Laflèche

J’adore Rome! Prise 4

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Isabelle Laflèche

2016-06-10 14:15:00

Vous vous souvenez de Catherine Lambert, cette jeune avocate d’un grand cabinet new-yorkais née de l’imagination de la romancière Isabelle Laflèche? Eh bien là voilà de retour, cette-fois à Rome! Extraits choisis...

Pour gagner un exemplaire du roman J’adore Rome, rendez-vous sur la page Facebook de Droit-inc! La gagnante de la semaine passée est Nancy Labelle.

Isabelle Laflèche a travaillé pendant dix ans comme avocate à Montréal, Toronto et New York
Isabelle Laflèche a travaillé pendant dix ans comme avocate à Montréal, Toronto et New York
C’est peut-être la fascinante lumière florentine qui se pose sur les majestueux édifices de la ville à cette heure matinale, ou la douce brise qui chatouille les omniprésents pins parasols. Ou bien l’atmosphère festive entourant ce semestriel salon international du vêtement masculin, ou, plus vraisemblablement, le fait que Rikash soit amoureux. Quelle que soit la cause, je ne l’ai jamais vu si fou de joie.

Particulièrement chic, il exsude la sprezzatura dans un ensemble sorti tout droit du magazine L’Uomo Vogue : un pantalon trois quarts ajusté de couleur corail, assorti à une chemise à carreaux bleu et corail, un blazer cintré marine de chez Dior, des mocassins Oxford brun clair à doubles semelles, et un mouchoir de poche bleu marine, à pois. Même s’il n’a pas besoin de verres de lecture, il en a replié une paire dans sa poche de veste, comme le font les Italiens. Pour compléter son look, il porte les incontournables bracelets de surf en coton, dans un arc-en-ciel de couleurs. Si ce n’était de son teint mat qui trahit ses origines indiennes, on croirait qu’il a passé sa vie en Italie.

Dès que nous avons mis le pied sur le site du salon, il y a une heure, Rikash a pris ses aises sous les feux de la rampe, et bavardé avec des dandys paradant comme des paons. Il a parlé à chaque exposant, s’est arrêté à chaque kiosque et, bien sûr, a posé pour d’innombrables photographes et blogueurs de mode, y compris la crème de la crème de la photographie de rue : The Sartorialist. Dans les prochaines heures, son visage sera sûrement étalé dans toute la blogosphère, et les médias sociaux feront de lui une vedette instantanée. Il essaie de me convaincre de poser avec lui pour certaines photos, mais je recule d’un pas et le laisse briller ; c’est son instant de gloire, et je préfère observer depuis les coulisses.

Pour accompagner Son Altesse à cet événement glorieux, j’ai choisi un ensemble plus classique et discret, mais non moins visuellement saisissant : un chemisier de coton rose pâle assorti d’une jupe ronde de Stella Jean. Cette designer romaine fort populaire a créé une collection magnifique d’imprimés qui évoquent un métissage culturel aux racines italiennes et haïtiennes. Rikash m’a acheté cette jupe en furetant avec Niccolò à Rome, et il m’en a fait la surprise hier soir. J’étais folle de joie. J’ai assorti la jupe de simples sandales de cuir, d’un sac à bandoulière de cuir blanc, et bien sûr, des verres fumés Schiaparelli de Julietta. À la différence des salons de New York ou de Paris, où les femmes rivalisent avec des ensembles extravagants, cet événement concerne entièrement les hommes et leur style divin, et je suis prête à m’imprégner de tout cela.

Le salon Pitti Uomo présente le travail de cordonniers, de chapeliers, de tailleurs, de parfumeurs, de bonnetiers, de bijoutiers et de fabricants d’articles pour hommes, notamment des blaireaux griffés. Et surtout, il séduit des milliers d’acheteurs du monde entier qui fondent sur ce groupe de pavillons éparpillés à l’intérieur de la Fortezza da Basso, construction du XVIe siècle, avec l’intention de choisir ce que portera l’homme moderne par excellence la saison prochaine. Et ça, ça fait saliver mon assistant... obsédé qu’il est par l’homme par excellence.

