Entrevues

Parlons testicules

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Daphnée Hacker-b.

2015-02-03 15:00:00

Déterminé à briser le tabou sur le cancer du testicule, qui atteint surtout les jeunes hommes, cet avocat a décidé de mobiliser la population. Plusieurs juristes l’ont appuyé dans cette aventure…

Me Alexandre Désy est président de Cancer testiculaire Canada
Me Alexandre Désy est président de Cancer testiculaire Canada
Rares sont ceux qui n’ont pas vu cette publicité rigolote, diffusée un peu partout à la fin 2014, dans laquelle la voix du célèbre animateur Charles Tisseyre explique comment prendre soin de ses « cuys ». Ce nom désigne une espèce de cochons d’Inde dont le nom se prononce de la même façon que… les attributs masculins.

Cette campagne de sensibilisation humoristique est à l’image même de l’homme qui se cache derrière : Me Alexandre Désy, président de Cancer testiculaire Canada. Jeune avocat plein d’énergie, il a décidé que l’information et l’humour seraient les meilleures armes pour s’attaquer à un sujet tabou et méconnu : le cancer testiculaire. Si ce type de cancer est assez rare, il demeure le plus répandu chez les jeunes hommes de 18 à 35 ans.

« On va se le dire, les hommes ne parlent pas de leurs problèmes de santé, et encore moins de leurs testicules ! Mais là, quand on ose parler d’un cancer des testicules, ça rend tout le monde inconfortable », lance Me Désy, âgé aujourd’hui de 35 ans.

Me Désy prononçant un discours lors du Printemps masculin
Me Désy prononçant un discours lors du Printemps masculin
Lorsqu’il a appris qu’il était atteint de ce cancer, au mois de décembre 2010, il ne savait pas vers qui se tourner. « J’ai vécu beaucoup d’angoisse, j’étais mal informé des conséquences de cette maladie, ni à quoi m’attendre avec l’intervention, et il n’y avait presque rien comme information fiable sur Internet », se remémore celui qui travaille pour le Barreau du Québec.

Un de ses amis qui avait aussi été atteint du même cancer a pu l’accompagner durant cette période difficile. Son cancer ayant été diagnostiqué rapidement, il a pu éviter la chimiothérapie. « J’ai décidé qu’il fallait changer les choses. Non seulement conscientiser les hommes à l’importance de s’autoexaminer, mais aussi d’aider ceux qui doivent composer avec ce cancer », raconte l’avocat.

Et pour aller à la rencontre des jeunes de 18 à 35 ans, des brochures ou des groupes de discussion ne suffiraient pas, a-t-il conclu ; « il nous fallait un moyen branché ».



Une publicité à tout casser

Me Désy entouré de bénévoles de la Fondation, dont sont frère Me Nicolas Désy, coiffé d'un grand chapeau noir
Me Désy entouré de bénévoles de la Fondation, dont sont frère Me Nicolas Désy, coiffé d'un grand chapeau noir
Avec l’aide de plusieurs proches et aussi de spécialistes du CHUM, Me Désy a mis sur pied en 2012 la fondation Cancer testiculaire Canada. « J’ai réussi à convaincre des gens de tous horizons de créer un site web avec de l’information vérifiable, bien que les recherches sont encore limitées, puis d’organiser des rassemblements de types 4 à 7. Bientôt, nous aurons aussi un groupe de soutien en ligne », raconte-t-il.

Parmi les juristes impliqués dans la fondation, notons son frère, Me Nicolas Désy , avocat-fiscaliste chez Ernst Young, Me Lampros Stougiannos, de la firme Dentons, ainsi que Me Julie-Anne Petrilli, avocate pour la compagnie de jeux vidéo Behaviour Interactif.

Le site Internet mis en place, il restait à le faire connaître. Après quelques publicités sur les réseaux sociaux très simples, l’équipe a voulu frapper fort. « Nous n’avions pas beaucoup de moyens, mais des contacts. Nous sommes allés cogner à la porte de l’agence publicitaire DentsuBos et ils ont complètement embarqué », explique Me Désy. Les créateurs de la boîte se sont lancés dans un concours interne de créativité, voulant miser sur l’humour.

La publicité a été ainsi produite gratuitement, et le large réseau de DentsuBos a permis de leur assurer une diffusion sur plusieurs plateformes, en plus de la participation de l’animateur de l’émission Découverte, Charles Tisseyre. « La vidéo a été visionnée plus de 100 millions de fois, elle a traversé les frontières », révèle Me Désy. Son équipe a ainsi reçu des centaines de courriels des quatre coins du monde, surtout de jeunes hommes les remerciant d’aborder ce sujet sensible avec autant de brio.

« Nous sommes tous bénévoles à Cancer testiculaire Canada, et pour la plupart nous avons des horaires déjà chargés, mais c’est tellement agréable de savoir qu’on aide des gens. Ça donne espoir en l’humanité », conclut Me Désy avec un sourire.

Chaque année, l’organisme tient un cocktail dinatoire, baptisé le Printemps masculin, qui se tiendra cette année au mois d’avril au Musée d’art contemporain de Montréal.

Pour en savoir plus sur l’évènement, cliquez ici.

Questions « intimes » sur le cancer du testicule
Réponses de Me Alexandre Désy

Comment repère-t-on une tumeur ? Ça varie d’une personne à l’autre, mais pour ma part j’ai senti une bosse dure sur un testicule et une sensation de douleur, comme si ça tirait.

Quelles sont les interventions possibles ? La grande majorité des hommes diagnostiqués se font retirés le testicule atteint. Parfois si la tumeur est plus répandue, il faut subir de la chimiothérapie.

Est-ce que ça empêche d’avoir des enfants ? Non. Par prudence, avant l’opération, j’ai congelé du sperme. Mais je connais plusieurs hommes ayant été opéré qui ont eu des enfants par la suite sans problème.

A-t-on besoin d’un supplément d’hormones après l’intervention ? Non, un seul testicule suffit amplement. Toutefois, pour les rares cas qui ont dû se faire ôter les deux, il faut effectivement avoir un supplément d’hormones, qui peut être administré à l’aide d’un timbre.

Pour toutes autres questions ou précisions, consultez le site web de Cancer testiculaire Canada.
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1 commentaire

  1. Claude Provencher
    Claude Provencher
    il y a 9 ans
    Avocat
    Bravo Alexandre! Quelle belle implication!

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