Pierre Arcand

Plus d’emplois pour les notaires que pour les avocats?

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Pierre Arcand

2015-01-05 14:00:00

Actuellement inscrite au baccalauréat, une étudiante se demande si les possibilités d’emploi sont plus favorables pour les notaires que pour les avocats. Pierre Arcand lui répond...

Question :

Je suis actuellement étudiante au baccalauréat en droit. Vous parlez fréquemment des perspectives d'emploi pour les nouveaux diplômés qui se dirigent vers le barreau.

Les perspectives d'emploi sont-elles meilleures pour ceux qui se dirigent vers la profession de notaire ?

Réponse :

Chère lectrice,

Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions
Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions
Premièrement j’aimerais vous préciser que les perspectives d’emploi pour les jeunes membres du Barreau ne sont pas si inquiétantes. Je m’excuse si certains textes ont pu laisser croire une telle chose aux lecteurs. Bien que ce ne soit pas le plein emploi, très peu de professions garantissent par ailleurs une telle chose, et dans le milieu juridique, nous sommes très loin de la catastrophe.

Je suis un Barreau 1996 et depuis mon assermentation la réalité, terme de perspectives d’emploi, n’ont pas beaucoup changé. Il y a immanquablement une période de stress pour les étudiants à la recherche d’un stage, surtout si on se ramasse les mains vides à la suite de la course aux stages.

Par contre, en troisième année et pendant la formation du Barreau, un grand nombre de postes de stagiaire sont affichés et, en bout de ligne, la grande majorité des diplômés se trouvent quelque chose. Pas toujours le stage qu’ils auraient souhaité mais à tout le moins, un endroit pour compléter leur formation.

Après cela, plusieurs doivent être patients et occuper des postes variés avant de pouvoir aspirer à une relative stabilité. Encore là, rien de nouveau car cette réalité existe depuis un bon bout de temps. Par conséquent, la situation n’est pas toute rose mais elle est loin de se qualifier dans la catégorie des inquiétantes.

Maintenant que j’ai précisé ce point, revenons à votre question. Qu’en est-il des perspectives d’emploi pour ceux et celles qui se dirigent vers le notariat ?

Je tiens à souligner que je reçois rarement des mandats pour des postes à combler ciblant spécifiquement des notaires. Par conséquent, ma connaissance du marché n’est probablement pas aussi bonne qu’en ce qui concerne la situation des avocats.

Par contre, je rencontre régulièrement des candidats qui sont des notaires et qui souhaitent postuler sur des postes d’avocats, ce qui fait en sorte que je suis amené à me pencher sur leur réalité et leur cheminement de carrière.

Mon premier constat est qu’il y a moins d’ouvertures pour les notaires que pour les avocats mais il y a aussi moins de candidats. J’aurais donc tendance à croire que la proportion de notaires sans emploi et relativement similaire à celle des avocats dans la même situation.

La différence majeure se situe cependant au niveau du type de postes disponibles. La majorité des notaires pratiquent en société nominale ou en petit cabinet et sont appelés très tôt dans leur carrière à voler de leurs propres ailes en termes de clientèle.

Vous me direz certainement que plusieurs jeunes avocats font face à la même situation et doivent partir à leur compte dès la fin de leur stage. J’en conviens mais si on compare les proportions, le ratio notaire à leur compte sur l’ensemble des notaires est beaucoup plus élevé que celui des avocats à leur compte sur l’ensemble des membres du Barreau.

Il faut aussi tenir compte du fait que tous les postes occupés par des avocats mais n’exigeant pas d’être membre du Barreau pourraient hypothétiquement être occupés par des notaires. Par contre, à tord ou à raison, les employeurs ont tendance à privilégier les membres du Barreau face à leurs confrères du notariat.

Donc, si les perspectives semblent similaires, la diversité des options fait pencher la balance en faveur des avocats si votre planification de carrière exclut la pratique privée en petit cabinet ou à votre compte. Ce qui m’amène à conclure que si vous êtes plus confortable dans un poste de salarié, vous avez plus de chance de trouver votre compte en temps que membre du Barreau.

Tandis que si vous êtes confortable avec une rémunération variable et avez un tantinet le sens des affaires, vos perspectives d’emploi en notariat sont aussi bonnes que celles que vous auriez comme avocat.

J’espère que ma réponse pourra vous aider et je vous souhaite un excellent début d’année.

La Question au Recruteur

Chaque semaine, le recruteur juridique Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.

La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.


