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Sortie de crise chez les avocats de province!

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Jean-francois Parent

2016-10-05 15:00:00

L’Association des avocats de province vient de s’éviter un psychodrame, un peu à l'image de celui qui a affligé le Barreau l’an dernier avec l’Affaire Khuong. Ouf!

Le dossier disciplinaire de l’ex-bâtonnière de l’Abitibi et administratrice de l’AAP Peggy Corbel Warolin a fait surface
Le dossier disciplinaire de l’ex-bâtonnière de l’Abitibi et administratrice de l’AAP Peggy Corbel Warolin a fait surface
Une bombe est tombée le 20 septembre dernier lors du conseil d’administration de l’Association des avocates et avocats de province (AAP), tenu à Magog juste avant le congrès annuel donnant le coup d’envoi à l’année 2016-2017.

Le dossier disciplinaire de l’ex-bâtonnière de l’Abitibi et administratrice de l’AAP Peggy Corbel Warolin a fait surface, causant l’émoi parmi les membres du CA.

Le CA venait d’apprendre que Me Warolin avait déjà fait l’objet d’une plainte disciplinaire pour des événements passés en 2006 et 2007.

La nouvelle est tombée alors que l’AAP s’apprêtait à débattre des dispositions à inclure dans une éventuelle déclaration de conflit d’intérêts à faire signer par tous les membres du CA.

Jeune avocate, comptant moins de trois ans de pratique au moment des faits reprochés par le syndic-adjoint d’alors Jean-Michel Montbriand, Me Warolin s’était vu infliger des amendes totalisant 3200 $ en 2010, peut-on lire dans la décision sur sanction.

Sa faute, mentionne la décision rendue par le conseil de discipline en février 2010, a été de s’être placée en situation de conflit d’intérêts, d’avoir induit un client en erreur et d’avoir entravé le travail du syndic-adjoint en omettant de lui transmettre tous les documents pertinents à son dossier faisant l’objet d’une enquête.

Erreur de jeunesse?

Me Maxime Bernatchez a refusé de donner plus de détails
Me Maxime Bernatchez a refusé de donner plus de détails
Apprenant la nouvelle, le conseil a alors interrompu ses travaux pour débattre de la conduite à tenir. « Certains se sont demandés s’il fallait suspendre Me Warolin », explique le président de l’AAP l’avocat sherbrookois Maxime Bernatchez, qui refuse de donner plus de détails.

Selon nos sources au sein du CA, la question débattue était de savoir si les antécédents disciplinaires de Me Warolin la disqualifiaient de siéger au CA de l’AAP. « Autour de la table, ce n’était pas unanime, mais je dirais que plus de la moitié des gens n’en faisait pas de cas », selon Me Bernatchez.

Pour certains, c’était une erreur de jeunesse, survenue il y a 10 ans, et pour laquelle Me Warolin a par ailleurs fait amende honorable.

Pour d’autres, c’était plutôt une question de principe : les administrateurs doivent être au-dessus de tout soupçon.

Le problème, c’est que les statuts de l’AAP sont muets quant à la conduite à tenir en pareil cas. Et que les administrateurs de l’AAP ne savaient pas s’ils avaient légalement le droit de suspendre l’avocate déléguée par l’Abitibi.

Pour Marc Lemay, bâtonnier au Barreau de l'Abitibi, le « crime » était réglé depuis longtemps
Pour Marc Lemay, bâtonnier au Barreau de l'Abitibi, le « crime » était réglé depuis longtemps
On a fait un tour de table, certains ont expliqué qu’il fallait prendre le temps de lire la décision et de voir ce qu’on pouvait faire légalement. Mais personne n’a demandé à Me Warolin de démissionner », soutient Me Bernatchez.

Au Barreau de l’Abitibi, on a rapidement réagi. « Pour nous, ce « crime » était réglé depuis longtemps, explique le bâtonnier Marc Lemay. On a dit carrément à l’AAP que notre barreau remettrait son association en question s’il suspendait Me Warolin », fulmine l’ex-député du Bloc québécois.

Selon Me Lemay, le Barreau d’Abitibi a averti l’AAP qu’il monterait aux barricades si on décidait d’exclure Me Warolin du conseil.

« On a une jeune avocate, qui est toute seule dans son bureau, qui se pogne avec le syndic, qui a eu, comment dirais-je, une attitude moins respectueuse que d’habitude, et on voudrait la lapider sur la place publique ? », s’indigne-t-il.

Me Lemay pointe du doigt la foire d’empoignes qui a paralysé le Barreau du Québec, l’an dernier, à la suite des révélations concernant Lu Chan Khuong
Me Lemay pointe du doigt la foire d’empoignes qui a paralysé le Barreau du Québec, l’an dernier, à la suite des révélations concernant Lu Chan Khuong
Connaissant les faits, la section régionale l’avait même nommée bâtonnière l’an dernier, explique Me Lemay. « Et elle a fait un travail extraordinaire pour la nouvelle gouvernance du Barreau », dit celui qui affirme avoir « brassé la cage » du CA de l’AAP pour qu’il prenne le temps de bien mûrir sa décision et, surtout, de prendre la « bonne » décision.

À qui profite le crime?

Même si elle est publique, la sanction dont a écopé Me Warolin n’était pas connue de tous, loin s’en faut.

C’est pourquoi le moment choisi pour en révéler l’existence laisse Marc Lemay perplexe. « Quelqu’un veut sa peau, ou sa place, c’est clair », déplore-t-il, se demandant si Me Warolin n’est pas une victime collatérale de jeux de coulisses.

Il pointe du doigt la foire d’empoignes qui a paralysé le Barreau du Québec, l’an dernier, à la suite des révélations concernant Lu Chan Khuong.

Peggy Corbel Warolin avait à l’époque donné son appui à la candidature de Me Luc Deshaies, à titre personnel.



Maxime Bernatchez refuse de commenter cette affirmation. Officiellement, « c’est Me Warolin qui a porté la situation à l’attention du CA lors de la discussion sur la mise en place d’une déclaration sur les conflits d’intérêts », dit-il.

Me Warolin avait, à l’époque, donné son appui à la candidature de Me Luc Deshaies, à titre personnel.
Me Warolin avait, à l’époque, donné son appui à la candidature de Me Luc Deshaies, à titre personnel.
Les administrateurs de l’AAP contactés par Droit-Inc sont avares de détails, et ont refusé d’être identifiés.

Cependant, certains jugent farfelue l’idée selon laquelle Me Warolin serait victime d’une attaque pour ses allégeances politiques. Du point de vue de la gouvernance, les antécédents de Me Warolin devaient être discutés.

D’autres estiment au contraire que la question mérite d’être posée, postulant que la lutte électorale de l’an dernier a fait des mécontents.

À la suite d’une réunion spéciale tenue lundi soir, « le CA de l’AAP a décidé de maintenir Me Warolin en poste et de lui réitérer sa confiance », confirme Me Bernatchez.

Le vote des administrateurs, qui n’était pas unanime, s’est néanmoins conclu par 10 voix contre une en faveur de Peggy Corbel Warolin. Cette dernière n’a pas répondu aux nombreuses demandes d’entrevues de Droit-inc.
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