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Les initiations étudiantes vont-elles trop loin?

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Julien Vailles

2016-09-26 15:00:00

« À Laval, les filles avalent » ou « Ottawa, y sucent même pas » sont autant de phrases scandées lors des initiations étudiantes des facs de droit. Des voix s’élèvent pour les dénoncer…

Les initiations étudiantes vont-elles trop loin?
Les initiations étudiantes vont-elles trop loin?
Des voix s'élèvent pour dénoncer la « perpétuation de la culture du viol et la banalisation de la sexualité » lors des activités d'initiation à la Faculté de droit de l'Université de Montréal. C'est ce que relève le Pigeon Dissident, journal des étudiants de la Faculté de droit de l'UdeM.

Dans un texte signé par l'équipe du journal, on condamne les comportements encouragés lors des initiations étudiantes, qui « déconsidèrent surtout la femme en la montrant comme un vulgaire objet » et qui encourageraient des étudiants à avoir ou à subir des comportements sexuels déplacés pour entrer dans les bonnes grâces des « juges » chargés de les évaluer.

« Quand on entend (...) l’intégralité de la fameuse Matante Germaine où l’on va se faire « sucer la graine », il y a de quoi être rebuté. Disons-le, personne n’ignore ces réalités. Nous savons tous ce qu’est la sexualité et nous ne disons nullement que la vivre pleinement est un mal. Mais faut-il pour autant en faire quelque chose d’aussi banal? D’aussi déconsidéré et facile? », s’interrogent les auteurs.

Aucune règle écrite

Contrairement à ce qui prévalait dans d'autres établissements, comme ce qui a fait les manchettes récemment à l'Université du Québec en Outaouais, il n'existe aucune règle écrite qui prescrit un tel comportement. Le problème, dénoncent des étudiants, c'est que les comportements dégradants sont à ce point valorisés qu'en pratique, il est difficile de gagner des coupes lors des initiations sans s'y soumettre.

Parmi les reproches, on mentionne des chansons aux paroles déplacées, l'incitation aux participants à se déshabiller ou à embrasser les autres pour gagner des « coupes ». « Il y a une très grande corrélation entre le nombre de brassières et les coupes », indique d'ailleurs une étudiante anonyme.

Le problème ne se limite pas qu’à l’objectification de la femme, expliquent également les auteurs qui évoquent les conséquences de la culture du viol sur les hommes. Ces derniers subissent, selon eux, « une pression sociale analogue tendant vers l’hypermasculinité. »

Malgré tout, le journal refuse de blâmer qui que ce soit en particulier et déclare que chacun, par son silence, cautionne ce genre de pratiques. Il invite donc tout un chacun à ne pas perpétuer celles-ci. « Il n’y a pas de coupables ici. Ce ne sont pas les organisateurs. Ce ne sont pas les participants. Les coupables, c’est vous, c’est nous (...) »

Réponse de l'Association

L'Association des Étudiant(e)s en Droit de l'Université de Montréal (AED) a répondu par le biais d'un communiqué publié dans le Pigeon Dissident. Elle déclare ainsi prendre « avec le plus grand des sérieux » la responsabilité qui lui incombe relativement à l'organisation des initiations, et déclare du même souffle que la Faculté de droit en soi n'est en aucun cas à blâmer dans cette controverse.

Tout en soulignant son engagement et sa croyance envers la campagne « Sans oui, c'est non » lancée par la Fédération des Associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAÉCUM), elle reconnaît qu'il reste du travail à faire dans ce domaine au sein du campus.

« Pour que ça change? Il faut se taire lorsqu’un d’entre nous entonnera Matante Germaine ou dira « Tu nous délaisses » à un de ses collègues. Il faut prendre la mesure de nos paroles; elles sont l’extension et le reflet de notre pensée », concluent-ils.

Contactée par Droit-inc, l’équipe du Pigeon Dissident s’est abstenue de tout commentaire.
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