Sur l'auteur

Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.
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6 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 9 ans
    Notaire
    Je seconde le commentaire de Me Arcand en tant que jeune notaire connaissant le marché de plus proche. Pour des raisons évidentes je préfère que ce commentaire soit anonyme, mais j'espère pouvoir aider d'autres étudiants à éviter certains pièges afférents au notariat. Quelques points:

    1-Contrairement à ce que l'on croirait, les études notariales ne sont aucunement plus faciles que l'école du barreau. Pour moi il était question d'un programme de maitrise d'un an avec six heures d'enseignement par jour, les études correspondantes et des examens que les 4-5 avocats dans le programme que j'ai cotoyés considéraient comme étant plus difficiles que ceux du barreau. À l'époque il fallait non seulement réussir les examens mais maintenir une moyenne globale de 2.3(augmenté à 2.7 depuis). Les moyennes de groupe dans plusieurs cours tournaient autour de 55-60%, ce qui devrait te donner une idée du taux de réussite.

    2-Dès cette année, il n'y aura plus de stage en notariat tel que nous l'avons connu (de 8 mois, avec des travaux pratiques à remettre à la Chambre en sus de l'emploi lui même et aucune période de vacances comme au stage du barreau). Le programme de maitrise sera de deux ans avec une clinique juridique administré par les facultés de droit et la Chambre des notaires pour remplacer le stage. Il y a des aspects positifs et négatifs afférents à cette approche, dont le fait de ne pas devoir se trouver un stage, mais aussi le fait de demeurer aux études et sans revenu pour une année supplémentaire ainsi que de plus grandes difficultés d'intégration au marché du travail.

    3-Les difficultés du marché de l'emploi en notariat sont infiniment plus grandes que ceux qui existent pour les avocats. À titre d'exemple, la majorité des stages en notariat sont non rémunérés (notamment à Montréal et dont le mien, à un cabinet très prospère et connu comme étant l'un des plus importants dans son domaine)ou payés à 200-300$ par semaine plutôt qu'à un taux horaire. Le salaire minimum serait considéré comme généreux.

    Selon les statistiques de la Chambre des notaires, le salaire moyen d'un notaire junior salarié est d'environ 35 000$, et il est excessivement rare qu'un salarié gagne plus de 50 000$ dans un cabinet privé (il est possible de gagner beaucoup plus comme salarié dans le secteur public, mais on se comprend que la plupart des postes concernés au municipal, provincial etc. sont accessibles à la fois aux notaires et aux avocats). Le processus de recherche d'emploi pourrait être qualifié d'occulte. Contrairement aux cabinets d'avocat, les notaires engagent très rarement et fonctionnent de bouche à oreille, et affichent rarement des postes. Il y avait peut-être 4-5 postes de stage affichés sur le site de la Chambre lorsque j'ai obtenu le mien, et il y aura typiquement un poste de notaire salarié affiché à tous les deux semaines sur le site. J'ai décroché l'entrevue avec mon éventuel maitre de stage uniquement parce que j'étais reféré par un client corporatif du cabinet pour lequel j'avais travaillé; et il en était de même pour la plupart de mes amis et collégues. De ma cohorte, finissant en mai, seulement la moitié s'est retrouvé avec un stage pour le mois de juin (le reste ont du attendre jusqu'en septembre).

    4-Les notaires ne sont pas plus ou moins travaillants que les notaires et leurs horaires ne sont pas nécessairement plus flexibles. Comme dans tout petit cabinet d'avocat, cela va dépendre de la nature du travail (quelques grands clients versus du travail à forfait et beaucoup). Il y a des notaires ayant 20-30 ans de pratique qui travaillent 4 jours par semaine et d'autres qui travaillent le 70-80 heures par semaine qui est la norme pour les avocats. Le métier est souvent presque saisonnier, la plupart des transactions immobilières ayant lieu durant le rush d'avril à juin et un peu moins en septembre octobre, ce qui fait en sorte que le cabinet moyen sera débordé de travail durant ces périodes mais peu occupé, par exemple, en juillet ou en janvier-février (ce qui mène souvent les études à mettre des notaires juniors et techniciennes juridiques à pied durant cette période, les faire rentrer quatre jours par semaine, ou fermer le bureau pour un mois sans rémunération etc.).

