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C'est quoi être un bon avocat?

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éric Martel

2019-04-12 14:40:00

Droit-Inc a lancé un coup de sonde dans la communauté juridique afin de trouver la réponse à cette question existentielle!

Me Céline Vallières.
Me Céline Vallières.
« Connais-tu un bon avocat? »

Cette question, on l'a tous déjà entendue. Bien sûr, chaque spécialisation exige des habiletés particulières, mais globalement, qu’est-ce qui définit un bon avocat?

1- Il gère ses émotions

Vous le savez sans doute, mais les domaines tels que le droit de la famille ou le droit criminel demandent une grande empathie.

Ce sont souvent lorsqu’ils traversent des moments difficiles, ou même en période de détresse que les clients appellent les avocats qui pratiquent dans ces spécialisations.

« Le client a besoin d’un accueil, d’une réception particulière, mais d’un autre côté, l’avocat ne peut pas prendre la place d’un travailleur social ou d’un psychiatre. Il doit faire de l’écoute et de l’empathie. Ce n’est pas facile! Lorsqu’on est toujours en situation de conflits, on devient épuisé », résume Me Céline Vallières, conférencière dans le monde du droit.

Cette gestion des émotions n’est pas qu’importante pour exceller au quotidien dans ces types de droit. Peu importe sa spécialisation, l’avocat tirera toujours profit d’une attitude calme et d’une bonne écoute.

« Peu importe qui est la partie adverse, au bénéfice de son client, il faut toujours être collégial. Ça ne donne rien de se fâcher et de crier face à l’avocat adverse. L’essentiel, c’est de tempérer ses émotions », estime Me Érika Marier, associée en droit criminel chez Cliche avocats, à Val-D’Or, en Abitibi-Témiscamingue.

2- Il réfléchit avant de parler

Me Howard Stupp.
Me Howard Stupp.
Que vous soyez conseiller juridique, expert de la négociation, plaideur ou médiateur, n’oubliez jamais de faire preuve de diplomatie dans vos interventions avec autrui.

« Si tu es casse-pieds, on ne viendra jamais te demander ton avis, lance Me Howard Stupp, conseiller juridique spécial pour le Comité international olympique. Il faut être pragmatique, et s’assurer d’avoir une bonne relation avec tous. »

Cette diplomatie demande une qualité sous-estimée dans le monde du droit : l’humilité.

Me Mathieu Jacques, avocat plaidant au procureur général du Québec, révèle qu’un avocat humble est beaucoup plus difficile à affronter qu’un avocat orgueilleux…

« Si tu es orgueilleux et que tu commets une erreur, tu n’oseras pas changer de direction. Ceux qui n’hésitent pas à se questionner eux-mêmes, à rectifier le tir, gagnent des dossiers. »

3- Il connaît ses forces et ses faiblesses

Me Stéphane Verreau Verge.
Me Stéphane Verreau Verge.
Justement, en faisant preuve d’humilité, vous réaliserez quelque chose de très important au cours de votre carrière : vous ne pourrez jamais être parfait en tout.

Même si certains avocats généralistes tirent bien leur épingle du jeu, il serait utopique de croire que vous parviendrez à connaître les subtilités de tous les types de droit comme le fond de votre poche.

« Il y a tellement de lois! Un avocat ne peut se dire connaisseur en tout. En ayant de bons réflexes dans son domaine, on est plus en mesure de donner l’heure juste à ses clients », estime Me Youssef Hariri de Harilex, spécialisé en droit de l’immigration.

Lorsque vous connaîtrez bien vos failles et vos habiletés principales, vous serez alors en mesure d’offrir des services à un prix qui siéra à la qualité de votre travail.

C’est ce qu’explique Me Stéphane Verreau Verge, spécialiste en droit immobilier, dans un article sur le site de Verreau Dufresne, son cabinet.

« Si tu es spécialisé en hydrologie, tu peux charger 600 dollars à un client dans ton domaine, mais si tu fais un dossier de vice caché, tu devras changer ton tarif, car tu n’apporteras aucune plus-value à ton client. »

4- Il sort des sentiers battus

Me Rose-Mélanie Drivod.
Me Rose-Mélanie Drivod.
L’avocat ajoute que ceux qui excellent sont innovateurs plutôt que conservateurs. Au-delà de l’utilisation de nouvelles technologies, il doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir afin que leurs clients comprennent les enjeux juridiques.

« Ils paient pour cela! Aujourd’hui, on ne peut plus se permettre de diffuser des documents juridiques tellement techniques que nos clients ne les comprennent pas. C’est fini le temps où le droit était réservé à l’élite, il faut maintenant le diffuser », résume l'avocat.

Le fondateur du cabinet Verreau Dufresne ajoute que ce sens de l’innovation est tout aussi important lorsqu’un avocat travaille sur un dossier pour lequel aucune jurisprudence du Code civil n’existe.

Il s’agit d’une réalité que retrouve également en droit criminel Me Rose-Mélanie Drivod, avocate en solo.

« Un esprit créatif permet de trouver des solutions qui sortent des sentiers battus, à l’extérieur de ce qui est conventionnel. »

5- Il ne perd jamais son objectivité

Me Alan Ovadia.
Me Alan Ovadia.
Au-delà de faire briller votre créativité, n’oubliez jamais de conserver votre esprit critique. Pour être un bon avocat, ne limitez pas vos analyses aux faits démontrés par les clients, conseille Me Alan Ovadia en propriété intellectuelle chez Goldwater Dubé.

« Il faut voir tous les aspects de nos dossiers, en venir à nos propres conclusions tirées d’une bonne analyse. C’est à l’avocat de déterminer ce qui est le mieux pour le client et ce qu’il peut faire pour l’aider », souligne-t-il.

Dans votre quête d’objectivité, un écueil se retrouvera fréquemment devant vous : les attentes de vos clients.

Celles-ci ne devraient jamais altérer votre jugement. N’oubliez pas qu’en fin de compte, votre travail est d’assurer leurs intérêts personnels.

« Des fois, les clients veulent que ça se règle vite, même si c’est mieux que les dossiers prennent plus de temps. C’est leur vie qui est en jeu. Nous, on doit leur donner les meilleurs conseils, même si la décision finale leur revient », analyse Me Raphaëlle Desvignes, avocate en droit criminel chez Desmarais Desvignes Crespo.

6- Il pense aux conséquences de sa pratique

Me Normand Tamaro. Photo : Panneton-Valcourt
Me Normand Tamaro. Photo : Panneton-Valcourt
Mais au-delà de son intérêt personnel, ou même de celui de son client, Me Normand Tamaro croit que l’avocat doit se soucier de quelque chose de beaucoup plus grand : « la justice avec un grand J ».

Il explique que certains avocats pratiquent pour la facturation, tandis que d’autres le font pour le bien-être de leur profession.

« Un bon avocat monte sa preuve pour bien la présenter. Il ne cherche pas à monter un scénario de télévision! Un avocat qui travaille pour la facturation peut faire gagner son client, mais ne rendra pas service à la société. »

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