Cinéma

Séance ciné: Au-delà des collines, passion et fanatisme

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Céline Gobert

2013-06-14 17:00:00

Un film roumain de 2h30 dont l’action se déroule dans un austère monastère orthodoxe ? Laissez tomber vos a priori. Le résultat est magnifique.

Avouons-le: sur le papier, ''Au-delà des collines'' n’a rien de vraiment très séduisant.

Le film offre à voir un triangle amoureux d’un genre nouveau
Le film offre à voir un triangle amoureux d’un genre nouveau
C’est sans compter cependant la virtuosité du cinéaste Cristian Mungiu, palmé d’or à Cannes il y a cinq ans avec son ''4 mois, 3 semaines et 2 jours'', intense plongée dans la vie de galère d’une roumaine, forcée à l’avortement clandestin.

On le retrouve cette fois en pleine campagne, entre les murs, la caméra au plus près d’une petite communauté religieuse : un père, une mère, des sœurs, tous dévoués à l’amour de Dieu.

Lorsqu’Alina débarque d’Allemagne pour retrouver Voichitja, son amie d’enfance (voire plus) depuis convertie à la religion, c’est le drame. Tout ce beau monde, à commencer par le spectateur, s’en trouve bouleversé : la jeune femme est soupe au lait, blasphème par son absence de foi, offre un amour inconditionnelle à Voichitja, amour-fou posé intelligemment en parallèle du fanatisme des uns et des autres.

La première voue une parfaite dévotion au Seigneur, la seconde à la première. Un triangle amoureux d’un genre nouveau. Pour autant, le film de Mungiu n’est pas une œuvre sur la religion, ni une peinture du quotidien des croyants (comme a pu l’être le français ''Des Hommes et des Dieux'' de Beauvois), il s’agit davantage d’un film sur l’amour, celui qui n’a pas de limite, celui qui pousse à la folie, et au déni de soi.

Des plans-tableaux

Le cinéaste roumain ne signe pas un film anti clérical
Le cinéaste roumain ne signe pas un film anti clérical
2h30 dans un couvent, oui. Mais 2h30 de pure maîtrise visuelle où la mise en scène du cinéaste roumain regorge d’inventivité et de plans-tableaux. La caméra est nerveuse, l’œil est vif, le regard acéré.

Mungiu- récompensé par le prix du scénario cannois, l’année dernière, a l’intelligence de ne pas juger ses protagonistes et de signer un film anti clérical : au contraire, il ne condamne pas la communauté religieuse, il ne fait qu’en dévoiler ses faiblesses. Ainsi, les personnages apparaissent-ils plus stupides que dangereux, plus aveuglés qu’intolérants. L’aveuglement : le cœur d’''Au-delà des collines'', un cœur qui lutte, qui se débat, qui finit par se perdre.

Les actrices Cosmina Stratan et Christina Flutur, justement auréolées d’un double prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes, ne sont que les deux faces d’une même médaille : il n’y a ni bien, ni mal. Simplement des circonstances, des attachements à perdre la raison, et des êtres qui, privés de leur sens critique, croient bien faire. Un film-constat étrangement osé donc, et non dénué d’humour.

Le film est diffusé au Cinéma du Parc
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