Désireux d’augmenter la visibilité de la ville sur la scène internationale, les organisateurs ont choisi pour l’événement le slogan « Firenze, Hometown of Fashion », ou « Florence, berceau de la mode ». Du même coup, c’est un joli clin d’œil à la rivalité de longue date existant entre Florence et cette autre capitale de la mode qu’est Milan. D’après ce que je comprends, les deux villes ont déclaré une trêve pour renforcer la réputation à l’étranger de l’Italie en tant que centre de fabrication. Ces initiatives de marketing sont clairement efficaces : selon un récent classement publié sur The Global Language Monitor, Florence, Milan et Rome font maintenant partie des quinze chefs de file parmi les capitales mondiales de la mode.

Il est rafraîchissant de voir des hommes habillés avec un tel panache. En une heure, j’ai vu plus de pantalons aux couleurs acidulées – rose flamant, bleu cobalt et jaune citron –, de panamas et de chemises fleuries que dans toute ma vie à Paris. Il y a une atmosphère et une approche nettement plus légères et plus ludiques ici qu’à Paris ou à New York, où les complets gris et noirs et les chemises blanches unies sont la norme. Vu ma passion pour les vêtements colorés, ce spectaculaire étalage stylistique me fait sourire de délice. L’ambiance rappelle Frank Sinatra et le Rat Pack du Miami des années 1950, avec une touche Prismacolor. Il n’est pas étonnant que ce tourbillon de mâles superbes fasse baver mon assistant. Je l’entends presque fredonner les paroles de It’s Raining Men des Weather Girls, et je l’imagine s’accrocher à des lampadaires comme Gene Kelly dans Singin’ in the Rain. L’événement a aussi l’avantage de stimuler son amour du boulot, lui qui adore se mêler à la foule et la prendre d’assaut pour établir des contacts. Il a arrêté de se répandre en compliments sur Niccolò et a ramené son attention vers des questions professionnelles. Le détour en valait vraiment la peine.

Le fait que notre patron Frédéric nous ait suggéré de participer à cet événement comble Rikash : cela lui donne un sentiment d’importance et de crédibilité au sein de la compagnie, et il le mérite bien. Après tout, il a joué un rôle crucial lorsqu’on a intercepté et arrêté les membres d’un réseau international de contrefaçon à Paris. Ce fut une victoire majeure pour le service juridique de Dior et pour la maison. Si Frédéric nous a suggéré de venir ici, c’est une marque d’appréciation et d’amitié.

« N’est-ce pas fabuleux ? »

Je contemple la beauté frappante qui nous entoure. Pour une fois, le panorama a de quoi nous plaire à tous les deux.

« Che bellezza ! C’est fantastique ! » Il s’exclame avec l’accent juste, en agitant les mains. De toute évidence, il a reçu des leçons particulières d’italien.

« C’est fou d’être ici, sur invitation de l’organisateur en plus. »

À mon tour de m’enthousiasmer. Après quelques appels téléphoniques, Frédéric est parvenu à rejoindre en notre nom le comité d’organisation du salon, pour s’assurer que Rikash et moi aurions un accès illimité à tous les événements, y compris les présentations, les défilés ou les déjeuners officiels. Cette année, le programme est particulièrement emballant, puisque le premier ministre du pays vient annoncer un investissement de l’État de plusieurs millions d’euros pour stimuler l’industrie de la mode et promouvoir le label « Made in Italy » à l’échelle internationale. Apparemment, le nouveau gouvernement veut montrer au monde que ce pays offre plus que de la nourriture, du design et de l’ameublement. On veut également promouvoir les fortes assises manufacturières de la région florentine

« Bien sûr, ma biche. Je n’aurais rien accepté de moins », dit Rikash.

Il marche d’un pas vif, les mains dans les poches de son pantalon, tout en faisant des signes de la tête à quelques photographes. Il a déjà atteint le statut de vedette.

Compte tenu de la raison de notre visite, cet événement ne pourrait mieux tomber. L’intérêt soudain de l’État et son investissement important dans cette industrie m’incitent à croire que le problème impliquant Florentine Designs n’est qu’un malentendu. Étant donné la qualité supérieure des produits que j’ai vus aujourd’hui, je me dis qu’il suffira de quelques ajustements mineurs pour améliorer les processus de fabrication et d’étiquetage de la compagnie, et que Dior n’a rien à craindre. En regardant autour de moi, je vois bien pourquoi tant de créateurs de produits de luxe ont recours à des sous-traitants de la région pour la fabrication ; la qualité, les modèles, le travail sont inégalés.

