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Mon avocat à la minute

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Natacha Mignon

2010-02-18 14:15:00

Grâce à un site Internet français, il est maintenant possible de parler à un avocat et de le payer comme son cellulaire…à la minute ! Bientôt au Québec ?

Coup de téléphone chez moi.

- « Bonjour, le conseiller Wengo, Me Denervaud, va prendre l’appel », me dit une voix enregistrée robotisée.

L’avocate répond immédiatement ensuite. J’avais précédemment à l’appel suivi tout un processus pour me faire rappeler par un expert du réseau Wengo.

Je teste ma cible sur une question juridique simple, mais qui pourrait donner lieu à des circonvolutions. Sa réponse est précise et concrète.

« On me reproche parfois d’être trop rapide dans mes réponses, mais je vais droit au but, je ne veux pas en faire des tonnes, pour gagner plus d’argent », dit-elle.

3,50 € / minute

Me Denervaud, comme les autres experts du réseau, est en effet payée à la minute par les clients qui la contactent via le site Internet. Il leur en coûte 3,50 € de l’unité, dont 1 € sera reversé à titre de commission à la société Wengo, qui agit comme courtier et qui opère la communication.

Cette avocate parisienne a rejoint le réseau en 2009.

« Quand ce projet m’a été proposé, j’étais réticente. Cela me gênait d’être vendue à la minute sur internet et je voulais m’assurer que cette activité était conforme à mes règles déontologiques professionnelles, notamment en termes de publicité. »


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Laure Denervaud, cyberavocate, à Paris.


Cela a été également la préoccupation des fondateurs du site.

En France, seuls les avocats et les docteurs en droit sont habilités à donner du conseil juridique. Les responsables de Wengo vérifient donc l’inscription au barreau et le titre des conseillers avocats, avant de les intégrer au réseau. Ensuite, ce sont les avocats qui fixent leurs honoraires et ils reçoivent leurs honoraires directement du client.

L’avocat, le courtier et le client

Wengo n’a pas pour autant disparu du processus de paiement. Une plateforme technique émet à la suite de l’appel entre l’expert et l’internaute une facture au nom du conseiller directement.

La société reçoit également les fonds payés par le client, sur un compte en fidéicommis, sur lequel sera prélevée sa commission. « Nous détenons un mandat d’encaissement pour compte de tiers », dit David Bitton, directeur général de la société.

La transaction se solde par un envoi de courriel par Wengo proposant de noter l’expert. « Les avocats se prêtent facilement au jeu, d’autant qu’ils ont un droit de réponse, dit M. Bitton. L’enjeu de cette appréciation ce n’est pas de noter l’expert mais de rétablir de la chaleur. Cela fonctionne car les appels décollent quand un expert à de nombreux commentaires rattachés à sa fiche. »

Les questions types

Rassurée sur le cadre légal du service, Me Denervaud s’est finalement lancée dans l’aventure. Aujourd’hui, Wengo lui transmet de 2 à 8 appels par jour, ce qui représente 10 à 20 % de son chiffre d’affaires.

« Ce n’est pas trop contraignant, les questions sont souvent simples et les appels sont renvoyés par le système sur mon cellulaire. Les gens appellent de partout en France. Cela m’assure une diversité de demandes et de clientèle, dit l’avocate. J’exerce à Paris, alors j’aime bien répondre à une personne du sud de la France avec une jolie pointe d’accent, cela rend ma pratique sympathique. »

Les clients ne sont pas limités dans leur question, mais l’avocate constate que les gens la contactent via Wengo pour des questions peu complexes et souvent quand ils sont dans une situation d’urgence. Il peut arriver que des questions nécessitent plus de recherches. Dans ce cas, l’avocate procède par la plateforme écrite du réseau qui permet à l’avocate d’échanger des courriels avec les clients, sans coût pour eux.

Il est rare que l’avocate garde les clients postérieurement à l’appel.

« Cela peut arriver s’il y a une vraie demande de leur part. Dans ce cas, je les reçois à mon cabinet pour une première rencontre que je ne facture pas et on discute des conditions nouvelles de mon intervention. »

L’avocat, le tarologue et le professeur

« Quand on a lancé l’activité avocat, on a voulu mettre ce service à la portée de tous », dit David Bitton.

Voilà pourquoi, le conseiller Wengo avocat se retrouve aux cotés d’autres professionnels, chacun dans sa rubrique quand même.

« On veut devenir le lieu où on peut trouver un conseil de tout type », dit-il.

Et si demain un avocat québécois appelait pour devenir membre du réseau ? David Bitton ne ferme pas la porte. « Pour un avocat étranger, ce serait possible également mais après s’être assuré des conditions d’exercice de sa profession et de la réglementation applicable. »

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