Parlons d’argent!

Dans le cadre d’une série spéciale, Droit-inc s’entretiendra une fois par mois avec un avocat qui évoquera son rapport à l’argent, ses investissements et conseils de gestion.

Me André Ryan est associé du cabinet BCF. Il est chef du secteur litige, un groupe qui compte plus de 65 avocats. Il concentre sa pratique de litige en matières commerciales, en droit administratif et en droit de l’emploi devant les tribunaux de droit commun et les tribunaux administratifs.

Me Ryan est en outre médiateur accrédité en matières commerciales et en droit de l’emploi. Il dispense aujourd’hui des conseils en matière de négociations de contrats stratégiques, de partenariats et de coentreprises locaux, nationaux et internationaux, en gouvernance d’entreprises ainsi qu’en matière de relations avec les médias et en gestion de crise.

Droit-inc : En tant qu'associé chez BCF et chef du secteur litige du cabinet, j'imagine que vous êtes amené professionnellement à être en contact avec l'argent. De quelle façon ? Quel est votre rapport professionnel à l'argent ?

Me André Ryan : Le litige est moins directement associé à l’argent, le contenu « obligationnel » avec lequel nous traitons touche beaucoup d’autres sphères émotives. Cependant, le thème qui revient le plus fréquemment en lien avec l’argent touche les honoraires. La gestion des coûts associés au litige est devenue presqu’aussi importante que la gestion du dossier elle-même. Il faut donc gérer les coûts et régulièrement parler d’argent avec les clients. Il ne faut pas être gêné d’aborder le sujet mais plutôt le faire de front et éviter l’accumulation des honoraires avant d’en parler. C’est un sujet dont nous discutons beaucoup avec nos plus jeunes avocat(e)s.

Dans un ordre plus personnel, est-ce que vous investissez ?

Je ne suis pas un investisseur très actif et intéressé. Je fais des économies et je les confie à une professionnelle en qui j’ai une très grande confiance.

Quelles sont selon vous les meilleures opérations financières du moment ? Les secteurs les plus porteurs ?

Je suis assez traditionnel alors pour moi, l’immobilier demeure l’investissement le plus stable et le moins stressant. J’ai aussi un faible pour le projet Renard de Stornoway. Des diamants au Québec, wow, difficile de résister !

Quels conseils donneriez-vous à vos confrères ou clients pour faire fructifier leur argent ?

Trouvez-vous un bon conseiller (une bonne conseillère dans mon cas) et faites-lui confiance !

Quelles sont les meilleures façons d'économiser selon vous ?

Il faut selon moi incorporer la mise de côté d’un montant fixe au budget hebdomadaire ou mensuel, de manière à l’oublier et à le tenir pour acquis.

Est-ce que vous mettez de côté pour votre retraite ?

Les avocats en pratique privée sont des travailleurs autonomes, sans filet de sécurité. On a pas le choix de mettre de l’argent de côté, sinon on se dirige vers un désastre à la retraite.

Est-ce que l'argent est quelque chose d'important, de nécessaire pour vous ? Comment qualifieriez-vous votre rapport à la chose ?

J’espère toujours avoir un rapport sain avec l’argent et je pense réussir. C’est certain que d’en avoir facilite l’élaboration d’un tel rapport mais en bout de piste, je pense qu’il faut surtout s’éloigner du paraître et projeter plus de sobriété, même si on a des sous. À mon avis, l’ère des bureaux monumentaux remplis d’œuvres inaccessibles est révolue. Les clients, même les plus sophistiqués, ne mesurent pas le succès de leurs professionnels à leur capacité de les impressionner. Ils veulent partager les risques et savoir que l’entreprise et ses avocats récoltent leur saine part du butin, sans exagération.

Quelle est la dernière chose que vous vous êtes acheté ? Et celle que vous avez offerte ?

Un chalet. Des nouveaux équipements sportifs à mes enfants.

Quels sont les pièges de l'argent selon vous ?

La profession a évolué rapidement et les pressions à la hausse ont changé les conditions du marché du centre-ville de Montréal. Tout cela participe à l’élargissement du clivage qui sépare les grands bureaux du reste de la profession. Le piège ici est de ne pas réaliser que la hausse ne peut pas se poursuivre sans fin. Des fois, je crains qu’à défaut de le réaliser, le marché pourrait subir une correction.

Y'a-t-il une considération au sujet de l'argent que vous auriez aimé connaître il y a 10 ans ?

J’aurais aimé comprendre avant tout le monde les transformations qui secouent les habitudes dans le marché des services juridiques. La disparition progressive de l’heure facturable et l’essor des modes alternatifs de facturation nous obligent à repenser nos façons de faire. Bien que je considère que BCF est à l’avant-garde des praticiens en la matière, si je l’avais compris il y a dix ans, j’aurais pu encore mieux me préparer.