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Blague raciste : l’employeur réprimandé

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Emilie Laperrière

2022-07-29 10:15:00

Faire des blagues racistes est une chose, congédier une employée parce qu’elle s’en est offusquée en est une autre… Qui sont les avocats?

Source: Shutterstock
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Congédiée pour avoir dénoncé une blague raciste, une employée noire a gagné sa cause devant le Tribunal des droits de la personne. Son ex-employeur devra passer à la caisse…

Et lui verser 10 000 dollars.

Selon les faits rapportés dans la décision rendue le 20 juillet par le Tribunal des droits de la personne, en 2019, un client de L’Entrepôt de la lunette raconte une blague raciste à propos des Noirs à la directrice, en présence de la seule employée noire de la boutique, ​​Jennifer Guillaume. Comme elle est sur son lieu de travail, celle-ci reste de glace.

Le soir même, la directrice, Sonia Duchesne, répète la même blague raciste lors d’un souper d’équipe. Cette fois, l'employée exprime « sa désapprobation et son malaise », une réaction que sa patronne aurait qualifiée de « trop personnelle ».

L'employée a publié plus tard un commentaire sur sa page Facebook privée, sans toutefois mentionner l'événement en question et sans identifier son employeur. Après avoir vu cette publication, l’employeur l’a congédiée parce qu’il estime que son comportement est inacceptable.

La jeune femme porte plainte à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, qui a enquêté pour ensuite porter la cause devant le Tribunal. Elle était représentée par Me Liz Lacharpagne de Bitzakidis, Célent-Major, Fournier.

Les parties défenderesses étaient de leur côté représentées par Me Stéphanie Grenier.

Un congédiement discriminatoire

Le Tribunal estime dans son jugement qu’il s'agit de discrimination, laquelle est interdite par la Charte.

« Un employeur ne peut exiger d’une employée blessée par un comportement raciste au travail ou à l'occasion du travail, qu'elle agisse comme si elle n'en souffrait pas », souligne la juge Sophie Lapierre.

Le Tribunal condamne donc L'Entrepôt de la lunette et sa directrice à verser des dommages-intérêts de 10 000 $ pour préjudice moral à l'employée, qui a témoigné de façon « sobre, digne et crédible ».

Il ordonne également à l’employeur d’adopter dans les 90 jours du jugement une politique visant à contrer la discrimination en emploi.

« La Commission est satisfaite de ce jugement qui démontre que les propos racistes sont inacceptables et que les employeurs doivent protéger les membres de leur personnel des effets de la discrimination dans le milieu de travail, » a déclaré son président, Philippe-André Tessier.

Il ajoute qu’il est de la responsabilité de l'employeur d'intervenir avec diligence selon les circonstances.
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