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L’associé derrière l'arbitrage salarial de la LNH

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éric Martel

2019-07-23 15:00:00

Un cabinet québécois travaille sur plus de la moitié des dossiers en arbitrage salarial de la LNH. De qui s’agit-il ?

André Lepage, associé chez BCF.
André Lepage, associé chez BCF.
C’est peut-être la saison morte dans la Ligue nationale de hockey (LNH), mais en coulisses, les équipes continuent de travailler.

Du 20 juillet au 4 août se tiennent les séances d’arbitrage de la LNH, à Toronto. Le processus permet aux équipes et aux joueurs en négociations salariales de faire appel à un arbitre, afin d’en venir à une entente.

Figurez-vous que c’est un cabinet québécois, BCF, qui est sollicité par plus de la moitié des équipes de la LNH. En fait, parmi les 40 dossiers soumis à l’arbitrage, 23 sont pilotés par BCF.

« On prépare des mémoires, d’une limite de 40 pages, avec lesquels on peut produire des pièces et du visuel, qu’on doit remettre à la cour 48 heures avant la séance d’arbitrage », explique l’associé André Lepage.

Parmi ces clients, Me Lepage compte les Canadiens de Montréal, qui avaient trois joueurs s'étant prévalus de l’arbitrage: Joel Armia, Artturi Lehkonen et Charles Hudon. Tous les trois se sont entendus avec l’équipe, avant leur séance d’arbitrage prévue.

Ce n’est toutefois pas le cas d’Andrew Copp, attaquant des Jets de Winnipeg. Me Lepage a représenté l’équipe manitobaine devant l’arbitre, dimanche dernier.

Copp fait partie d’une catégorie de joueurs, qu’on appelle les agents libres avec restrictions, qui peuvent se prévaloir de l’arbitrage salarial. Ces joueurs, qui ne sont plus considérés comme des recrues, sont généralement âgés de 22 à 26 ans.

Lorsque l’équipe et le joueur ne s’entendent pas avant l’arbitrage, leurs avocats présentent leur position devant un arbitre, lors d’une période de temps allouée. Ensuite, la partie adverse peut exposer sa position concernant les demandes de l’adversaire.

L’arbitre tranche, et détermine le salaire du joueur en question 48 heures plus tard. Dans ce contexte, les contrats octroyés sont toujours d’une période d’une ou deux années.

Andrew Copp, attaquant des Jets de Winnipeg
Andrew Copp, attaquant des Jets de Winnipeg
En coulisses

Mais avant d’en arriver là, le processus est fastidieux. Les avocats travaillent en étroite collaboration avec les équipes, afin d’analyser diverses données, et de créer une preuve solide.

Dans le cas d’Andrew Copp, un joueur considéré comme un employé de soutien, plus de 200 preuves visuelles ont été produites.

« Il y a des équipes qui viennent nous voir à Québec dans les semaines qui précèdent l’arbitrage, pour préparer les dossiers. Moi, je commence à travailler là-dessus dès le mois d’avril », explique Me Lepage.

Nul besoin de mentionner que pour travailler sur ce type de dossiers, les avocats doivent posséder d’excellentes connaissances en hockey et de la LNH.

« Il y a plusieurs jeunes qui rêvent de travailler sur ces dossiers au bureau. Je leur demande toujours `` connais-tu bien le hockey? Es-tu parfaitement bilingue? `` Si ce n’est pas le cas, tu ne peux pas travailler sur ce type de dossiers », raconte le juriste spécialisé en droit du travail.

Et puis, les avocats doivent être prêts mentalement, car même s’ils travaillent d’arrache-pied sur ces dossiers, ceux-ci se règlent généralement avant les séances d’arbitrage.

Il faut donc se préparer pendant des semaines à plaider… pour finalement jamais le faire.

« Le plus frustrant, c’est que ce sont les dossiers qui sont les plus favorables aux joueurs qui se rendent devant l’arbitre. Les joueurs qui n’ont pas de bons dossiers ne demandent pas l’arbitrage », analyse Me Lepage.

Le défenseur P.K. Subban.
Le défenseur P.K. Subban.
Par ailleurs, l’avocat déboulonne un mythe, selon lequel les séances d’arbitrage endommagent la relation qu’entretiennent les équipes et les joueurs. Les joueurs sont présents lors des séances, et entendent leur équipe donner des arguments en leur défaveur.

Le dossier d’arbitrage de P.K. Subban, sur lequel avait travaillé Me Lepage, avait notamment fait beaucoup jaser. Le défenseur avait été échangé deux ans après sa séance d’arbitrage, ce qui avait éveillé les soupçons des médias quant au processus.

« Contrairement à ce qui est véhiculé, on fait très attention, assure Me Lepage. Les équipes veulent que l’on surveille ce que l’on dit, pour que leurs relations avec les joueurs demeurent bonnes. »

Un mentor d’exception

Alors, comment se fait-il qu’un cabinet québécois soit sollicité pour des dossiers d’arbitrage par la plupart des équipes de la LNH, située au États-Unis?

Tout le mérite revient à l’honorable Daniel Dumais, aujourd’hui juge à la cour supérieur, s’il n’en tient qu’à Me Lepage.

« Daniel m’a montré ce que je fais aujourd’hui. Il était très proche des autres directeurs généraux, et m’a aidé à me lier de respect avec eux. »

Me Julien BriseBois, directeur général du Lightning de Tampa Bay
Me Julien BriseBois, directeur général du Lightning de Tampa Bay
Lorsqu’il était avocat, Daniel Dumais avait un autre avocat sous son aile: Me Julien BriseBois, aujourd’hui directeur général du Lightning de Tampa Bay.

Tout comme son ancien collègue, Me Lepage serait-il intéressé à rejoindre l’état-major d’une équipe de la LNH?

« Ça m’a déjà passé par la tête, mais j’aime beaucoup ce que je fais ici, en tant qu’avocat en droit du travail. Le hockey est de 15 à 20% de ma pratique, qui me permet de toucher à ma passion, mais que j’adore comme est l’est », confie le natif de la Gaspésie.

Mais si un jour, une équipe s’installait dans sa cour arrière, à Québec, sa réponse pourrait-elle être différente?

« Je ne sais pas, c’est une bonne question, répond-il, visiblement surpris. Il faudrait que je regarde la situation, il y a plusieurs choses à considérer. »
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