Entrevues

Passation de pouvoirs chez le géant du droit

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Emeline Magnier

2014-12-09 15:00:00

Tandis qu’il s’apprête à laisser la place, l’associé directeur de Norton Rose Fulbright Canada s’est entretenu avec Droit inc. Il revient sur le déroulement de son mandat et la globalisation du cabinet...

Me John Coleman est l’associé directeur de Norton Rose Fulbright Canada depuis juin 2009, à l’époque où le cabinet portait encore le nom d’Ogilvy Renault. C’est sous son mandat que le bureau pancanadien s’est transformé en géant mondial du droit à la suite de plusieurs fusions.

Celui qui a passé toute sa carrière au sein du même cabinet et qui a dirigé le groupe droit du travail et de l’emploi laissera prochainement la place à Me Charles Hurdon, qui prendra la tête du cabinet le 1er janvier prochain.

Droit-inc : Qu'est ce qui a motivé Ogilvy Renault, cabinet canadien centenaire, à étendre mondialement sa plateforme ?

Me John Coleman est l’associé directeur de Norton Rose Fulbright Canada depuis juin 2009
Me John Coleman est l’associé directeur de Norton Rose Fulbright Canada depuis juin 2009
Me John Coleman : Quand mes associés m'ont choisi pour devenir associé directeur d'Ogilvy Renault en 2009, ils ont vu en moi la personne capable de rassembler les gens. Ma pratique en droit du travail m'a donné beaucoup d'expérience en ressources humaines.

Avec mon prédécesseur, Me Pierre Bienvenu, nous avions longuement discuté de l'évolution du monde et des affaires. J'étais à l'époque chef de l'exploitation du cabinet et nous avons établi un plan stratégique. Nous devions ouvrir nos frontières et grandir. J'avais mes opinions et je savais où le cabinet devait aller mais je n'étais pas seul, rien ne se fait sans le soutien des associés.

Nous avons regardé où nos clients travaillent et ce qu'ils voulaient. Les compagnies devaient se transformer et grandir pour avoir plus de succès. Elles sont très innovatrices et exportent leur savoir à travers le monde et avaient besoin d'une plateforme globale. Je me suis alors demandé pourquoi les avocats sont toujours à la traîne en termes de changement. Nous devions nous aussi évoluer plus vite et montrer que les juristes ne sont pas si conservateurs.

Quelles ont été les grandes étapes de cette globalisation ?

Ogilvy Renault n'était pas présent dans l'ouest du pays ni dans le domaine des ressources naturelles. Nous nous sommes donc d'abord implantés à Calgary au début de l'année 2010. Nous avons ensuite examiné plusieurs options pour étendre le bureau et avons choisi de fusionner avec Norton Rose en juin 2011, en intégrant également Deneys Reitz, de l’Afrique du Sud. Nous sommes alors devenue la première pratique juridique mondiale. Macleod Dixon nous a approché et s'est joint à nous en janvier 2012 avec ses bureaux de Calgary, Toronto et Caracas. Et en juin 2013, nous avons regroupé nos activités avec le cabinet américain Fulbright & Jaworski pour former Norton Rose Fulbright.

Nous avons vécu des changements intenses mais nécessaires pendant cinq ans. Notre rôle est de laisser à nos successeurs une place encore meilleure qu'elle ne l'était quand on est arrivé. Je suis très fier de ce que nous avons accompli, nous disposons d'une structure et d'une gouvernance solides.

Quels sont les défis de telles fusions ?

Des fusions impliquent des transformations si on veut réellement ne former qu'une seule et même entité et ne pas être une alliance de plusieurs cabinets. Il faut toutefois être vigilant et ne pas perdre la culture du bureau. Un associé est une personne avec qui on aime partager un repas, il faut une certaine synergie, partager les mêmes valeurs et avoir la même vision de la pratique du droit.

Il y a aussi un travail d'intégration des procédés et procédures pour arriver à une uniformisation globale et à créer une marque unique. Il y a eu beaucoup de travail d'arrière scène pendant les plusieurs années, tout le monde a mis l'épaule à la roue pour nous permettre de devenir aujourd'hui le cabinet canadien qui dispose de la marque la plus forte et le troisième sur la scène mondiale. Pour nous, le changement de nom a aussi été une prise de risque. Ogilvy Renault était présent depuis 130 ans, mais nous avons décidé de regarder vers l'avenir.

Pensez-vous que l'avenir des grands cabinets passera par leur globalisation ?

Nous avons été les premiers à opérer une globalisation, Dentons a suivi et je pense qu'il y en aura d'autres. Nous avons fait notre choix par rapport à notre clientèle. Chaque cabinet doit trouver son positionnement et faire sa propre évaluation. Il y aura toujours de la place pour les cabinets régionaux et nationaux dont la pratique dépend principalement du référencement d'autres bureaux dans le monde.

Quelle sera la prochaine étape pour Norton Rose Fulbright ?

Me Charles Hurdon prendra la tête du cabinet le 1er janvier prochain.
Me Charles Hurdon prendra la tête du cabinet le 1er janvier prochain.
Le changement n'arrête jamais et nous allons continuer de suivre nos clients. La toile de fond est implantée et nous continuons de suivre les marchés. Nous regardons très sérieusement le Mexique pour s'y établir à court terme ainsi que la Chine. Nous sommes déjà à Pékin, Shanghai et Hong-Kong mais il faudrait renforcer notre présence. Le droit y évolue rapidement et devient de plus en plus sophistiqué.

Quelle sera la mission de Me Charles Hurdon, votre successeur ?

Charles va poursuivre l'intégration et le développement et s'assurer qu'on demeure un cabinet mondial tant au niveau de la culture que de la direction. Chaque associé directeur à son propre point de vue et occupe les fonctions avec ses forces et faiblesses. Nous sommes sur la même longueur d'ondes, les gens ne verront pas de grand changement mais une continuité. Je serai à ses côtés quelques mois sur le comité exécutif pour l'appuyer tout en le laissant trouver ses assises. Je ne quitte pas le cabinet, je vais travailler sur des projets spéciaux tant au niveau national que global, et aussi je l'espère, passer un peu plus de temps avec ma famille
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