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Le droit pour changer le monde

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Dominique Tardif

2014-07-02 14:15:00

Cette semaine, Me Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec l’associé directeur de Fasken Martineau pour la région de Québec, Me Éric Bédard...

1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier ou une autre profession?

Me Éric Bédard est associé directeur de chez Fasken Martineau pour la région de Québec
Me Éric Bédard est associé directeur de chez Fasken Martineau pour la région de Québec
J’ai choisi le droit par… idéalisme ! J’ai toujours pensé que la loi, son adoption et son interprétation étaient les meilleures façons de changer le monde. C’est justement un peu pour ‘changer le monde’ que j’ai embrassé la carrière d’avocat.

Après le cégep, j’ai poursuivi mes études à l’Université d’Ottawa, avec pour intention de compléter le programme de droit civil & MBA. J’ai finalement complété mon droit civil et quelques cours de common law, fait mon stage chez Fasken et, un an et demi plus tard, quitté pour une maîtrise en Grande-Bretagne sur le droit européen et la liberté des échanges commerciaux. Je suis ensuite revenu au cabinet et, sauf pour les deux années et demi où j’ai travaillé comme adjoint du directeur de cabinet du Premier ministre du Québec, j’y ai continué ma carrière jusqu’à aujourd’hui.

Lorsque j’y pense, je peux dire que je n’ai certainement pas été déçu par la pratique du droit – bien au contraire. Lorsqu’on prend le temps de s’arrêter pour y réfléchir, on s’aperçoit que c’est bel et bien par la loi que l’on peut apporter des transformations.

2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?

Mon plus grand défi vient des fonctions que j’exerce comme associé-directeur depuis le 1er février 2011.Pourquoi ? Parce qu’il s’agit là d’un métier autre que celui d’avocat, et d’un métier que l’on apprend une fois qu’on ‘y met les pieds’. Après 20 ans de pratique, devenir associé-directeur a nécessité de développer des habiletés qui sont parfois liées au droit,, mais qui en sont aussi plus éloignées. Pratiquer le droit est un exercice qui implique d’être en relation avec son client tout au long de l’exécution du mandat. La gestion, quant à elle, implique de rassembler des gens autour d’objectifs qui sont acceptés par la majorité et que le groupe veut poursuivre collectivement.

Un rôle comme celui-là implique aussi d’apprendre à faire confiance aux professionnels qui nous entourent dans l’exécution de notre travail de gestionnaire. Devenir gestionnaire dans un cabinet d’avocats amène à prendre du recul et à jeter un regard plus distant sur sa propre organisation. Cela nous fait réaliser combien cette organisation compte des gens de qualité, qui pensent au bien-être du cabinet avant leur propre intérêt.

3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?

Je changerais principalement une chose, même si deux commentaires me viennent à l’esprit en réponse à la question:

D’abord, et quant à l’environnement du droit, j’améliorerais l’accès à la justice. Ne pas avoir accès à la justice rime avec ‘absence de justice’ pour bien trop de gens. On ne peut pas affirmer qu’il y a justice quand de trop nombreuses personnes n’y ont pas accès.

Par ailleurs, et quant à la pratique elle-même, je ne changerais pas énormément de choses. Je constate que le droit permet une liberté que peu de professions offrent. La pratique peut y être extrêmement variée et permet au surplus de s’orienter vers autre chose pour ceux qui le souhaitent ensuite.

4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?

Je ne pense pas que la perception de la profession ait beaucoup changé. Le public, depuis toujours, aime que l’avocat défende ses libertés… mais n’aime pas qu’il soit associé à la défense des libertés de gens qu’il n’aime pas (rires) ! Je crois que les avocats sont vus comme des professionnels consciencieux, mais qui exercent leur art pour tout le monde.

