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Une semaine complète d’audience annulée

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Radio -canada

2022-07-18 12:00:00

Des centaines de causes doivent être reportées dans ce district, faisant craindre de nombreuses requêtes Jordan.

Mes Yves Ménard et Daphnée Creighton. Source: Site web de Yves Ménard Avocats Inc.
Mes Yves Ménard et Daphnée Creighton. Source: Site web de Yves Ménard Avocats Inc.
Une pénurie de juges à la Cour du Québec met en péril des centaines de dossiers qui devaient être entendus cet été au Nunavik et en Abitibi, selon des informations obtenues par Radio-Canada.

Ainsi, une semaine de cour vient d'être annulée au palais de justice de Kuujjuaq, au Nunavik.

La semaine d'audiences qui devait commencer ce lundi à Kuujjuaq, au Nunavik, a été annulée à cause du manque de magistrats disponibles dans le nord du Québec.

Une semaine d'audiences en Abitibi le mois prochain risque aussi d’être annulée, encore une fois en raison de l’absence de juges disponibles.

Il y a 13 postes de juges en Abitibi, mais un poste n’est pas pourvu et deux juges sont actuellement en arrêt de travail. Des juges suppléants viennent régulièrement en renfort, mais aucun d’entre eux n’était disponible pour siéger à Kuujjuaq à partir du 18 juillet, une situation qui risque de se répéter en Abitibi cet été.

Une avocate de la défense, Daphnée Creighton, déplore l’impact de l’annulation de la semaine d'audiences sur ses clients à Kuujjuaq et à Kangiqsualujjuaq.

« J’ai une cliente qui est supposée accoucher à la fin août et elle, ce qu’elle voulait, c’est que son dossier soit terminé avant la naissance de son enfant », raconte l’avocate. Je dois lui annoncer que finalement (à cause d’un) manque de ressources, on ne se déplace pas, donc on va s’attendre à ce que tu viennes au tribunal au mois de septembre, alors que tu viens de donner naissance. »

Les reports affectent aussi les victimes et les témoins qui s’étaient préparés à comparaître et devront attendre une période indéterminée avant que leur dossier ne soit terminé.

De nombreux reports

Plus de 300 dossiers étaient inscrits au rôle pour la semaine de cour du 18 juillet à Kuujjuaq.

Selon des sources au sein du milieu judiciaire, certains de ces dossiers risquent d’être reportés de près d’un an. À ce rythme, nombre d’entre eux risquent de tomber à l’eau, alors que des avocats de la défense déposent de plus en plus de requêtes de type Jordan.

« La majorité de ces dossiers-là vont faire l’objet d’une requête pour délais déraisonnables », ajoute Daphnée Creighton.

Selon nos informations, les problèmes récents dans le nord du Québec sont liés à un manque de juges permanents et suppléants, et non pas à la réduction du nombre de jours d'audiences à l’horaire des juges de la Cour du Québec.

La Cour du Québec a en effet décidé qu’à partir de cet automne, ses juges bénéficieront d’un jour de délibéré pour chaque jour siégé en cour. À l’heure actuelle, les juges siègent deux jours pour chaque jour de délibéré.

Le ministre de la Justice du Québec, Simon Jolin-Barrette, a annoncé le 7 juillet qu’il demande à la Cour d’appel du Québec d’étudier la validité de cette décision de la Cour du Québec.

Selon le gouvernement du Québec, près de 50 000 dossiers à l’échelle de la province risquent de dépasser les délais fixés par la Cour suprême du Canada.

« Cette décision prise par la direction de la Cour du Québec de façon unilatérale, et sans consultation préalable des différents partenaires du milieu de la justice, inquiète profondément le gouvernement du Québec », a dit le ministre Jolin-Barrette par voie de communiqué.

Les problèmes particuliers du Nunavik

Le cabinet du ministre Jolin-Barrette affirme que l’annulation de la semaine de cour à Kuujjuaq est caractéristique des problèmes du système de justice dans le nord du Québec.

Plus tôt cette année, l’émission ''Enquête'' avait révélé les nombreuses défaillances du système de justice au Nunavik, où près d’un adulte sur six est traduit devant les tribunaux chaque année.

« L’amélioration de l’accès à la justice notamment dans le nord du Québec constitue une priorité pour le gouvernement du Québec. Plusieurs enjeux ont été soulevés en matière d’accès à la justice au cours des dernières années au Nunavik. L’annulation de ce terme de cour démontre une fois de plus l’importance d’agir », selon Élisabeth Gosselin-Bienvenue, porte-parole du ministre de la Justice du Québec.

Le gouvernement a mandaté un procureur qui a une longue feuille de route au Nunavik, Jean-Claude Latraverse, pour recommander des solutions pratiques pour améliorer l’accès à la justice dans la région.

Le rapport est terminé, mais n’a pas encore été rendu public en raison des besoins de révision et de traduction.

« Chaque recommandation et les implications qui en découlent seront analysées avec sérieux afin d’améliorer l’accès à la justice et mieux répondre aux besoins de la population. Les travaux se poursuivent », affirme Élisabeth Gosselin-Bienvenue.

Yves Ménard, qui dirige un cabinet d’avocat actif dans le nord du Québec, ajoute que le manque de personnel au greffe de l’Abitibi cause plusieurs problèmes. Les procès-verbaux sont en retard et les plumitifs ne sont pas à jour, ce qui empêche fréquemment sa firme d’être payée dans des délais normaux par l’Aide juridique.

Il ajoute que de nombreuses difficultés affectent le travail de son équipe au Nunavik, dont l’absence de chambres d’hôtel qui empêchent souvent des accusés ou témoins d’être disponibles pour se rendre devant la cour.
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1 commentaire

  1. David Schulze
    David Schulze
    il y a un an
    Pas nouveau
    Je comprends que tous les acteurs (poursuite, défense, tribunaux) font face à des énormes défis dont certains sont nouveaux (pandémie, départ du personnel) mais les études sur les importants problèmes dans l'administration de la justice au Nunavik remontent à au moins 1993. En milieu autochtone, la crise permanente est tolérée par les gouvernements.

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