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« Le droit est un outil… et il faut en mettre plusieurs dans sa boîte »

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Dominique Tardif

2017-12-20 14:15:00

Cette semaine, Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Sabine Bruckert, Vice-présidente Ressources humaines, Chef du contentieux et secrétariat corporative chez Velan Inc.

1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocate plutôt que de choisir un autre métier ou encore une autre profession?

Sabine Bruckert, Vice-présidente Ressources humaines, Chef du contentieux et secrétariat corporative chez Velan Inc
Sabine Bruckert, Vice-présidente Ressources humaines, Chef du contentieux et secrétariat corporative chez Velan Inc
C’est un mélange d’opportunités manquées et d’opportunités saisies qui m’a conduite vers le droit. J’ai grandi dans une famille de huit enfants, en appartement, en plein centre de Paris. Les débats familiaux étaient constants autour de la table, du trotskysme au royalisme! J’aimais écouter les grands parler et trouvais fascinant de voir comment on peut influencer à travers le raisonnement, l’engagement, les discussions et la passion.

J’ai, dans les faits, davantage choisi les études que le métier. Un cours d’histoire du droit m’avait, notamment, fait saisir avec fascination comment la fiscalité pouvait influencer à la fois la famille, l’éducation, le commerce et l’architecture. Je me suis ensuite inscrite à un troisième cycle en économie, commerce et fiscalité internationale à la Sorbonne et, de fil en aiguille, j’ai travaillé chez PriceWaterhouse comme conseillère juridique à Paris.

Si l’on vivait alors le début de la spécialisation, j’ai à l’époque demandé, au contraire, à ne pas me spécialiser tout de suite. On a acquiescé à ma demande en m’offrant de passer de département en département, quatre mois à la fois, en aidant ceux-ci à chacune de leur période occupée de l’année. Quatre ans plus tard, j’avais bâti des relations avec des gens de chacun de ces départements. Avec le temps, j’ai créé mon propre poste, devenant celle qui s’occupait des dossiers demandant un travail interdépartemental, transversal et/ou international.

2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?

Ce fut d’intégrer le facteur humain. Dans notre travail, il est, en effet, essentiel d’intégrer les aspects humains aux aspects techniques. On s’imagine souvent, au départ, que la technique va tout gérer et que, si le dossier bien ficelé, tout fonctionnera. Or, on réalise rapidement que rien ne va si on n’écoute pas et qu’on ne comprend pas les aspects humains sous-jacents d’un dossier. À chaque transaction et à chaque dossier, je note l’importance du facteur humain, qu’il s’agisse d’implanter une usine en Inde ou en Chine, de faire une acquisition en Europe, etc. Pour éviter bien des écueils, on se doit d’être vigilant, à l’écoute et attentif, d’aller derrière le pourquoi de chaque affirmation pour en comprendre la logique, et de rencontrer les gens. C’est en partie pour cette raison, d’ailleurs, que je joins à mon rôle de chef de contentieux celui de vice-présidente des ressources humaines.

3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?

Cela peut sembler banal, mais demeure très important : si j’avais une baguette magique, j’améliorerais l’accessibilité en termes de coûts et de temps. Ne faisant ici d’aucune façon une action de dénonciation et ne prétendant pas non plus connaître la meilleure option à choisir, j’invite néanmoins à la vigilance citoyenne en matière d’indépendance judiciaire. La démocratie étant une chose fragile, c’est un domaine toujours à risque et pour lequel il faut une vigilance extrême.

4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?

J’ai l’impression, et bien qu’il me soit difficile de répondre à cette question comme je me déplace beaucoup dans le cadre de mes fonctions, que la perception du public est meilleure qu’avant. J’ai en effet le sentiment que la profession est perçue comme étant moins élitiste et que sa féminisation et les différentes origines culturelles favorisent une diversité, et donc un rapprochement, de la profession avec les gens.

5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et souhaitant être un jour à la tête des affaires juridiques d’une compagnie?

Je rappellerais, d’abord, que le droit est un outil…et qu’il faut en mettre plusieurs dans sa boîte à outils, surtout considérant que les développements technologiques sont appelés à faire évoluer la pratique. J’encouragerais aussi les jeunes à avoir des formations multidisciplinaires et à maîtriser plusieurs langues. Le voyage, par ailleurs, et l’exposition au monde doit à mon avis faire partie du parcours d’un avocat, puisque cela nous apprend tellement de choses.
  • Deux livres qu’elle a bien aimés : De la brièveté de la vie (auteur : Sénèque) et Qu’est-ce qu’une vie réussie (auteur : Luc Ferry)

  • Un bon film qu’elle a vu récemment : Les figures de l’ombre (réalisateur : Theodore Melfi)

  • Ses citations préférées :

  • « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » : Mark Twain.

    « Il est temps de rallumer les étoiles et que chacun y contribue en apportant sa petite étincelle » : Guillaume Apollinaire.
  • Son péché mignon : Visiter un musée d’art après les heures d’ouvertures!

  • Son restaurant préféré : La croissanterie Figaro (sur Hutchison à Montréal)

  • Un endroit qu’elle aimerait visiter : La Terre de Feu

  • Les personnages historiques qu’elle admire : Les héros de toutes les résistances, comme Jean Moulin et autres

  • Si elle n’était pas avocate (ou plus avocate)… elle consacrerait du temps à l’engagement social, communautaire et politique.


BIOGRAPHIE

Depuis 2006, Me Sabine Bruckert occupe chez Velan Inc le poste de vice-présidence Ressources humaines, Chef de contentieux et secrétaire corporative. Elle a débuté sa pratique chez PriceWaterhouse en Europe, pratiquant essentiellement en droit corporatif, droit du travail et fiscalité internationale. Elle a poursuivi sa carrière en joignant Birks & Mayors en qualité de Chef de contentieux et secrétaire corporative. Elle a pratiqué plus particulièrement en droit corporatif, contractuel, commercial et financier ainsi qu’en droit du travail. Elle détient un Baccalauréat et une Maîtrise en droit des affaires et un Diplôme d’études supérieures spécialisées en finance, fiscalité et commerce international de l’Université Panthéon-Sorbonne, est membre du Barreau de Paris (87-92) et du Barreau du Québec (1992). Me Bruckert est membre de l’Association du Barreau Canadien, du RFAQ, membre affilié de l’ORHRI et de l’Association des Secrétaires et Chef de Contentieux du Québec.
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