L'avocat Pierre Lambert remet plus de 720 000 $ aux enquêteurs

Même s’il estime avoir eu entre les mains un montant d'environ 2 millions $ entre 2006 et 2012, Pierre L. Lambert, du cabinet Dunton Rainville, a déclaré qu’il n’avait pas l’impression d’agir contre la loi à l’époque.

«Je ne me sentais pas illégal», a-t-il lancé à plusieurs reprises avant d'admettre que ses «repères moraux n'étaient peut-être pas assez aiguisés».

Pour justifier cette importante tâche de détenir l'argent que lui confiait l'ingénieur Roger Dubois, responsable de percevoir les redevances de 2 % auprès des entrepreneurs qui obtenaient des contrats à la Ville de Laval, il a répété que c'est son orgueil qui l'avait convaincu d'accepter.

«Je l'ai pris comme quelque chose qui était une reconnaissance à mon égard donc ça a flatté beaucoup mon ego et des fois, on oublie certaines autres choses». Ce à quoi la présidente, France Charbonneau, lui a répondu d'un ton sec : «Votre ego l'a emporté».

Ainsi, lorsque le responsable du financement du parti, Jean Gauthier, l'approche et lui dit «qu'il a besoin de quelqu'un qui est très confidentiel, très discret», il accepte sans hésiter.

Dès 2006, M. Lambert reçoit donc des appels de la part de Roger Desbois, «environ cinq ou six fois par année».

«M. Desbois m'appelait, on allait déjeuner, on allait dans son garage et il me donnait le "carton"», a raconté le témoin qui a ajouté avoir conservé les liasses de billets dans un mini entrepôt.

Puis, lorsque M. Gauthier ou l'agent officiel du parti Jean Bertrand avaient besoin d'argent comptant, ils appelaient à leur tour M. Lambert, mais seul M. Gauthier autorisait les sorties d'argent.

Tout s’est déroulé sans accroc pendant quatre ans. La dernière fois que M. Desbois lui a remis une enveloppe lors de l'été 2010, «il semble nerveux et mal à l'aise. Peut-être qu'il pensait qu'il y avait des caméras dans son garage, s'est souvenu M. Lambert. Il a dit: "Suis-moi, on va aller ailleurs"».

Par la suite, M. Lambert n'a plus reçu de coups de fil de M. Desbois, mais M. Gauthier l'appelait à l'occasion pour obtenir des fonds, jusqu'en octobre dernier où ce dernier l'a appelé une dernière fois pour lui demander des billets.

«C'était un plus petit montant, moins de 10 000 $. Jean Gauthier m'a dit : "J'ai besoin d'argent, on a un compte à payer. Je vais t'envoyer quelqu'un chez vous quand tu vas être prêt"». Puis, plus rien.

Il restait donc plus de 720 000 $ dans le mini entrepôt de M. Lambert, mais après la dissolution du PRO des Lavallois le 19 novembre dernier, il n'a plus eu de contact avec quiconque du défunt parti. L'argent a été remis aux enquêteurs.

Les audiences de la commission Charbonneau reprendront lundi alors que Jean Gauthier se présentera à la barre des témoins.