Entrevues

Quels enjeux à la pratique du droit des affaires?

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Céline Gobert

2016-07-27 11:15:00

Quels sont les grands défis des avocats en droit des affaires? Quels sont les liens entre l’entrepreneuriat et la pratique du droit ? Une associée chez RSS nous répond…

Me Sharon G. Druker est associée chez RSS
Me Sharon G. Druker est associée chez RSS
Me Sharon G. Druker exerce le droit commercial et le droit des sociétés. Associée chez RSS, elle supervise aussi le département des Services corporatifs du cabinet. Le Conseil du Barreau de Montréal a annoncé cet été le renouvellement de son mandat à son Comité de liaison avec les avocats en droit des affaires.

La mission de ce Comité est de rapprocher davantage du Barreau les avocates et les avocats pratiquant le droit des affaires. Parmi les initiatives lancées pour y parvenir, le Comité a organisé, le 14 avril dernier, une simulation de négociation à laquelle a participé Me Druker.

Droit-inc a souhaité lui poser quelques questions.

Droit-inc: En quoi consiste ce partenariat entre le Barreau de Montréal et le Comité de liaison avec les avocats en droit des affaires?

Me Sharon G. Druker: Comme l’explique le plus récent rapport annuel du Barreau de Montréal, le comité a pour rôle « d’amener les avocates et les avocats pratiquant en droit des affaires à s’impliquer davantage dans les activités du Barreau ».

D’où vient l’initiative d’un tel comité?

Le comité a été créé en 2013 à l’initiative de Me Luc Deshaies, qui était alors bâtonnier du Barreau de Montréal. Les « avocats sans toge » étaient sous-représentés au sein du Barreau : on voulait les amener à participer davantage aux activités de la section et à améliorer leur sentiment d’appartenance envers l’ensemble des consœurs et confrères, de façon à faciliter la collaboration et les échanges d’idées.

Quel est votre rôle au sein de celui-ci?

Je me suis jointe au comité l’année dernière, à l’invitation de Me Doris Larrivée, qui en est la coordonnatrice. Je connaissais déjà Doris, pour avoir siégé pendant trois ans au comité sur les avocates dans la profession du Barreau de Montréal : j’étais donc très contente d’avoir l’occasion de collaborer avec elle de nouveau.

En plus de contribuer aux rencontres du comité, j’ai animé une activité de formation continue consistant en une négociation simulée visant l’achat d’une société. L’utilité de cette démarche me semblait évidente : on connaît assez bien le travail des avocats plaidants. En revanche, les avocats d’affaires ont un rôle peut-être plus discret, mais tout aussi exigeant et subtil, qu’il fallait illustrer. Cette activité a été fort bien accueillie, ce qui nous incite à reprendre la formule.

Quels sont selon vous les grands défis des avocats en droit des affaires?

La majeure partie de notre travail a trait aux transactions. Nous sommes toutefois liés par les soubresauts du marché : nous ne pouvons pas faire grand-chose quand les marchés sont léthargiques! Il faut donc apprendre à gérer notre pratique entre les moments de frénésie et les moments plus calmes, qui illustrent le besoin de soigner notre marketing et d’accentuer notre réseautage.

En fait, tous les avocats, quel que soit leur domaine d’exercice, font face aux mêmes difficultés : nous avons un rôle essentiel à jouer, dans un contexte social et juridique en évolution constante. En cela, nous avons tous une tâche exigeante. Par chance, toutefois, c’est cette difficulté qui la rend intéressante et stimulante!

Quels obstacles rencontrent-ils le plus communément dans leur pratique aujourd’hui?

Je déplore que parfois, les clients n’apprécient pas le travail qu’exige une transaction bien faite. Une fusion, une acquisition exige la rédaction d’une foule de documents, tous interdépendants : il faut être un bon chef d’orchestre pour assurer qu’aucun détail ne soit omis. Certains clients pensent qu’on ne fait que remplir des formulaires, alors que chaque transaction doit être faite sur mesure et que les documents doivent être adaptés à la situation précise. Il faut fignoler les détails sans pour autant s’écarter d’une approche globale et pragmatique.

Diriez-vous qu’il y a une nécessité pour les avocats d’être des « businessmen » ou des entrepreneurs?

Il faut à coup sûr être un peu des deux. On n’a pas le choix : la pratique du droit est en soi une entreprise, que l’on soit en cabinet privé ou au sein d’un contentieux. Nous devons être efficaces, non seulement pour que nos cabinets ou nos départements soient rentables, mais surtout parce que nos clients exigent cette efficacité dans la prestation des services.

Quelle est votre vision du lien entre droit et entrepreneuriat?

Je vois le juriste et l’entrepreneur comme des partenaires mutuellement complémentaires. Le droit est un élément crucial pour appuyer l’entrepreneuriat et pour la réalisation de sa créativité, et l’entrepreneuriat est une source d’inspiration pour les avocats. L’entrepreneur est un fonceur : l’avocat doit faire appel à son expérience pour l’accompagner en identifiant les avenues qui l’aideront à atteindre ses objectifs tout en cherchant à minimiser les risques qu’il court.

Quels conseils donneriez-vous aux avocats en droit des affaires?

De se joindre au Comité de liaison des avocats en droit des affaires!

Surtout, je les encourage à s’engager auprès de la communauté juridique, que ce soit au Barreau du Québec, au Barreau de Montréal, à l’Association du Barreau canadien, etc. On y rejoint ses pairs et on apprend d’eux en partageant nos expériences.

Je les encourage également à s’intégrer à la communauté non-juridique : à siéger au conseil d’administration d’un organisme à but non lucratif, à participer à la gestion de l’école de leurs enfants, etc. Ceci aide non seulement au réseautage mais de façon également importante à notre épanouissement professionnel et personnel.

Enfin, je les invite à ouvrir leurs horizons en consultant non seulement la documentation juridique, mais également les publications et périodiques sur le monde des affaires, la politique, l’actualité sociale. C’est tellement facile avec les médias électroniques! La pratique du droit est avant tout une affaire de connaissance, de savoir.

Les champs de pratique de Me Sharon G. Druker incluent les fusions et les acquisitions, les achats, les ventes et le financement des entreprises (par voie d’emprunt et d’actions) ainsi que d’autres transactions. Elle conseille et représente des particuliers, des sociétés de personnes et par actions de diverses tailles faisant affaires au Québec, au Canada, aux États-Unis sur le plan international.

D’autres avocats de RSS sont engagés auprès de l’organisme : Me Lynne Kassie, Ad. E., Conférence des anciens bâtonniers, Me Pascale Nolin, Comité de l’administration de la justice civile et Comité de liaison avec la Cour supérieure en matière familiale, dont elle est présidente et Me Pierre Visockis, Comité de liaison avec la Cour supérieure en matière civile.
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