Les finances de l’avocat solo

L’avocat solo : une entreprise!

Un travailleur autonome est considéré comme une entreprise individuelle au sens des lois fiscales, nous informe M. Houle, comptable et fiscaliste pour Le Groupe Belzile Tremblay Inc à Montréal.

Ce qui différencie ce régime de celui d’un simple employé, ce sont les dépenses qui peuvent être déduites du revenu. Ainsi, un employé ne pourra pas déduire un montant pour son bureau à domicile ou ses déplacements, à moins que cela soit inscrit dans son contrat de travail, ce qui est fort différent pour les travailleurs autonomes, précise M. Houle.

Révisez et déduisez vos dépenses

Il faut se mettre dans l’état d’esprit que toute dépense qui est liée au travail peut être déduite du revenu et ainsi faire baisser le taux d’imposition, explique M. Houle.

Certaines dépenses inhérentes à la pratique d’avocat peuvent être déduites de du revenu de l’avocat solo. Ainsi, mon tailleur Mexx ne pourra être déduit de mes dépenses, mais ma toge et mon rabat fraîchement achetés, si. Le nettoyage de ma toge aussi, selon M. Houle.

Le bureau loué par l’avocat solo est une dépense certainement déductible, mais le bureau à domicile doit être fermé et l’avocat doit aussi recevoir des clients dans ce bureau pour que cela soit admissible. « Si le bureau à domicile se qualifie, une partie du loyer, du chauffage et même d’Internet se qualifie », explique M. Houle.

Si vous êtes sur le point de terminer les paiements de votre auto ou si elle est déjà entièrement payée, M. Houle conseille également de prendre la déduction de frais de déplacements de 0,54$ par kilomètre au lieu du remboursement de l’essence.

Cela devient très avantageux pour l’avocat, même avec le prix de l’essence actuel, souligne-t-il. Avis aux avocats en scooter (comme moi): cela s’applique aussi aux Vespa et autres mobylettes!

Au niveau du développement des affaires, M. Houle rappelle que les repas sont déductibles à 50%. Or, précise-t-il, au Québec, certaines activités culturelles sont déductibles à 100%, par exemple un concert d’un orchestre symphonique, une pièce de théâtre ou un spectacle d’humour. Emmener vos clients voir Louis-José Houle n’aura jamais été aussi attrayant!

Taxes payées, taxes remboursées

M. Houle conseille aussi à ceux qui débutent leur carrière solo d’aller s’inscrire aux fichiers TPS et TVQ, et ce avant même d’Atteindre le minimum de revenus de 30 000$.

Ainsi, ceux-ci pourront se faire rembourser toutes taxes payées pour les dépenses de bureau de celles qu’ils devront verser aux autorités fiscales. « Cela vous empêchera de payer des taxes dans le vide au départ », indique M. Houle.

S’incorporer ou non?

Quand je suis partie à mon compte, on m’a beaucoup questionnée à savoir si je devais m’incorporer ou non. On m’a d’ailleurs déjà dit : quand tu feras 150 000$ par année, tu t’incorporeras…

Selon M. Houle, il ne s’agit pas de franchir un seuil de revenus précis pour s’incorporer ou non, mais plutôt de déterminer le niveau d’épargne qu’un avocat réussit à dégager à la fin de l’année.

« Si vous gagnez 100 000$ et que vous avez un train de vie de 100 000 $, vous ne devriez pas vous incorporer. Par contre, si vous réussissez à épargner 50 000$ de ce revenu, l’incorporation serait probablement une bonne option, car cela vous permet de différer l’imposition du 100 000$. De même, le taux d’imposition sera différent », souligne M. Houle.

Ainsi, tout dépend des revenus et du train de vie de l’avocat solo!

Et vous, chers lecteurs, quels sont vos trucs « fiscaux » que vous voudriez partager à vos consœurs et confrères?