Leaders

Tête-à-tête avec le boss de McCarthy

Main image

Dominique Tardif

2015-10-07 15:00:00

Cette semaine, Me Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Me Marc-André Blanchard, président du conseil et chef de la direction de McCarthy Tétrault…

1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier ou une autre profession ?

On me disait, dès mon jeune âge, que j’allais certainement devenir avocat ou politicien. À l’adolescence, comme si je voulais contredire les attentes, je me suis dit tiraillé entre l’ophtalmologie, le droit et le journalisme.

Mes premiers résultats en sciences ont eu rapidement raison de mes ambitions en médecine ! J’ai aussi fait quelques essais journalistiques, pour en conclure que je préférais prendre parti plutôt que d’être un observateur neutre.

Ce qui m’attirait dans le droit était de pouvoir représenter les gens et les causes. Je pensais aussi que le droit pouvait mener dans différentes directions, qu’il s’agisse des affaires, du service public ou du travail au sein d’organismes paragouvernementaux. Je ne m’attendais pas nécessairement à faire une longue carrière au sein d’un cabinet d’avocats. La vie en a voulu autrement ! J’ai été happé par la pratique…et par McCarthy Tétrault ! Les défis, différents et multiples, que j’y ai trouvés ont fait en sorte que j’y suis depuis bientôt 25 ans.

2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière ?

Me Marc-André Blanchard est président du conseil et chef de la direction de McCarthy Tétrault
Me Marc-André Blanchard est président du conseil et chef de la direction de McCarthy Tétrault
Que ce soit dans la pratique du droit, en gestion ou en politique, pour moi, le défi le plus passionnant est de rallier les gens autour d’un objectif commun ambitieux qui vise à faire une différence et à changer le cours des choses. Avec l’expérience, j’ai réalisé que fixer des objectifs ambitieux était nécessaire mais que certaines des conditions essentielles à la réussite se trouvent dans l’exécution d’une somme de petites choses. C’est là que le travail d’équipe, l’excellence de chacun, la résilience et le leadership entrent en jeu.

Quand j’ai été nommé chef de la direction de mon cabinet, j’ai réalisé rapidement que tout se jouait au niveau de l’exécution. Plusieurs grands cabinets ont des objectifs stratégiques similaires à ceux de McCarthy Tétrault. On cherche à faire le travail le plus important pour les clients, qu’ils soient de la grande ou moyenne entreprise. On cherche à agir pour les leaders d’industrie actuels ou en devenir. Ce qui distingue McCarthy Tétrault de ses compétiteurs doit donc être au niveau de la prestation des services que nous offrons à nos clients. Il faut apporter plus de valeur à nos clients que ne le font nos compétiteurs alors que certains de nos compétiteurs sont aussi très bons. Une somme de petites et grandes choses nous permettent de nous distinguer. Il nous faut dépasser les attentes de nos clients par nos connaissances juridiques bien sûr, mais aussi par nos connaissances de leur industrie. Il faut dépasser leurs attentes à chacune des prestations que nous leur offrons, que ce soit à la cour, en négociation, à la réception de nos bureaux, quand ils participent à l’un de nos ‘événements clients’, ou quand ils reçoivent une communication de notre part. Au début de mon mandat, j’ai vite réalisé qu’il était plus facile de développer un plan stratégique que de l’exécuter.

Je me souviens de la période où nous avons décidé de mettre de l’avant la gestion de projet. Il a fallu démolir les cloisons entre les avocats et les gens du service des finances ou de l’informatique de notre cabinet. Les gens n’avaient pas l’habitude de travailler ensemble de façon si interactive pour livrer nos services. Nos gens n’avaient pas non plus l’expérience de travailler de façon si transparente avec nos clients. Le but était de nous assurer une plus grande efficacité et la plus grande prévisibilité possible au niveau de nos honoraires.

Je me suis rapidement aperçu que si je voulais que les choses arrivent, il fallait absolument convaincre les gens des objectifs que le cabinet mettait de l’avant, mais aussi qu’il fallait un environnement où les gens se sentent engagés et imputables. Il faut ainsi non seulement mesurer des choses pour assurer l’imputabilité mais aussi créer un environnement où les gens sentent qu’ils peuvent agir, parfois ne pas réussir totalement et ainsi accepter de prendre des risques raisonnables…toutes des choses qui ne sont malheureusement pas au programme des facultés de droit!

3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit ?

L’heure chargeable!

4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique ? Et pourquoi, à votre avis ?

Je crois qu’elle n’est ni meilleure ni pire. Pour toutes sortes de raisons, les avocats sont jugés sévèrement par la société.

Le rôle des avocatset l’importance de ces derniers dans notre économie de marché sont mal compris et peut-être…mal communiqués. Des milliers d’avocats font des contributions extrêmement significatives, qu’il s’agisse de services pro bono ou de la représentation de gens dans des situations extrêmement difficiles et pénibles. Contrairement à la pensée populaire, beaucoup d’avocats font d’abord et avant tout leur travail par passion et non pour le gain financier. Les avocats sont des agents de changement dans la société, des phares de générosité pour la communauté et des personnes très engagées.

5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière, voulant réussir en pratique privée et ayant l’ambition de suivre vos traces ?

Il m’est difficile de donner des conseils, parce que le contexte actuel est si différent de celui dans lequel j’ai commencé.

