Defi 2010

Le défi d’Heenan

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Natacha Mignon

2010-02-09 08:30:00

Guy Tremblay est entré chez Heenan Blaikie il y a 33 ans et dirige le cabinet depuis 13 ans. Pour lui qui connait son bureau par cœur, 2010 ne sera pas différente des autres années : Heenan Blaikie doit assurer sa croissance et maintenir ses valeurs.

Comment votre cabinet a-t-il vécu 2009 ?

Guy Tremblay : On s’en est bien tiré. Cela s’explique par notre structure d’affaires. A coté du secteur commercial, représentant un tiers de notre activité, qui n’a pas vécu son année la plus glorieuse, on a un gros secteur droit de l’emploi et droit du travail qui a été très occupé et un vigoureux secteur litige. Pour les cabinets transactionnels, l’année a été plus dure. Quand l’activité est bonne, ils sont très occupés, sur un secteur extrêmement lucratif. En revanche, en temps de crise, ils sont plus touchés que nous.

Que voudriez-vous que votre cabinet accomplisse en 2010 ?

Ce n’est pas différent de ce que je voulais les années précédentes. Le défi constant est d’assurer la croissance. Déjà, sur le marché national, où il faut être agressif et sophistiqué. Les clients locaux sélectionnent en effet de plus en plus leurs cabinets par appels d’offres et deviennent très exigeants.

Qu’exigent-ils par exemple ?

Ca peut aller aussi loin que l’imagination peut aller. Si les clients acceptent généralement que le taux horaire reste la base, ils demandent souvent des rabais.

Mais, ce qui devient très fréquent également, ce sont des demandes portant sur des services complémentaires, comme par exemple des détachements d’avocats, de la formation traditionnelle ou en ligne, et des partages de publication.

Aujourd’hui, on a su s’adapter puisqu’on est plus souvent gagnant que perdant aux soumissions auxquelles on répond.

Votre cabinet a-t-il également des visées sur la scène internationale ?

Oui, car la scène internationale grouille d’occasions d’affaires qu’il faut savoir saisir. Je dirais d’ailleurs que notre cabinet s’y intéresse de plus en plus depuis cinq ans.

En 2009, nous avons ainsi ouvert un bureau en correspondance organique. Voyez la nuance, Heenan Blaikie n’a pas de cabinet juridique en France, ni de bureaux pour pratiquer du droit français. Le bureau de Paris veut servir une clientèle africaine, située notamment au Sénégal, en Angola et en Côte-D’ivoire. Notre principale activité pour ces clients se situe dans le domaine transactionnel, dans le secteur de l’exploitation des richesses naturelles. Concrètement, le travail juridique dans ces dossiers est traité à Montréal.

Nous avons voulu commencé petit, toutefois, nous pourrions à l’avenir nous installer à Paris avec une présence plus visible. Déjà, à compter de septembre prochain, notre associé Jacques Bouchard Jr. sera basé dans la capitale française.

Les personnalités que nous avons su attirer nous donnent également de bonnes occasions de nous manifester sur la scène internationale. Je pense à Jean Chrétien, à Pierre-Marc Johnson et récemment à Jacques Lamarre. C’est aussi un atout pour nos clients. Par exemple, Jean Chrétien vient de mener une mission commerciale au Moyen-Orient, ouvrant de nombreuses portes aux clients qu’il avait emmenés avec lui. Imaginez que tout va plus vite quand vous voyagez avec un ancien premier ministre.

Ces défis de croissance sont-ils les seuls de votre cabinet ?

Non, j’en vois un au moins aussi important. Je suis rentré le 9 janvier 1977 chez Heenan. A l’époque, nous étions douze, nous sommes aujourd’hui cinq cents, mais notre culture n’a pas changé. Nous sommes le seul cabinet, avec Stikeman, à avoir eu une croissance purement organique. De façon imagée, je dis souvent que nous formons maintenant un grand mur, qui n’est pas fait de préfabriqué, mais composé de cinq cents briques, chacune posée avec amour.

Alors un des défis constant du cabinet, c’est de rester fidèle à ces valeurs et de porter la culture de notre bureau. Parmi ces valeurs, il y a la collégialité. Chez Heenan, on privilégie l’esprit d’équipe. On aime le foisonnement d’idées. On aime l’entreprenariat, d’ailleurs le bureau n’a pas une grosse clientèle d’institutionnels, mais plutôt une clientèle d’entreprises. On veut aussi que le cabinet soit un endroit où le climat prime sur tout. Imaginez qu’il n’y a pas de contrat de société entre les associés. Entre nous, le contrat c’est une poignée de main et s’il venait à avoir un problème on le règlerait par l’application de la loi.
Le maintien de cette culture, c’est aussi important, à mes yeux, que la croissance du cabinet.

Pensez-vous que votre cabinet posera de nouvelles petites briques en 2010 ?

En 2009, il n’y a pas eu de mises à pied chez nous. On a également embauché Jacques Lamarre et quelques autres avocats d’un certain niveau d’expérience. Il y aura d’autres embauches. Avec 160 avocats à Montréal, il nous reste en effet une certaines marge de croissance. Mais celle-ci doit être mesurée, on ne va pas doubler les effectifs. Je pense que Fasken et Ogilvy Renault ont eux atteint le bon nombre d’avocats pour un marché comme Montréal.

Je vois en revanche une zone de croissance en termes d’effectifs plus importante pour nous à Calgary. Regardez d’ailleurs Ogilvy Renault vient de décider de se positionner sur ce marché en ouvrant un bureau. C’est un bon choix stratégique car il y a encore de la place pour d’autres joueurs. Et, nous mesurer à d’excellents concurrents ne peut que nous rendre meilleurs !

Vous faites partie des grands cabinets d’avocats. Pour autant, on entend souvent que vos locaux à Montréal ne collent pas aux critères du design actuels. Est-ce que vous envisagez des travaux en 2010 ?

Eh bien non ! La conception de notre bureau date de la fin des années 80. Le bail viendra à terme d’ici trois ans. On verra à ce moment là. Ogilvy Renault ont maintenant de très beaux bureaux, ayant profité d’un départ. McCarthy également. Nous, pour le moment, on ne change rien.
Je vous invite en revanche à venir voir nos locaux à Toronto, ils sont superbes !
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