Êtes-vous agile face au changement?

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Sophie Audet

2016-09-30 14:15:00

Il peut parfois être difficile ou effrayant de faire face à des changements drastiques dans sa vie ou dans le cadre de son travail. Une coach offre ses conseils pour gérer le choc…

Sophie Audet est coach d'affaires
Sophie Audet est coach d'affaires
Amélie est une jeune avocate qui pratique le droit commercial au sein du contentieux d’une entreprise montréalaise.

Sophie Audet, coach professionnelle, l'assiste dans le développement de son leadership et répond aux questions qu’elle se pose quand elle est mise en difficulté dans le cadre de situations professionnelles.

A: Coach
De: Amélie
Sujet : Choc nucléaire
Date: 26 septembre 2016 – 9 : 32

Allo Coach,

J’espère que tu vas bien.

De mon côté, je suis un peu en état de choc. J’ai appris vendredi dernier que mon entreprise avait été acquise par un géant technologique. On nous a expliqué que cette transaction n’aurait pas vraiment d’impact sur les activités canadiennes mais je suis très sceptique.

Tout d’abord, notre président a déjà annoncé qu’il quittait et la personne qui le remplacera semble beaucoup plus préoccupée par la réduction des coûts que le développement humain…

De plus, le nouvel acquéreur a une grosse équipe juridique à Washington et à Toronto. Il m’apparaît donc inévitable que ceci aura un impact sur mon quotidien…

Bref, mon hamster tourne à pleine vitesse depuis vendredi.

Peux tu me donner quelques trucs pour faire face à un tel changement?

Comment faire face au changement?

Ciao et merci d’avance!

Amélie

A : Amélie
De : Coach
Sujet : Développer son agilité émotionnelle
Date: 26 septembre 2016 – 18 : 33

Bonjour Amélie,

Voici quelques pistes pour faire face au changement.

1. Comprendre les mécanismes de notre cerveau reptilien
Pourquoi est ce si difficile de faire face au changement?

Tout simplement parce que notre cerveau associe le changement à une menace à notre statut, à notre autonomie, à notre niveau de certitude du futur ou à un autre aspect de notre identité qu’il perçoit alors en péril (1).

Notre cerveau reptilien déclenche alors un des mécanismes instinctifs suivants: attaquer (fight), fuir (flight) ou figer sur place comme un lapin dans les phares d’une voiture (freeze). Les ressources de notre cerveau sont par la suite focalisées sur ce qu’il considère relever de la survie, le privant ainsi de d’autres fonctions essentielles.

Ainsi, nos mécanismes de survie pourront nous inciter à être en déni face à ce qui nous arrive, à être anxieux, à ruminer, à résister, à nous positionner en victimes ou à tomber dans le piège de la pensée catastrophique.

Il nous sera alors impossible de voir clair et de prendre des décisions.

Lorsque nous faisons face à un changement, l’enjeu le plus important est donc de prendre conscience des mécanismes instinctifs de notre cerveau et de mettre en place des conditions favorables pour ne pas s’y soumettre aveuglément. Aucune solution ne pourra émerger sans avoir fait cet exercice au préalable. C’est ce qui bloque la majorité d’entre nous.

2. « Showing up »

Les réactions de notre cerveau reptilien sont très puissantes. Nous devons donc demeurer très vigilants pour ne pas en devenir otages.

Susan David, psychologue à la faculté de médecine de l’Université Harvard nous explique que la première chose à faire pour développer notre agilité émotionnelle est de « showing up ». (2)

« Showing up » consiste tout simplement à faire face à nos pensées et nos émotions avec curiosité, tout en demeurant chaleureux, amical et compréhensif envers soi comme nous le ferions pour un bon ami.

Même si c’est contre intuitif et que cela demande une certaine dose de courage, faire le choix de demeurer suffisamment présent à nous-mêmes lors de situations critiques est la pierre angulaire qui nous permettra d’avoir conscience de ce qui se passe en nous et de demeurer alerte aux mécanismes de notre cerveau reptilien.

3. « Stepping out » en utilisant la technique du balcon

Lorsque nous faisons le choix d’être présents à nous-mêmes, il est souvent difficile de ne pas être happés par nos pensées et nos émotions.

Comment pouvons-nous procéder pour que ce soit plus facile?

Susan David nous explique que la clé est de développer notre capacité à les observer pour ce qu’ils sont : uniquement des pensées et des émotions.

