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Autoriser l'aide médicale à mourir en santé mentale, une question complexe

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La Presse Canadienne

2016-03-07 07:00:00

L'une des questions les plus litigieuses soulevées par la future loi du Canada sur l'aide médicale à mourir est de savoir si les personnes atteintes de troubles de santé mentale devraient aussi avoir la permission de recourir aux services d'un médecin pour mettre un terme à leurs jours...

Autoriser l'aide médicale à mourir en santé mentale, une question complexe
Autoriser l'aide médicale à mourir en santé mentale, une question complexe
La semaine dernière, un comité parlementaire a recommandé que les Canadiens atteints de maladies psychiatriques leur causant une souffrance intolérable soient inclus dans toute législation encadrant le suicide assisté avec le concours d'un médecin, qui a été légalisé le 6 juin 2015 en vertu d'un jugement historique de la Cour suprême.

Le plus haut tribunal du pays n'a cependant fait aucun énoncé particulier relativement à l'aide médicale à mourir pour les individus souffrant de problèmes psychiatriques, ce qui a poussé les spécialistes de la santé mentale à se demander comment cette décision devrait être interprétée et ce qu'elle pourrait avoir comme conséquence pour l'un des segments les plus vulnérables de la population.

"Nous savons que la société n'accepterait pas que des gens soient traités différemment juste parce qu'ils ont une maladie différente", a affirmé le Dr Sonu Gaind, président de l'Association des psychiatres du Canada.

"Mais la question qui nous préoccupe vraiment, c'est d'assurer que la manière d'évaluer de façon appropriée les processus clés pouvant être influencés par les troubles de santé mentale soit clairement comprise, et ce, peu importe le type d'aide médicale à mourir", a poursuivi le Dr Gaind, avant d'ajouter que les évaluations requises devraient être réalisées par des psychiatres.

"C'est un sujet complexe et nous voulons vraiment nous assurer qu'en présence de problèmes de santé mentale, il y ait des mesures de protection et des évaluations d'experts."

L'une des plus grandes inquiétudes concerne la meilleure approche pour déterminer si une requête de suicide assisté découle de l'état mental de la personne créé par la maladie dont elle est atteinte _ une dépression grave, par exemple, peut engendrer des pensées suicidaires _ ou est basée sur un désir raisonnable d'échapper à une longue souffrance.

"Si le résultat est le même dans les deux cas, les implications du suicide comme nous en parlons traditionnellement et de l'aide médicale à mourir sont très différentes", a indiqué le Dr Gaind.

La question à savoir si l'individu a oui ou non la capacité à prendre une telle décision, l'une des exigences pour être admissible

à l'aide médicale à mourir, doit également être examinée, a-t-il soutenu, étant donné qu'un trouble de santé mentale peut déformer la pensée du patient ainsi que miner son aptitude à traiter les renseignements pertinents et à comprendre les conséquences de ses gestes.

La Cour suprême a également décrété qu'un patient devait souffrir d'une maladie incurable pour avoir le droit de recevoir l'aide d'un médecin pour s'enlever la vie. Le Dr Sonu Gaind a toutefois fait valoir que cette notion était très différente selon que le mal était mental ou physique.

"En santé mentale, nous ne devons pas seulement gérer les symptômes du problème psychiatrique. Nous savons aussi que la souffrance est souvent aggravée par d'autres facteurs psychosociaux comme un logement inadéquat, l'isolation, la pauvreté et le chômage", a-t-il expliqué.

Apporter des solutions à ces problèmes, tout en ayant recours à des médicaments et à d'autres thérapies, peut grandement modérer la gravité de la maladie, et le fait que cette dernière résiste aux traitements médicamentés ne veut pas nécessairement dire qu'elle est incurable, a conclu le Dr Gaind.
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