« Qui aurait pu deviner que cet événement mondain ferait partie de notre itinéraire de voyage? » dis-je alors que nous prenons un rafraîchissement dans la cour intérieure.

« Eh bien, ça ne faisait peut-être pas partie de l’itinéraire initial, mais pour quelqu’un comme moi, ce devrait être une escale obligatoire. Et c’est vachement mieux que de rester enfermé dans une salle de réunion, n’est-ce pas, ma chérie ? »

Je sais qu’il fait allusion à Antoine et à ses engagements au travail, et je m’en veux de m’amuser autant, même s’il m’a plantée là et que je suis sur place à la demande de mon patron.

« Étrange à dire, mais parfois, je me sens mal pour Antoine, tu sais ? Il a des heures de travail impossibles et il est constamment stressé. On dirait qu’il ne profite pas de la vie. J’imagine que je dis ça parce que j’ai déjà connu ce genre d’horaire. Et à la fin, j’étais plutôt malheureuse. »

Je prends une gorgée de limonata.

« Hmm-mm. Oui, c’est vrai. Et tu m’entraînais vers le fond avec toi », dit Rikash à la blague.

Il pose nonchalamment un pied sur le trottoir de ciment, révélant ses chaussettes rayées multicolores et mettant en valeur son pantalon moulant et son derrière ferme.

« C’était peut-être le cas, mais à la fin, c’est moi qui t’ai emmené ici », dis-je avec un grand geste de la main.

« Oui, c’est bien vrai, dah-ling. Et je t’en suis immensément reconnaissant ; je suis fait pour ce genre d’événement. » Il ouvre bien grand les bras. « Je ne m’en ferais pas trop pour Antoine ; il adore son travail, chérie. Tu vois qu’une personne se passionne pour son travail quand elle est contente de travailler sans arrêt et qu’elle perd la notion du temps. J’imagine qu’il ne dort pas depuis trois jours et qu’il maîtrise cette entente comme personne d’autre. L’as-tu joint au téléphone ? »

Je secoue la tête.
« Non, je n’y arrive pas. »

« Et voilà. »

Il balance sa canette de limonata dans la poubelle.

Rikash a probablement raison. Ce qui m’inquiète vraiment, c’est qu’Antoine semble se soucier davantage de sa carrière que de notre relation, mais c’est une autre paire de manches.

« Que fait Niccolò, ce matin ? »

J’essaie de changer de sujet en lui remettant subtilement en mémoire son petit ami, alors qu’il continue de braquer les yeux sur chaque beau mec qui passe. Même si Rikash est amouraché de Niccolò, ça ne l’empêche pas de faire du charme.

« Il voulait se joindre à nous, mais je lui ai dit que nous n’avions que deux invitations à l’événement. Il était plutôt déçu, mais je connais ton point de vue sur ces choses. »

« J’apprécie vraiment, Rikash. Nous sommes venus ici pour représenter Dior. Et il est bon qu’on soit là, juste nous deux. J’espère que ça n’a pas causé d’ennuis à Niccolò, le fait qu’il prenne congé pour venir à Prato ? »

« Non. Il a un horaire flexible ; l’hôtel est habitué à le voir s’absenter pour ses contrats de mannequinat. »

« C’est vrai. »

Je soupire. Étant donné le mode de vie enviable de Niccolò, je voudrais être née avec des pommettes ciselées, une silhouette plus mince et quelques centimètres de plus.

« Alors, qu’est-ce qu’on fait, maintenant ? »

« Je veux aller examiner ce que présente ce populaire créateur de chemises suédois. Apparemment, ses modèles sont révolutionnaires. Et ensuite, je veux regarder les chaussures, les montres et les chapeaux. Je raffole de tout ça », dit-il.

Je sais qu’il fait également allusion à l’attrayante foule de visiteurs.

« D’accord. Amuse-toi autant que tu peux. Demain, nous avons notre rencontre chez Florentine Designs. »

Il roule des yeux ; je sais qu’il préférerait rester à Florence et frayer avec les aficionados de la mode.

