Entrevues

CJ DavidsTea : « L’absence de routine est le plus excitant »

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Céline Gobert

2016-12-13 15:00:00

Que fait-on quand on est conseillère juridique principale au sein de DavidsTea? De ses mandats les plus excitants à ses meilleurs souvenirs, cette juriste d’expérience nous dit tout!

Me Nathalie Rolland exerce à titre de Directrice, Affaires Juridiques et Secrétaire Corporative depuis plus de deux ans chez DavidsTea
Me Nathalie Rolland exerce à titre de Directrice, Affaires Juridiques et Secrétaire Corporative depuis plus de deux ans chez DavidsTea
Cet article s’inscrit dans une série d’articles que Droit-inc consacre aux différents métiers du droit. Zoom sur les conseillers juridiques de grandes entreprises.

Me Nathalie Rolland exerce à titre de Directrice, Affaires Juridiques et Secrétaire Corporative depuis plus de deux ans chez DavidsTea, une firme spécialisée dans la vente de thés. Pendant huit ans, elle a enseigné le droit à l’École du Barreau. Elle a également été avocate à son compte pendant trois ans, ainsi qu’en pratique privée chez Stein Monast et Deveau Lavoie et Associés.

Droit-inc: Pouvez-vous me présenter votre travail chez DavidsTea ? Quels sont vos mandats au quotidien?

Me Nathalie Rolland : Mon travail est de supporter l’équipe exécutive au niveau des opérations de la société, avec différents fournisseurs et différents partenaires d’affaires. Je m’assure de collaborer avec les gens des opérations dans les magasins, en marketing digital, en technologie de l’information notamment au niveau de la protection des renseignements personnels, la propriété intellectuelle de la marque, etc. Ce qui est intéressant avec DavidsTea c’est que c’est une compagnie publique seulement depuis un an, alors qu’elle existe depuis huit ans. Il a fallu s’adapter à cette nouvelle structure réglementaire, que ce soit en ce qui concerne la divulgation de l’information, la composition du C.A ou la prise de décisions. Il faut alors préparer les documents publics, les rapports annuels, les politiques et codes éthiques pour les employés, et s’assurer de tenir la gouvernance informée.

Justement, quel est le rapport relationnel que vous entretenez avec la gouvernance? Est-ce la même chose qu’en pratique privée?

Ce que je trouve positif ici c’est que je suis considérée comme une partenaire. Il n’y a pas de compétition où chacun cherche à développer sa propre clientèle. Nous partageons un même but : s’assurer que les opérations se passent bien. Quand je suis arrivée, j’étais la première avocate. On se demandait si je n’allais pas compliquer les choses et devenir la police à l’interne. Nous avons maintenant une relation où j’essaie d’être flexible, où le but est de trouver avant tout des solutions. Et quand je mets des limites, c’est qu’elles sont requises.

Est-ce que le domaine dans lequel évolue l’entreprise était important pour vous au moment de prendre le poste?

Quand on aime le produit, on va peut-être se montrer plus à l’écoute d’une offre d’emploi. Mais dans mon cas c’était moins le domaine que l’ambiance et les valeurs de l’entreprise qui ont été importantes pour moi. L’entreprise aurait pu vendre des pièces d’autos dans une ambiance qui privilégie la créativité et l’humain…

Vous avez travaillé en entreprise, en solo et en pratique privée. Quelles différences notables constatez-vous entre les trois et qu’avez-vous préféré?

J’ai beaucoup apprécié mon expérience en cabinet, surtout quand je pratiquais en litige. En début de carrière, j’ai eu la chance de travailler dans un cabinet de petite taille. Dans la relation avec le client, j’avais presque un rôle de conseiller juridique pour eux, car ils n’avaient pas d’avocats à l’interne. J’ai cherché à essayer autre chose car je voulais être celle qui exécute le plan, faire partie de la stratégie globale et non plus seulement d’une portion de l’entreprise. De plus, j’ai toujours été très intéressée par le milieu des affaires. En solo, je suis allée chercher de la flexibilité, notamment en ce qui a trait à la conciliation travail / famille, mais je me suis vite confrontée aux mêmes problématiques qu’en cabinet, c’est-à-dire que je n’étais pas impliquée totalement dans les activités de l’entreprise.

