Cinéma

Séance ciné : Frances Ha, l’errance chorégraphiée

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Céline Gobert

2013-07-12 17:00:00

Les friands de cinéma indépendant reconnaîtront d’emblée la fantaisie de Greta Gerwig. Les autres ont l’occasion de rattraper leur retard…

Frances Ha de Noah Baumbach
Frances Ha de Noah Baumbach
Dans ce New-York en noir et blanc léché, navigue à la dérive une jeune femme de 27 ans. Un ''work in progress'' personnifié. Au son de David Bowie, elle fuit on ne sait quoi. D’adresse en adresse, elle est incomplète.

Cependant, ses appartements successifs- qui servent aussi à chapitrer le récit- apparaissent comme autant de morceaux de son puzzle identitaire. Parviendra-t-elle à découvrir qui elle est ? À se trouver une place dans le monde, et ce malgré le départ de sa meilleure amie avec qui elle entretenait une relation fusionnelle ?

Autour de ce suspense adulescent, parfaitement assumé par le duo d’auteurs (Noah Baumbach- à qui l’on doit l’excellent'' Margot at the wedding''- et sa nouvelle muse et compagne Greta Gerwig), le film accouche d'un bon nombre de thématiques, profondes (malgré le ton guilleret), modernes (malgré l’atemporalité volontaire de la forme).

On est quelque part entre la gravité légère d’un Woody Allen et l’indie intello dopé aux références Nouvelle Vague (Truffaut et Godard en tête), un pied côté ''hipster'', un autre côté ''mumblecore'' - soit ce courant de productions fauchées mais inventives.

Frances Ha est le symbole à elle seule du mal être des trentenaires
Frances Ha est le symbole à elle seule du mal être des trentenaires
Grandir, pourquoi faire ?

Dans son ensemble, et par-dessus tout, ''Frances Ha'' est un instantané générationnel : immaturité de ses adultes (idée que l’on trouvait déjà dans ''Les Berkman se séparent'' et ''Greenberg'' de Baumbach), errance jazzy, atmosphère comico-dépressive où grandir devient sinon un impossible, une torture de tous les instants.

Frances, qui aimerait bien devenir chorégraphe, est le symbole à elle seule du mal être des trentenaires, coincés entre leurs rêves d’enfants et leurs désillusions d’adultes. Paumée, mais pleine d’enthousiasme; toujours à côté de la plaque mais pourtant extrêmement lucide, la jeune femme essaie de tirer son épingle du jeu conformiste que l’on aimerait bien lui faire jouer: les gamins, le bon boulot et tout le tableau.

Sa quête de sens est le cœur d’une œuvre généreuse, bien pensée, bien filmée, qui fait des soubresauts, hésitations, et voyages de son héroïne, une valse à contre-courant- gangrénée par la mélancolie, mais sauvée du désespoir par l’énergie déployée. Une danse chic, drôle et piquante.

Et si Frances, sorte d’anti personnage féminin de film romantique, a toujours un temps de retard sur la vie, et les gens, le film- lui- va droit dans le mille : solitude moderne, nomadisme maladif, incertitudes d’une époque.
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