« Ai-je besoin de te rappeler que c’est toi qui nous as entraînés dans cette “enquête” au départ ? »

Je mime des guillemets pour insister sur le fait que c’est lui qui nous a lancés sur cette mission à propos des collants frauduleux.

Il me répond avec un sourire espiègle.

« Très juste, chérie. Mieux vaut que je retourne à l’intérieur, alors. Je veux m’imbiber de toute cette beauté avant qu’on reparte. »

Rikash ajuste son pantalon et, le pas assuré, se met en marche vers l’exposition.

« J’espère que ça ne te dérange pas si je te laisse pendant quelques heures pour aller déjeuner avec Graziella un peu plus tard. »

Hier soir, après avoir reçu un message de Graziella qui m’invitait à déjeuner, j’ai décidé qu’il n’y avait pas de mal à passer du temps avec elle à Florence, bercail de maraviglia sans fin : les sublimes palazzi, les musées grandioses, le lieu de naissance de la mode italienne moderne d’après-guerre.

« Si ça me dérange ? Tu plaisantes, dah-ling, me répond-il, son sourire s’étalant maintenant d’une oreille à l’autre. Je vais rester ici jusqu’à ce que tu aies fini et surveiller la Fortezza. »

Avant que je puisse jeter ma canette vide à la poubelle, Rikash me prend par le bras et passe à un cheveu de me renverser.

«Oh mon Dieu, regarde qui est là!» s’exclame-t-il, comme si nous venions de croiser le fantôme de Leonardo Da Vinci.

Il désigne un homme spectaculairement vêtu d’un costume de lin bleu cobalt, de mocassins de daim assortis, et de Ray-Ban réfléchissantes. Il a également le bronzage de quelqu’un qui vient de débarquer d’un yacht sur la côte amalfitaine. J’ai rarement vu un style aussi coloré et impeccable. C’est la sprezzatura dans toute sa gloire, multipliée par mille.

« Mais qui est cet homme ? » Je meurs d’envie de le savoir.

De nouveau, Rikash roule des yeux.

« Oh, c’est juste Lapo Elkann. Selon Vanity Fair, c’est l’un des individus les mieux habillés de la planète. Une icône internationale de la mode, et le petit-fils de Gianni Agnelli, le magnat de la Fiat », dit-il en sous-entendant que mon ignorance est criminelle.

« Dieu merci, tu es là pour me garder au parfum ! Il est carrément sublime. »

Lapo fait un petit signe de la tête à Rikash, et mon ami rougit comme une adolescente arrivant face à face avec sa vedette rock préférée.

Cela confirme ce que j’en pense : impossible de résister à la mode d’Italie, pas plus qu’à sa cuisine italienne ou à ses hommes.

«Scuza, Madame Lambert? De chez Dior?» Un homme de grande taille, vêtu d’un complet beige classique avec une cravate marine plus discrète, se tient devant moi et me regarde avec l’air d’attendre quelque chose.

« Oui, c’est bien moi. Que puis-je faire pour vous ? »

« Je suis Massimo, l’organisateur, un ami de Frédéric.

Il m’a suggéré de vous chercher, vous et votre ami. »

« Ah oui, bonjour, enchantée de vous rencontrer», dis-je en tendant la main. « Voici mon assistant, Rikash. Merci beaucoup de nous avoir invités à un événement aussi merveilleux. »

« Tout le plaisir est pour moi. Nous sommes enchantés par le nombre de visiteurs cette année. Apparemment, nous sommes en train de fracasser des records d’assis- tance. Il faut dire que notre premier ministre est venu nous démontrer son appui. »

« Oui, nous avons entendu parler de cet investissement de l’État. C’est une nouvelle extraordinaire », renchérit Rikash.

« Frédéric a mentionné que vous étiez venus ici pour rendre visite à un manufacturier local, si ? »

Il se croise les bras et toise la tenue de Rikash d’un regard perplexe. J’imagine qu’il est étonné de voir un Parisien habillé ainsi.

« Oui, à Prato. Nous y allons demain », répond Rikash.

« Bene, bene. Vous verrez que nous avons certains des meilleurs artisans du monde. »

« D’après ce que nous avons vu jusqu’ici, je suis tout à fait d’accord. »

Il met la main dans la poche de sa veste.

