement du Québec a décidé d’obliger les non-résidents à s’inscrire pour payer la taxe TVQ. Cette mesure entrera en vigueur le 1er janvier 2019. Un exemple parmi d’autres de ce qui peut impacter directement ses dossiers.

« On croit que ça ne concerne que les gros, Apple ,Google, Netflix, mais c’est plus large car bon nombre de non résidents font des affaires sur internet. C’est beaucoup d’argent, et le Québec a pris une très bonne initiative selon moi car il a suivi tout ce qu’il se fait ailleurs dans le monde. »

Redonner au prochain

Aujourd’hui, ce qui rend Mme Palmer la plus fière, c’est la confiance que ses associés et ses clients mettent en elle. « C’est ce qui est le plus important pour moi », affirme-t-elle.

Ultimement, devenir associée lui a fait réaliser une chose : redonner à la société est essentiel.

Depuis peu, elle s’implique donc comme bénévole à titre de membre du CA de la société canadienne de la sclérose en plaques, une cause qui la touche personnellement.

« Je me suis longtemps demandé pourquoi Andrée s’imposait tant de choses, je me disais que ce serait facile pour elle de juste s’asseoir sur ses lauriers, mais je la comprends maintenant : il faut se lancer des défis, vouloir continuer à apprendre, à faire plus, à s’améliorer.»

La seule façon d’avancer dans la vie, conclut-elle.
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