Pierre Arcand

Quitter après un an, est-ce trop tôt?

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Pierre Arcand

2015-05-25 14:45:00

Insatisfait de ses conditions de travail, un avocat d’un an d’expérience envisage de quitter le cabinet dans lequel il pratique depuis son assermentation. Pierre Arcand le conseille…

Question :

Bonjour,

Je suis un avocat de 1ère année qui vient de débuter dans un cabinet de Montréal de taille moyenne…et je songe déjà à partir. Il semble que les promesses que l’on m’avait faites durant l’entretien d’embauche (salaire, avantages, charge de travail) ne correspondent pas à la réalité. Des conseils ?

Réponse :

Bonjour,

Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions
Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions
Dans un premier temps, sachez que votre situation n’est pas exceptionnelle, le stage et la première année de pratique permettent de réaliser ce qu’est le quotidien d’un juriste et l’ambiance prévalant dans l’entreprise choisie pour débuter sa carrière. Certaines déceptions peuvent amener à se questionner, à plus fortes raisons si vous n’avez pas eu l’opportunité d’y évoluer à titre d’étudiant.

Ceci étant dit, quitter cet emploi après si peu de temps constitue probablement le remède ultime et, si vous devez le faire, ce doit être fait de façon intelligente pour ne pas dire stratégique. Mais avant de parler de la façon de quitter, il vaut mieux chercher une solution afin d’y rester.

Divergences sur les aspects économiques

Si votre employeur ne respecte pas ses promesses au niveau salarial ou autres avantages reliés à la rémunération, il m'apparaît évident qu’une discussion s’impose. Bien qu’il soit naturel d’être inconfortable dans une situation dans laquelle vous confrontez votre employeur, il ne faut pas hésiter à le faire lorsque ce dernier ne respecte pas un engagement clair.

Vous œuvrez dans un cabinet de taille moyenne alors il a y probablement plusieurs associés. Trouvez en un avec qui vous êtes à l’aise et expliquez lui la situation. Lors de l’embauche, la rémunération est habituellement établie de façon claire donc il devrait être assez facile d’exprimer la source de votre insatisfaction. « On m’a promis tel montant mais je reçois tel montant, on m’a promis telle chose et je ne la reçois pas… ».

Si votre salaire et vos avantages n’ont pas été établis de façon claire et précise, vous avez bénéficié de votre première leçon concrète en droit des obligations. Clarifier la situation peut s’avérer ardu voir impossible si la perception ou le souvenir de votre employeur est différent de ce que votre mémoire vous indique.

Cette situation est malheureusement plus fréquente qu’on ne le croit, principalement en ce qui concerne la bonification souvent évoquée lors des entrevues d’embauche mais rarement précisée. Il en va de même pour les avantages sociaux ou matériaux tel que cellulaire, stationnement, etc…

Dans les grandes structures, les bonis et avantages sont offerts selon des principes établis ou sont clairement discrétionnaires mais vous savez à quoi vous attendre. Ce sont dans les plus petits cabinets ou petites entreprises que les divergences risquent de survenir. Si c’est votre cas, une bonne discussion peut améliorer votre sort mais n’y allez pas avec des attentes trop élevées.

Divergence sur la charge de travail

Ce problème peut être plus difficile à solutionner. Vous ne voulez pas envoyer le message que vous n’êtes pas prêt à travailler fort sans pour autant accepter de vous laisser exploiter…. Est-ce que les objectifs d’heures facturables ont été discutés ? Est-ce que votre salaire a été établi en fonction d’objectifs précis ? Est-ce que la charge de travail actuelle est ponctuelle ou constante ? Ce ne sont là que quelques unes des questions que vous devez vous poser.

Cependant, en toute situation, la communication est de mise. Je vous conseille encore là d’en discuter, toujours avec un associé avec qui vous êtes confortable. Faites-le avec plus de nuances que pour les aspects économiques considérant que cet aspect du contrat de travail est habituellement lui-même plus nuancé. Gardez aussi en tête que la profession de juriste n’est pas un emploi de 9 à 5 particulièrement en pratique privée.

Le lien de confiance est brisé

Vous avez tenté de clarifier et idéalement de régler la situation mais rien n’y fait. Peut-être est-il préférable de quitter ? Comment faire ?

Une des réalités du marché du travail est le fait qu’un candidat ayant un emploi semble toujours plus attirant qu’un autre qui est libre comme l’air. Les employeurs ont l’impression qu’un candidat libre acceptera toute offre qui se présentera à lui tout en attendant une meilleure option. De plus, ils s’imaginent, avec raison dans la plupart des cas, qu’un candidat ayant déjà un emploi ne quittera celui-ci que pour un autre qui le stimulera vraiment.

En conséquence, attendez d’avoir trouvé mieux avant de claquer la porte mais gardez en mémoire que la famille juridique montréalaise est petite. Conservez vos bonnes habitudes de travail auprès de votre employeur actuel et ce, même si vous savez que vous quitterez bientôt. En plus d’une question de respect envers celui qui vous a donné votre première chance, vous aurez toujours besoin de bonnes références et il est préférable qu’un employeur soit triste de vous voir quitter son entreprise plutôt que l’inverse.

En vous souhaitant que la situation s’améliore, je vous souhaite bonne chance dans vos démarches.

La Question au Recruteur

Chaque semaine, le recruteur juridique Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.

La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.


Sur l'auteur

Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.
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