Pensez-vous que le métier de conseiller juridique ait beaucoup évolué ces dernières années?

Oui, je crois que de plus en plus de gens voient les avocats comme de véritables partenaires d’affaires, qui ne sont plus seulement présents pour résoudre des problèmes ou lors d’acquisitions. Les clients font appel à eux pour prévenir les problèmes et pas juste pour les corriger. Aussi, on demande de plus en plus à l’avocat à l’externe d’effectuer le travail plus rapidement et à moindre coût. Le client regarde davantage la facture aujourd’hui.

Ça, c’est quelque chose de plus négatif?

Si j’étais encore en pratique privée, je le verrai plutôt comme une opportunité de me distinguer dans l’offre de services, en m’adaptant aux nouvelles réalités. Il est possible dans certaines circonstances d’offrir une grande qualité à moindre coût. Il faut se montrer flexibles dans l’offre. La personnalisation du service est importante aussi. Un associé peut être responsable d’un dossier mais son taux horaire est tellement élevé qu’on fait appel à un junior pour travailler sur le dossier. Comme client, on peut alors vouloir que la relation soit plus directe et ne pas passer par différents intermédiaires.

Qu’est-ce que vous trouvez le plus excitant dans votre métier?

L’absence de routine. Le fait qu’il y ait beaucoup de renouveau. Quand je parle de mon métier, je veux surtout dire « travailler pour DavidsTea. » J’aime la possibilité de pouvoir faire plusieurs choses, de ne pas être confinée à une seule tâche.

Auriez-vous un souvenir ou une anecdote particulière à me raconter et qui vous a marqué positivement?

Oui, un grand moment de fierté. Quand DavidsTea est entré à la Bourse NASDAQ. J’étais à Time Square à New-York, et pendant 15 minutes tout a pris les couleurs turquoises de DavidsTea : les grands écrans affichaient le logo, les camions de rue aussi, il pleuvait, et parmi les parapluies tout était DavidsTea, même les courtiers d’ordinaire plus conservateurs portaient nos couleurs! Ça venait couronner un travail de longue haleine, c’était pour moi une grande fierté de faire partie de ce beau succès québécois et canadien. C’était un moment magique.

Que diriez-vous de la place des femmes dans la profession de conseillers juridiques en entreprises?

En terme d’équilibre travail/famille, tout va dépendre du contentieux dans lesquels vous travaillez. Après, il y a de longues heures… Ce n’est pas nécessairement plus facile qu’en pratique privée. L’important est de bien choisir son employeur et d’effectuer une bonne vérification diligente afin d’en choisir un qui corresponde à nos valeurs et à notre style de vie. Si l’on veut que les choses changent, il faut aussi que nous changeons nos façons de faire, ne pas répliquer la formule masculine mais diriger avec nos valeurs féminines. En termes de flexibilité notamment, ce qui est important c’est que le travail soit fait.

Que conseillerez-vous aux jeunes conseillers juridiques, hommes ou femmes, qui voudraient se lancer dans une carrière en grande entreprise?

De mieux connaître le rôle d’un conseiller juridique en entreprise. Il ne passe pas seulement la journée à lire des contrats mais va travailler avec les RH, en propriété intellectuelle, ils vont être de vrais partenaires d’affaires. C’est toujours bien de rencontrer des conseillers juridiques pour nous parler de leur travail. Ensuite, je leur conseillerai d’obtenir un diplôme en gestion qui leur apporte une vision de leur rôle d’avocat.

Combien va gagner un conseiller juridique?

Je ne pourrais pas vous dire. Ça dépend de la taille de l’entreprise, du type d’industrie, etc. Il faut aussi regarder si c’est une entreprise publique qui peut appliquer un programme d’actionnariat, ou bien une société non publique qui va avoir mis en place un système de bonis ou des REER. Il faut également regarder les opportunités que l’entreprise amène. Ça aussi, c’est quelque chose à ne pas négliger. Il y a beaucoup d’autre choses que le salaire.

Pour lire l’entrevue de Droit-inc avec la conseillère juridique de Rio Tinto, c’est ici.
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