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Pousse-toi petit voyou !

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Louis Lapointe

2010-11-30 10:15:00

Claude Larouche, le juge qui administre le procès PKP-Lafrance, fait beaucoup jaser ces jours-ci. L'ex-directeur de l’École du Barreau du Québec a sa petite idée là-dessus...

« Pousse-toi petit voyou ! », des mots prononcés par le Maréchal Pétain en 1942 à l’endroit de l’acteur français Jean Rochefort et rapportés par ce dernier à Vivement dimanche, lors de l’émission consacrée à Édouard Baer.

« Le Voyou », c’est aussi un film dont le rôle-titre était tenu par Jean-Louis Trintignant. Un voyou avec beaucoup de classe qui s’était évadé de prison afin de se venger d’un complice qui l’avait trahi. Un excellent film de Claude Lelouch que j’ai vu dans une salle de cinéma de Rouyn-Noranda en 1970 et dont je me souviens encore du thème musical.

Comme Claude Larouche, le juge qui administre le procès PKP-Lafrance, j’ai passé une partie de ma vie et de mon enfance à Rouyn-Noranda. À cette époque, pour les enfants de cette ville, voyous rimait avec cailloux, ceux qui « garrochaient » des roches. Les vrais délinquants c’étaient les « bums », ceux qui nous intimidaient dans la cour d’école pour nous voler nos canifs, nos ballons ou notre argent de poche.

Les voyous c’était surtout des petits garçons mal élevés qui prononçaient de gros mots et faisaient des mauvais coups pour attirer l’attention de leurs parents qui n’avaient pas le temps de s’occuper d’eux.

J’en ai connu plusieurs, dont un en particulier. Son père était un riche grossiste.

Un soir où nous revenions de la classe, nous étions 5 ou 6, il nous amena dans le bureau de son père et ouvrit le tiroir du bas de son pupitre. Il sortit une liasse de revues, des « Playboy ». Nous en avions tous entendu parler, mais jamais jusqu’à ce jour nous n’en avions vu d’aussi proche.

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  • J’ai plaidé à quelques reprises devant le juge Larouche. Il ne manquait jamais une opportunité de faire savoir aux avocats qui était le patron de la Cour. Dans un récent billet, À contre-courant, je vous ai rapporté cette affaire où j’avais représenté une compagnie minière contre le gouvernement du Québec. Une cause que j’ai plaidée devant le juge Larouche. Même s’il donna droit à ma requête, il ne manqua pas l’occasion de faire connaître à l’auditoire présent ce matin-là - des journalistes, des avocats et des curieux - toutes les incohérences qu’il avait pu relever dans ma procédure, même celles qui n’en étaient pas. J’étais sorti gagnant, mais un peu humilié.

    Une autre fois où je plaidais une cause de divorce, il se déclara insatisfait de la preuve d’adultère que je lui avais soumise et demanda à mon témoin, la conjointe de mon client, quand avait-elle commis l’adultère pour la dernière fois ? Dans un éclat de rire général, elle lui répondit du tac au tac : « ce midi, monsieur le juge ! » Ce fut à son tour d’être embarrassé.

    Dire que le juge Larouche n’a pas beaucoup changé depuis 25 ans est un euphémisme. Est-ce que cela en fait un juge peu qualifié pour entendre ce procès comme semble le proposer Yves Boisvert dans la Presse de ce matin ? Procès PKP-Lafrance : une disgrâce. Il faudrait poser cette question au juge en chef Rolland.

    À cet égard, cette assignation est peut-être un sérieux indice de ce que pensent secrètement les juges au sujet de ce genre de cause. Ce n’est probablement pas un hasard si cette affaire a été refilée au juge Larouche qui persiste et signe en refusant de se récuser. L’homme de la situation ?

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    • Nous connaissons tous de ces personnes qui disent souvent le fond de leur pensée, veulent toujours avoir le dernier mot alors qu’elles souhaitent attirer l’attention, comme ces petits voyous qui, sans malice, lancent des cailloux ou fouillent dans le fond des tiroirs de papa pour y trouver les trésors qui y sont enfouis. Cela ne semble pas les gêner.

      Il y en a plusieurs parmi les avocats. Une profession qui demande parfois du courage quand ce n’est pas du front tout le tour de la tête. Des qualités qui ont permis à Claude Larouche de devenir juge alors que d’autres ont préféré devenir de brillants hommes d’affaires à la tête d’empires financiers.

      Note
      Ce texte a été publié sur vigile.net. Il est reproduit ici avec l'autorisation de l'auteur.

      Sur l'auteur
      Louis Lapointe, chroniqueur et avocat, a été directeur de l’École du Barreau du Québec de 1995 à 2001, cadre universitaire de 1984 à 1995 et membre d’un conseil d’administration d’un établissement du réseau de la santé et des services sociaux de 1998 à 2010.




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