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Une juge trop proche des prêtres?

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Diane Poupeau

2019-04-03 10:15:00

Un audit a été confié par cinq diocèses à une ex-juge pourtant très impliquée dans l'Église catholique…

L'ex juge Anne-Marie Trahan et Carlo Tarini, directeur du Comité des victimes de prêtres.
L'ex juge Anne-Marie Trahan et Carlo Tarini, directeur du Comité des victimes de prêtres.
Cinq diocèses du Québec, dont celui de Montréal, ont confié à l'ex juge Anne-Marie Trahan un audit de leurs archives pour examiner des allégations d'abus sexuels commis sur des enfants par des membres du clergé depuis les années 1950.

Ancienne juge à la Cour supérieure du Québec, Anne-Marie Trahan est aussi une catholique convaincue. Elle est d'ailleurs chancelière de l’Ordre de Malte, un ordre religieux et laïc de l’Eglise Catholique qui se livre à des activités humanitaires et d’assistance sanitaire.

Selon Carlo Tarini, directeur du Comité des victimes de prêtres, cette proximité entre l'ex-juge et l'Église pose question. « Avec tout le respect que je dois à la magistrature, ce choix est particulièrement douteux », a-t-il expliqué à Droit-Inc.

« Ça pose une question en termes d'impartialité. S'il n'y pas de conflit d'intérêt pourquoi l'archevêché n'a pas rendu public son implication dans cette association religieuse ? » se demande-t-il.

Un mandat trop restrictif

Outre ce problème de partialité, Carlo Tarini s'interroge sur le principe même de la mission d'Anne-Marie Trahan.

« Le mandat donné à la juge Trahan n'a jamais été dévoilé. Le communiqué de presse, parle d'un audit, même pas d'une enquête, qui ne sera donc pas indépendant. Ce ne sont pas aux évêques de choisir les personnes qui vont enquêter sur leurs agissements! »

Selon une lettre ouverte de Mgr Christian Lépine, l'ex-juge se livrera à « un audit externe de ses archives ». Dans le cadre de cette mission, « tous les moyens nécessaires lui seront fournis afin de procéder à une enquête approfondie, notamment les services de spécialistes de son choix ». Elle disposera également d'un accès complet à l’ensemble des dossiers visés,

Pour Carlo Tarini, cet audit ne va pourtant pas assez loin. « Ce qui est annoncé, c'est une enquête dans les diocèses qui ne couvrira pas les communautés religieuses. Or, la grande majorité des agressions ont eu lieu dans des séminaires où les enfants étaient pensionnaires », a-t-il réagi.

Selon lui, c'est à la police qu'il revient d'enquêter sur ces faits, mais celle-ci « n'est pas invitée à collaborer ». En fin de compte, Carlo Tarini dénonce « une grande opération de relations publiques pour donner l'impression qu'ils agissent alors qu'ils n'agissent aucunement ».

Contacté par Droit-Inc, l'archevêché n'a pas souhaité réagir.

L'audit débutera en septembre prochain pour une durée prévue « de 18 à 24 mois ». Le rapport, qui sera rendu public, devrait rassembler des statistiques sur les allégations d’abus sexuel de mineurs de l’ensemble du personnel clérical et laïc des cinq diocèses.

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5 commentaires

  1. CFF
    What is this even about?
    Ils sont en train de faire des démarches volontaires par mesure de transparence afin d'enquêter sur les allégations publiées.

    Si vous voulez un procès civil ou criminel avec un juge impartial, ou encore une enquête criminelle, allez simplement déposer votre demande ou rédiger votre plainte à la police.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 4 ans
      Another blowhard...
      In a rush to give his point of view, he rushes to judgment and to post his comment. Congrats, you have the 1st comment. Too bad your questions are actually answered in the text:

      "Selon lui, c'est à la police qu'il revient d'enquêter sur ces faits, mais celle-ci « n'est pas invitée à collaborer ». En fin de compte, Carlo Tarini dénonce « une grande opération de relations publiques pour donner l'impression qu'ils agissent alors qu'ils n'agissent aucunement ».

  2. Me Stéphane Lacoste
    Me Stéphane Lacoste
    il y a 4 ans
    Un peu de rigueur Silvana vous plait
    Que monsieur Tarini confonde des choses c'est normal, mais qu'une publication spécialisée comme Droit inc. ne nuance rien, est décevant. Droit inc. doit faire plus que de simplement demander à l'archevêché de commenter. Il lui revient de nuancer les choses, de commenter de façon professionnelle. Il y a bien 1 ou 2 avocats qui seraient prêts à aider j'en suis certain.

    Me Trahan (avocate à la retraite) n'est plus juge, ses actions ne concernent aucunement la magistrature.

    Les membres de l'Église catholique sont certes en droit de se questionner sur les actions de son clergé et de la décision de tenir ou non une enquête ou audit et quant au choix de la personne pour le faire et l'étendue de son mandat. Ça ne concerne pas la magistrature, ni même la police. C'est une affaire interne.

    Me Trahan est-elle suffisamment neutre? A-t-elle à l'être? En vertu de quelle norme et qui en jugera? Elle ne peut clairement pas se substituer à la police ou aux tribunaux. Je comprends sa mission comme étant plus de la nature d'un examen de conscience de l'Église.

    Quant au victimes d'actes criminels qui auraient été commis par des prêtres, ils doivent s'adresser à la police et/ou aux tribunaux et je leur souhaite d'obtenir réparation et la paix d'esprit dont ces crimes les ont privés injustement.

  3. Stéphane T
    Stéphane T
    il y a 4 ans
    Mascarade
    Si l’archevêché veut faire la lumière en interne, grand bien lui en fasse.

    Ce n’es toutefois rien pour rassurer les victimes ou le public. Le mandat n’étant pas clairement communiqué non plus qu’une promesse de rendre les résultats entièrement publics, cet exercice est futile pour.

    Par ailleurs, un membre du clergé n’est aucunement crédible pour critiquer l’Église, l’adjonction du titre d’ex-juge n’est que poudre aux yeux. N’étant justement plus jugé et exerçant hors du circuit de la justice, ce titre d’ex-magistrate est presque trompeur lorsque joint aux côtés d’une enquête.

    Quelle farce de mauvais goût !!

  4. Anonyme
    Anonyme
    il y a 4 ans
    Relations publiques
    Il est ironique que Carlo Tarini parle d'une grand opération de relations publiques. Il dirige lui-même une firme de relations publiques et a été associé aux campagnes relatives aux jumelles Dionne et aux orphelins de Duplessis.

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