Je crois, cela dit, aux vertus intemporelles de la générosité ! Lorsqu’on est généreux, on voit le verre à moitié plein, on est engagé, passionné et tolérant. On fait aussi confiance, tant à soi-même qu’à son employeur, ses clients, ses collègues, la magistrature et aux gens qui nous entourent. Faire confiance aux autres amène les autres, en retour, à nous faire confiance et à nous apprécier. On s’investit dans sa carrière, sans chercher un raccourci et sans calculer. Plein d’anecdotes me viennent en tête de situations où j’ai fait certaines choses dans la vie sans rien attendre en contrepartie, mais où cela a donné lieu à bien des opportunités d’affaires ou à des rencontres qui ont fait une grande différence. Quand une opportunité s’offre à vous, si petite soit-elle, donnez-y votre maximum.

Je recommande finalement d’avoir une vision à long terme des choses et d’être déterminé. Tout le monde passe par des hauts et des bas; il faut éviter d’agir trop sous l’impulsion du moment ou sous l’influence de la mode du jour. Il faut se rappeler qu’une carrière, c’est un marathon, non un « sprint ».

La générosité nous amène aussi à présumer de la bonne foi de la personne qui s’adresse à nous. Il est évidemment tentant de penser que notre interlocuteur ou l’autre partie est de mauvaise foi et qu’il voit les choses de façon incorrecte. Il faut plutôt toujours essayer, au contraire, de voir le problème ou la situation en se mettant dans les souliers de la personne qui vit le problème, qui nous en fait part ou qui est ‘de l’autre côté’: cela permet d’arriver à des conclusions et résultats très différents de ceux qu’on pourrait spontanément être portés à suggérer et cela, surtout, permet d’arriver à des règlements ‘gagnant-gagnant’!

En vrac…

Dernier bon livre qu’il a lu : Thirteen Days in September (auteur : Lawrence Wright). Le récit fascinant des Accords de Camp David… un must pour les négociateurs, les passionnés d’histoire et de politique !

Ses films préférés : Les uns et les autres (réalisateur : Claude Lelouch) et Jésus de Montréal (réalisateur : Denys Arcand).

La chanson de ses 16 ans : Tainted Love (artiste : Soft Cell)!

Ses péchés mignons : La friture, le gras et les fromages!!

Son restaurant préféré : Leméac (Avenue Laurier Ouest).

Ses villes fétiches : New-York, Londres et… Montréal.

Le personnage historique qu’il admire le plus: Winston Churchill pour sa résilience, sa détermination, sa rigueur et son leadership.

S’il n’était pas avocat, il serait…directeur d’hôtel ou capitaine de bateau !

Me Marc-André Blanchard est président du conseil et chef de la direction de McCarthy Tétrault qu’il dirige depuis 2010. Me Blanchard pratique le litige civil et commercial et conseille des entreprises sur des enjeux stratégiques, des questions de gouvernance et politique publique. Il agit aussi à titre de médiateur et d’arbitre. Avant d’être nommé président du conseil et chef de la direction du cabinet, Me Blanchard a rempli deux mandats consécutifs à titre d’associé directeur pour la région du Québec .

Me Blanchard a participé à des mandats portant sur des conflits entre actionnaires, des fusions et acquisitions contestées, l’exploitation des ressources naturelles, des procédures d’arbitrage, des enquêtes internes et des commissions d’enquête. Il a notamment représenté CGI, Desjardins, Kruger Inc., Rio Tinto, l’Université de Montréal, HEC Montréal et l’Association canadienne de protection médicale. Il est mentionné dans le répertoire juridique Canadian Legal Expert Directory en tant qu’avocat chef de file dans le domaine du litige lié au droit des sociétés et au droit commercial. Il est reconnu comme un important acteur du changement au Canada qui influence la façon dont les cabinets d’avocats interviennent auprès des clients et du public en général.

En 2013, il a été nommé parmi les 25 avocats les plus influents au Canada selon la revue Canadian Lawyer pour son impact sur le secteur des services juridiques canadien. Catalyst Canada lui a remis le prix de reconnaissance de chef d’entreprise pour son leadership en matière de diversité. En 2004, il a été reconnu comme l’un des 40 meilleurs avocats de moins de 40 ans au Canada par la revue Lexpert.

Outre ses contributions à la profession juridique, Me Blanchard s’implique activement dans la collectivité. Il est membre du conseil d’administration de la Fondation des maladies du cœur du Canada. Il est président sortant et membre du conseil de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC), un institut affilié à l’Université de Montréal. Il est membre du conseil d’administration du Conference Board du Canada. Il est membre actif de la Young Presidents’ Organization (YPO). De 2000 à 2008, il a été président du Parti libéral du Québec. Il a participé activement aux équipes de transition de plusieurs gouvernements tant au niveau fédéral que provincial.

Me Blanchard détient un baccalauréat en droit de l’Université de Montréal (1988), une maîtrise spécialisée en droit international public de la London School of Economics and Political Science (1990), ainsi qu’une maîtrise en administration publique et une maîtrise en relations internationales avec spécialisation en droit du commerce international de la School of International and Public Affairs de l’Université Columbia (1992). Il a été admis au Barreau du Québec en 1992.
41062

1 commentaire

  1. Avocat
    Avocat
    il y a 8 ans
    Avocat
    Lui n'aurait pas gardé Marcel Aubut au sein de l'équipe. Cependant il existe des cabinets de première classe et de seconde classe, même chose pour la probité...

    Rappel:

    http://m.radio-canada.ca/sujet/elections-montreal-2013/2013/09/27/005-mario-charpentier-epingle-dge-equipe-denis-coderre.shtml


    http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2009/11/09/003-ADQ-Charpentier-demission.shtml

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires

Espace publicitaire
Espace publicitaire
Espace publicitaire