    5-Enfin si cela vous déprime, sachiez qu'il y a quand même des gens pour lesquels le notariat demeure un bon choix. Les conditions d'emploi étant mauvaises il faut absolument avoir une perspective d'entrepreneur et aller chercher de la clientèle pour soi même. Les plus avantagés seront ceux qui rentrent dans le marché avec un réseaux de contacts (familiaux ou d'une carrière précédente) déjà bien établi dans le domaine de l'immobilier (courtiers hypothécaire, agents d'immeuble, promoteurs etc.) ou avec le capital et l'opportunité d'acheter l'étude d'un notaire bien établi qui prend sa retraite. Pour ceux-ci il est assez facile de se rendre, sur un horizon de 3-5 ans, à un revenu semblable à celui d'un avocat non-associé ou dans un moyen cabinet. Les notaires qui commencent sans ses avantages peuvent s'y rendre également, et sont généralement capables de gagner le 35-40k qu'ils obtiendraient comme salariés en travaillant des chez eux en minimisant leur ``overhead``, mais la difficulté est de faire le saut entre cette situation et celle d'ouvrir un vrai bureau, payer un loyer, et engager des secrétaires et techniciennes pour faire rentrer un plus grand volume de transactions.

    Donc, voilà la réalité du marché. Le notariat n'est pas pour tout le monde, et bien que je gagne assez bien ma vie, si j'avais à refaire, j'aurais probablement choisi de devenir avocat plutôt que notaire.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      Notaire
      Étant également jeune notaire, assermenté depuis environ un an et demie, je seconde à mon tour ce très bon article de Me Arcand de même que le commentaire de l'autre notaire ci-dessus. Pour ma part et pour beaucoup d'autres jeunes notaires, l'entrée dans cette profession est suivie par une grande deception face à la pratique traditionnelle du notariat. Cela nous amène à chercher des avenues plus intéressantes dans ce qu'on appelle "les milieux non traditionnels". Or, ces milieux ne sont pas considérés comme "non traditionnels" pour les avocats et ces derniers y seront donc souvent privilégiés. Bien sûr, tout n'est pas tout blanc ou tout noir et plusieurs notaires (souvent fortement imprégnés d'un très fort esprit entreprenarial) ont beaucoup de succès et connaissent des carrières des plus enrichissantes. Mais le constat général que la plupart de mes confrères et moi-même sommes forcés de dresser est plutôt désolant.

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 9 ans
    Notaires et avocats
    Il y a bien des raisons historiques à cela, mais au niveau pratique, je vois difficilement l'intérêt de maintenir une distinction entre ces deux groupes de professionnels -les notaires et les avocats-, qui sont tous deux des officiers de justice pratiquant le droit. D'ailleurs, outre les actes réservés, leurs offres de services s'empiètent dans bien des cas.

    En ce qui a trait aux actes réservés, dans le ROC et aux États-Unis, les actes ici dévolus aux notaires sont effectués par des avocats (spécialisés, on les appelle "estate" ou "probate lawyers").

    Quel est l'intérêt d'avoir affaire à deux ordres professionnels (je ne sais pas pour la Chambre des notaires, mais "l'autre" est souvent qualifié de lourd et gourmand) pour des professions qui exigent exactement les mêmes études et des compétences de savoir-faire et de savoir-être égales?

  3. DSG
    Let’s face it
    If it wasn't for the whole French Civil law identity thing, the notarial profession would have been eradicated years ago. Who needs notaries? Not the rest of North America, that's for sure. It's like policemen on horseback or cobblestone streets. Besides its symbolism it has very little practical value.

  4. anonyme
    anonyme
    il y a 9 ans
    notaire
    Pour ma part, je suis notaire et j'adore mon métier. De plus, et avec tout respect, si mon choix de carrière était à refaire, je ne serais certainement pas avocate.

    Je respecte l'esprit des commentaires mais certains sont des préjugés. Pour ma part, le choix de devenir notaire a été grandement teinté du désir de sortir des rangs et de me distinguer de mes confrères. Chose certaine, tous et chacun font leur chemin en tant que professionnel et il faut savoir saisir les opportunités qui s'offrent à nous. Personnellement, je travaille dans un grand bureau et ma carrière ne ressemble en rien à ce qui est représenté ici.

    • notaire
      notaire
      il y a 9 ans
      notaire
      Les notaires travaillant dans les grands bureaux d'avocats sont peut-être 30-40 sur 3700. La moitié sont des chercheurs de titres ou sont présents strictement pour notarier des testaments ou hypothèques préparés par les avocats et l'autre moitié sont des spécialistes en fiscalité ou en copropriété qui auront l'opportunité de devenir associés.

      Mais le marché en général est tel que décrit dans les deux premiers commentaires. Beaucoup de compétition pour peu d'emplois et les salariés sont sous payés même dans les grands bureaux de notaires; SM, MHB, WV, GG, DF. Les notaires qui ont le plus de succès sont les entrepreneurs qui partent à leur compte. Il faut avoir beaucoup de volume et des bons contacts du bord des institutions financières pour réussir en pratique traditionnelle ou il faut se démarquer dans un domaine spécialisé et non traditionnel pour les notaires, typiquement en corpo ou en droit des personnes.

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