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Les criminalistes technos

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Julien Vailles

2016-09-13 15:00:00

Ces deux avocats ne pourraient pas pratiquer sans leurs tablettes électroniques. En effet, ces frères jumeaux ont mis les technologies au coeur de leur pratique. Droit-inc les a rencontrés!

Mes François-Xavier Doyon et Félix-Antoine Doyon
Mes François-Xavier Doyon et Félix-Antoine Doyon
Me Félix-Antoine Doyon arrive directement de Québec, sa tablette électronique à la main. C'est pour lui un outil indispensable afin de meubler les trois heures d'autobus qui séparent la capitale de la métropole. « C'est du temps précieux pour travailler sur mes dossiers, qui serait autrement perdu! » explique-t-il.

Même chose lorsqu'il est au palais de justice, en attente d'une audition, ajoute-t-il. Pour lui, son iPad est en fait un bureau mobile, où sont stockés presque tous ses dossiers. Moins lourds à transporter, ils sont aussi accessibles en tout temps et où qu'il soit.

Il pratique avec son frère jumeau, Me François-Xavier Doyon, dans leur cabinet de Québec. Ces deux diplômés de 2012, respectivement de Sherbrooke et d’Ottawa, ont réservé une place centrale aux technologies dans le cadre de leur pratique en défense.

Des économies de temps et d’espace

Non seulement les règles de pratique le permettent, mais la technologie rend même plus facile le respect de ces règles, précise Me François-Xavier Doyon. Que ce soit les rapports comptables, la facturation, les comptes en fidéicommis ou les cartes-clients, les informations peuvent facilement - et automatiquement - être transposées d'un document à l'autre, explique-t-il. « Par exemple, lorsqu'on reçoit un client pour une nouvelle affaire, sa carte-client se met automatiquement à jour sur une simple manipulation! »

À cela s'ajoute la possibilité pour les clients d'avoir accès à leur dossier en ligne, grâce à un courriel sécurisé. Au moyen d'un système nuagique (« cloud ») les associés du bureau peuvent également se transmettre les documents d'un même dossier facilement et rapidement. Sans compter les économies en temps, en espace et en frais de secrétariat, ajoutent les associés.

Comme dans les cartons du Barreau

Me François-Xavier Doyon
Me François-Xavier Doyon
Récemment, la bâtonnière du Québec Claudia P. Prémont réitérait à Droit-inc la volonté du Barreau d'encourager un investissement dans les technologies, afin de contribuer à réduire les délais du système de justice. Mes Doyon sont du même avis : selon eux, il faudrait instaurer, à l'échelle provinciale, un système de remises informatisé.

« On perd un temps fou au palais de justice pour faire une simple remise, expliquent-ils. Un système informatisé réduirait cette attente, limiterait les coûts pour les clients et permettrait aux juges d'être occupés ailleurs, où ils sont plus utiles. Tout le monde est gagnant! », font-ils valoir. En pratique, les avocats pourraient ainsi choisir leurs disponibilités en ligne et les faire concorder avec les heures des rôles des tribunaux.

Déjà, dans certains districts, dont celui de Québec, on peut vérifier en quelques clics, sur Internet, si l’on a un procès prévu le lendemain; il suffit d'entrer son nom d'utilisateur-avocat et son mot de passe, rappellent Mes Doyon.

La version papier : obligatoire?

L'École du Barreau est aussi visée : les deux associés rappellent qu'il est obligatoire d'avoir une version imprimée de la Collection de droit. En plus de coûter cher, il s'agit évidemment d'une quantité substantielle de papier. « Et pourtant, la Collection est publique et gratuite sur Internet! rappellent-ils. Et si on s'en contentait, et qu'on ne faisait payer que les étudiants qui tiennent à avoir la collection en version imprimée? »

Autre élément à prendre en considération : la version papier devient désuète un an après sa parution, alors que l'édition en ligne est mise à jour à chaque nouvelle édition, indiquent-ils. Et la même règle s'applique pour le Journal du Barreau, que les avocats reçoivent chaque mois.

Par ailleurs, Me Félix-Antoine Doyon ajoute que la quantité de copies de procédures à imprimer est phénoménale. « Par exemple, il faut sept copies du mémoire et des annexes pour dépôt à la Cour d'appel. Je me souviens d'un dossier qui faisait 4 000 pages...imaginez les coûts astronomiques gaspillés pour ça! » On devrait donc laisser le choix aux juges, croit-il : ceux qui le veulent pourraient consulter une version PDF, alors que les autres pourraient continuer à imprimer.

Quels inconvénients aux technologies?

Me Félix-Antoine Doyon
Me Félix-Antoine Doyon
S'ils encensent ainsi la technologie, les deux frères concèdent sans détours qu'elle comporte aussi quelques inconvénients. Les tribunaux, par exemple, n'y sont pas toujours adaptés. Ainsi, beaucoup de salles des palais de justice n'ont pas de réseau Wi-Fi.

Malgré tout, certains juges apportent leur ordinateur ou leur tablette afin de s'y référer. « Je me souviens même d'une juge, en Chambre de la jeunesse, qui prenait carrément ses notes sur sa tablette! » se remémore Me François-Xavier Doyon.

Cependant, lorsqu'on vise l'utilisation d'un logiciel en particulier, il est plutôt difficile de se mettre d'accord sur celui qui conviendra à tous, admettent les associés.

Malgré tout, et si, dans quelques décennies, on demandait des intervenants du système de justice - notamment les juges, les avocats et les greffiers - qu'ils aient une connaissance approfondie de la technologie? Ce serait pour le mieux, concluent-ils.
9116

1 commentaire

  1. PP
    Habillement
    Avec la technologie, on n'a plus besoin de s'habilleux convenablement non plus comme avocat, c'est merveilleux!

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