Une technique puissante pour parvenir est d’observer nos pensées et nos émotions « à partir du balcon », (3) c’est à dire comme si nous étions une tierce partie neutre, complètement étrangère à la situation. « Voir la situation à partir du balcon » nous permettra plus aisément de demeurer présents pendant le bouillonnement de nos émotions. Nous pourrons également prendre conscience des pensées que nous avons en temps réel. Pour que l’exercice soit efficace, il est très important que cette observation soit bienveillante, objective, factuelle et sans aucun jugement quant à nous-mêmes ou ce qui est observé.

Ce changement de perspective nous permettra de substituer notre identification au contenu de nos expériences (ex. rumination sur les scénarios possibles à la suite de l’acquisition) par une attention au contenant de notre expérience (ex. fait que nous sommes en train de ruminer). Ainsi, au lieu d’être submergés dans le drame de notre histoire, nous serons en mesure de prendre du recul et de voir la situation de l’extérieur.(4)

Cette perspective plus objective créera un espace entre nos émotions et la façon dont nous y réagissons. Ceci nous permettra par la suite de choisir les comportements que nous jugeons les plus pertinents dans les circonstances.

4. « Moving on » en se concentrant sur ce que nous contrôlons et sur nos options

Lorsque nous aurons créé en peu d’espace entre nous-mêmes et nos pensées et nos émotions, nous aurons le calme nous permettant d’initier une réflexion. Je rappelle qu’il est inutile d’amorcer cette réflexion avant d’avoir complété les étapes précédentes.

Souvent, ce qui nous rend inconfortable par rapport au changement est notre sentiment d’impuissance par rapport à la situation. Comment y remédier?

Tout d’abord, en se posant des questions pour élargir nos moyens d’action et mettre l’emphase sur les aspects sur lesquels nous avons le contrôle.

Quelles sont nos forces et nos ressources? Comment pouvons nous les utiliser pour les mettre à contribution? Qu’est ce qui est possible? Que pouvons-nous apprendre de la situation? Comment pouvons-nous influencer la suite de l’histoire? Comment pouvons-nous la transformer en quelque chose de positif? Même si ces questions peuvent paraître simplistes, elles peuvent faire toute la différence en pareille situation.(5)

Par la suite, en faisant une liste complète sans censure ni jugement de toutes les options que nous avons. Nous avons toujours quelques options.

5. Se mettre en action

Après avoir effectué la liste de nos options, nous devons prendre du recul afin de faire un choix éclairé quant à ce que nous voulons vraiment. Qu’est ce qui est important pour nous? Voulons-nous partir ou rester?

Si nous décidons de rester, comment pouvons nous augmenter notre satisfaction et notre motivation dans les prochains mois ? Quelle serait la première étape? De quels outils avons nous besoin? Dans certains cas, un changement drastique est nécessaire pour remédier au désenchantement auquel nous faisons face. Le cas échéant, quelle serait la première étape pour avoir un regard neuf tant à l’égard de nous-mêmes que de nos possibilités? Qui pourrait nous aider dans cette démarche ?

Quelle que soit l’option que nous choisissons, se fixer des objectifs précis, réalistes, clairs, spécifiques et mesurables augmentera de façon significative nos chances de succès pour réaliser ce que nous voulons.

Quels sont tes constats ?

Ton coach

A : Coach
De : Amélie
Sujet : Merci !
Date: 28 septembre – 9 :16

Allo Coach,

Merci pour ce feed back. Je réalise que j’ai été complètement happée par les mécanismes de mon cerveau reptilien et engloutie par la situation. Je te remercie de me l’avoir fait réalisé.

Créer un espace entre mes émotions et mes réactions m’a non seulement déjà permis de me calmer mais d’identifier plusieurs options et possibilités d’action.

Est ce que nous pouvons nous voir en début de semaine prochaine pour en discuter?

Merci encore!

Amélie

Un coach professionnel est une personne bien placée pour vous aider à développer votre leadership personnel.

Pour plus d’information, Consulter mon site web à www.sophieaudet.ca . Suivez moi sur Facebook.

(1) David Rock, Docteur en neurosciences, professeur à l ‘Université Oxford au UK et Cofondateur du Neuroleadership Institute and Summit a modélisé les aspects essentiels et primaires de survie pour le cerveau sous le nom de SCARF.
(2) Pour plus de détails, voir l’excellent « Emotional Agility » qu ‘elle vient tout juste de publier.
(3) Pour plus d’information sur la stratégie du balcon, voir l’excellent « Getting Past No »
de William Ury, directeur du Global Negotiation Projet à l’Université Harvard.
(4) Pour plus de détails sur comment s’effectue ce changement de perspective et ces effets, voir http://www.droit-inc.com/article18131--Mindfulness-Comment-entrainer-son-cerveau-a-etre-plus-conscient
(5) (5) Inspiré des travaux de Carole Dweck, professeur de psychologie à l’Université Standford et auteur du livre « Mindset
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