Je pense cependant que la perception de la communauté d’affaires s’est, quant à elle, transformée. L’association traditionnelle qui existait entre le fait d’avoir un problème et d’appeler un avocat a évolué. L’avocat fait maintenant partie de la réflexion, est davantage perçu comme un conseiller d’affaires et joue un rôle dans la façon dont les entreprises définissent là où elles vont – et pas seulement lorsqu’une difficulté survient.

5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant réussir en pratique privée?

Il faut ‘mieux faire plutôt que beaucoup faire’. La qualité est toujours à privilégier sur la quantité, même si cela ne signifie pas qu’il ne faut pas travailler fort. Cela implique simplement que, lorsqu’on s’investit dans quelque chose, on doive poursuivre, d’abord et avant tout, l’atteinte du standard de qualité. Lorsque la qualité du travail est reconnue, la quantité n’est pas un problème, alors que l’inverse n’est pas vrai.

Il est aussi important de se rappeler qu’en tout temps, nous faisons partie d’une équipe. On ne vit pas sur une île ! Il faut savoir ‘se mettre dans les chaussures’ du client, et même parfois faire équipe avec la partie adverse pour trouver la meilleure solution qui soit. S’il est vrai qu’on souhaite gagner, il faut surtout pouvoir vivre à long terme avec la solution qui sera ultimement adoptée.


En vrac…

Le dernier bon livre qu’il a lu – Les Bienveillantes (auteur : Jonathan Littell)

Le dernier bon film qu’il a vu – Rush – sur la rivalité entre James Hunt et Niki Lauda en Formule 1 (réalisateur : Ron Howard)

Il aime – L’hymne au printemps (de Félix Leclerc) et les Cowboys Fringuants!

Il dit souvent à ses enfants : Ce qui mérite d’être fait mérite d’être bien fait.

Son péché mignon - Les caramels à la fleur de sel

Son restaurant préféré – La terrasse du Filet, l’été sur Mont-Royal.

Le pays qu’il aimerait visiter – La Chine.

Le personnage historique qu’il admire le plus – Gandhi, pour sa détermination dans son engagement pour les gens et par son succès. C’est un homme qui a réussi à faire des changements profonds sans jamais lever une arme, et qui demeurait très serein par rapport aux enjeux auxquels il faisait face.

S’il n’était pas avocat, il serait…professeur d’histoire, parce qu’on ‘ne sait pas où l’on va si on ne sait pas d’où l’on vient!’

Bio


Me Éric Bédard est l'associé directeur du cabinet Fasken Martineau Dumoulin pour la région du Québec. Membre du Conseil d'administration du cabinet depuis 2007, il exerce principalement dans les domaines du droit du travail, droit administratif et conseils stratégiques. Il représente des entreprises pour la négociation de conventions collectives, les accréditations ou les recours administratifs en révision et en injonction devant différents tribunaux. Il œuvre avec des entreprises tant dans les secteurs public que privé. Il est reconnu comme l'un des meilleurs avocats canadiens dans le domaine des relations de travail par le répertoire juridique canadien Lexpert.

Me Bédard a été adjoint au directeur du cabinet du Premier ministre du Québec de 1994 à 1996 et a également développé une expertise sur la réglementation des prix pétroliers devant la Régie de l'énergie du Québec. Il est titulaire d’une licence en droit civil et common law de l’Université d’Ottawa depuis 1988 et d’une maîtrise en droit de l’Université d'Exeter en Grande-Bretagne depuis 1992, et membre du Barreau du Québec depuis 1989.

Me Bédard a présidé de nombreux événements caritatifs et siégé sur plusieurs conseils d’administration d’institutions publiques et privées. Il a notamment été coprésident de la campagne de financement du Cirque Éloize en 2013, coprésident de l’édition 2013 du Week-end PharmaprixMD pour vaincre les cancers féminins au bénéfice du Centre du cancer Segal de l’Hôpital général juif et coprésident de la levée de fonds 2011-2012 de la Fondation des maladies mentales.

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