« Il est important de dire au monde entier que nous n’avons pas seulement une culture de la beauté, mais que nous comptons aussi sur une production locale de la plus grande qualité. »

Cela me rappelle les traits superbes de Luca, et je ne peux m’empêcher de faire un signe de tête approbateur.

Je regarde Rikash, qui hoche la tête pour dire oui, les dents serrées et l’air impatient.
Il est pressé d’en finir, et moi aussi. Je ne veux pas arriver en retard à mon rendez- vous avec Graziella.

« Vous n’avez pas à nous convaincre de la qualité des marchandises fabriquées ici, Massimo, vous avez déjà deux admirateurs. Vous pouvez certainement compter sur nous pour partager ce message avec le monde », affirme Rikash.

Après une poignée de main, nous nous séparons et filons de nouveau vers la foire Pitti Uomo.

Une fois à l’intérieur de la Fortezza, je suis renversée par le nombre de marchands, de créateurs et de participants. Des rangées et des rangées de kiosques exposent de pimpants échantillons de mode masculine. Nous flânons dans les allées, et je vois que Rikash est aussi excité qu’un enfant parcourant les allées d’un magasin Toys R Us. Il fait un signe de tête à des vendeurs d’accessoires qui tentent d’attirer son attention en brandissant des nœuds papillon en soie. Un homme à l’allure de vedette de cinéma capte son œil, et Rikash s’arrête net.

« Per favore, per favore, guardare ! Regardez ! »
Avec un long regard séduisant, Rikash s’intéresse à sa marchandise.

« Qu’est-ce que t’as là, mon beau ? »

« Des cravates, de toutes les couleurs et de toutes les tailles. Juste pour vous. »

« Oooh. Juste pour moi... j’aime », murmure-t-il.

Le vendeur répond par un sourire. Ils sont officiellement passés en mode flirt, et j’essaie de ramener mon ami sur terre.

« Viens, il faut continuer. »

En me retournant, je vois un kiosque Florentine Designs. Je fais signe à Rikash de me suivre, même s’il bave encore devant le vendeur de cravates.

« Allons faire un peu de recherche avant la rencontre, d’accord ? »

Nous nous dirigeons vers les tables où sont étalées des écharpes, des ceintures de cuir et des chaussettes de formes et de tailles variées. Je frôle de la main un châle de cachemire et je reconnais sa qualité supérieure. C’est le luxe à son apogée. Les ceintures sont faites du cuir le plus souple, tout comme une série de sacs à bandoulière. Je songe à Graziella et à son problème de bas-culottes, et je me dis qu’il doit y avoir une erreur, qu’il est impossible que ce fabricant puisse mettre en marché des marchandises contrefaites ou de qualité inférieure. Rikash, qui lit dans mes pensées, fouille la marchandise comme un inspecteur en service, et soulève les épaules pour indiquer qu’il fait chou blanc.

« Il n’y a rien de spécial ici. On peut continuer. »

« Attends. Donne-moi une seconde. »

Il se dirige vers l’arrière du kiosque, où une douzaine de mannequins portent des écharpes de toutes les couleurs.

Je vois que quelque chose a attiré son attention. Rikash se glisse furtivement dans cette zone peu accessible et tortille l’extrémité d’une écharpe du bout des doigts pour se faire une idée de sa qualité. Il fronce le bout du nez avec dédain, secoue la tête, puis pointe du doigt en articulant en silence « POLYESTER ». Il n’est pas impressionné par cet article, et moi non plus. C’est une véritable déception. Après les objets renversants présentés à l’avant du kiosque, cette écharpe est loin de ce à quoi je m’attendais de la part d’un fournisseur de la région. Peut-être Graziella avait-elle raison, après tout ? On dirait que nous n’allons pas tenir notre promesse faite à Massimo.

En tout cas, nous sommes sur le point de dévoiler tutta la verità.

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Isabelle Laflèche a travaillé pendant dix ans comme avocate à Montréal, Toronto et New York. Passionnée depuis toujours par la mode et inspirée par ses propres expériences, elle signait en 2010 son premier roman, J’adore New York, un succès de librairie traduit dans plusieurs pays. Après nous avoir fait découvrir l’envers du décor de l’univers scintillant de la haute couture avec J’adore Paris, l’auteure poursuit sa série enlevante avec ce nouveau tome, tourné cette fois vers les enjeux éthiques entourant la mode à bas prix.
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