Portrait

Entre la toge et le trapèze

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Julien Vailles

2018-09-19 15:00:00

Cette avocate, qui a longtemps jonglé avec l’idée de devenir artiste de cirque, a finalement réussi une double carrière…

Me Annie Drapeau
Me Annie Drapeau
Parmi les juristes ayant un parcours inusité, Me Annie Drapeau décroche sûrement une palme. Celle qui est une artiste de cirque dans l’âme a quitté le droit au début des années 2000 pour se lancer dans le vide. Puis, après une fructueuse carrière de trapéziste pendant plus de dix ans, la voici de retour comme avocate…pour de bon!

En effet, après quatre ans de pratique, elle vient d’intégrer le cabinet Doyon Avocats, à Québec, pour y apporter son expertise en droit de la famille.

Revenons 20 ans en arrière. Si Me Drapeau était en effet passionnée par les arts du cirque, elle avait cependant toujours eu l’intention d’être avocate. « J’ai décidé de faire une technique juridique, mais c’était juste pour ne pas aller en sciences humaines comme tout le monde », se souvient-elle. Ce faisant, elle comptait bien avoir une longueur d’avance à l’Université.

Le doute

Après un stage de technicienne au service de la magistrature du Palais de justice de Québec, c’est là que les choses ont changé. « Je m’en souviens comme si c’était hier. J’étais chez mes parents, accoudée au comptoir de la cuisine, et j’ai eu un déclic. Je me suis dit que je voulais essayer ça, être trapéziste », raconte-t-elle.

Elle a vu une artiste à l’œuvre lors d’un événement. « J’ai contacté le Cirque EOS, qui m’a référée à une école de cirque. Là-bas, j’ai joué de chance : ils démarraient un groupe pour adulte et j’ai pu m’y intégrer. Ça n’a pas pris de temps : après 20 minutes, j’ai su que c’était pour moi! », confirme Me Drapeau.

Début 2000, elle a donc commencé des cours deux fois, puis trois fois par semaine. Elle s’est aussi mise à donner des cours pour les enfants. Mais rapidement, ce n’était plus assez.

Le saut dans le vide

Entre les années 2003 et 2005, elle a continué sa carrière de trapéziste et a donné de plus en plus de cours.
Entre les années 2003 et 2005, elle a continué sa carrière de trapéziste et a donné de plus en plus de cours.
Car parallèlement, elle avait été acceptée au baccalauréat en droit de l’Université Laval. Alors qu’elle débutait ses cours à l’automne de l’an 2000, elle s’est rapidement ennuyée.

« J’avais effectivement des bonnes bases avec ma technique. Avec les cours de base, on partait vraiment de zéro : qu’est-ce que la jurisprudence, comment lire le Code civil, des notions que j’avais déjà apprises », dit-elle.

Cela ne l’a pas empêchée de compléter avec succès sa première année de droit. Mais les choses se sont gâtées ensuite.

« Je n’avais plus envie d’y aller, raconte l’avocate. Le cirque prenait de plus en plus de place dans ma vie et il devenait impossible de concilier ça avec mes études », dit-elle.

Elle a donc complètement laissé tomber le droit du jour au lendemain. Entre les années 2003 et 2005, elle a continué sa carrière de trapéziste et a donné de plus en plus de cours. Avec un partenaire, elle a formé un duo baptisé Hypnose, qui a prêté ses services à diverses troupes de cirque au Canada et aux États-Unis.

Mais elle ne s’est pas arrêtée là. Avec les contacts qui s’accumulaient, Me Drapeau a décidé de fonder sa propre agence de production, Bleu Cirque Production, pour les artistes du cirque.

La chute

Après les festivals internationaux, dont des participations aux événements du Cirque du Soleil, sa carrière a brusquement basculé en 2009. Une chute accidentelle pendant un spectacle l’a forcée à quitter momentanément sa carrière et à faire de la physiothérapie. Mais alors qu’elle tente de retourner à son art, la chose est impossible : des vertiges « post-transitionnels » l’empêchent de faire des mouvements élémentaires. Elle a donc dû mettre fin à sa pratique.

Positive, Me Drapeau voit malgré tout le bon côté des choses : cette chute est arrivée au « moment le moins pire » de sa carrière, à une époque où elle recherche la stabilité et où une nouvelle partenaire, plus jeune, semble prête à lui succéder.

Retour aux sources

Me Drapeau est donc retournée à son premier amour. Grâce à son diplôme, elle s’est dégotée en 2010 un emploi de technicienne juridique dans un bureau de notaires.

Une chute accidentelle pendant un spectacle l’a forcée à quitter momentanément sa carrière
Une chute accidentelle pendant un spectacle l’a forcée à quitter momentanément sa carrière
Elle a occupé ce poste jusqu’à l’année suivante, mais il lui manquait quelque chose. En effet, les dossiers qui lui plaisaient le plus étaient ceux qui étaient litigieux et qui nécessitaient donc un avocat.

Elle s’est donc mise en tête d’aller finir son droit. Difficile, cependant, de faire avaler ça à l’Université Laval. À force de téléphones et de rencontres, Me Drapeau a réussi à convaincre l’administration de la laisser exceptionnellement reprendre son baccalauréat où elle l’avait laissé, avec certaines conditions.

« Ç’a été assez difficile au début, confie-t-elle en riant. Les cours les plus difficiles ont été ceux de droit administratif et de procédure civile avancés, puisqu’une réforme de la procédure avait eu lieu en 2003 », se souvient-elle.

Enfin, en 2013, elle a fini son droit et le Barreau a suivi immédiatement après. L’année suivante, elle était assermentée.

Arrivée chez Doyon Avocats

À présent, après avoir œuvré simultanément en droit criminel, en droit de la jeunesse et en droit familial, elle a décidé de faire du droit de la famille une pratique exclusive.

Une occasion en or pour le cabinet criminaliste Doyon Avocats, qui recherchait justement une expertise complémentaire dans ce domaine. Au début du mois de juillet, elle a donc cessé sa pratique à son compte pour se joindre à l’équipe.

Au terme de tout cela, Me Drapeau n’a pas perdu sa passion. Elle compte bien s’investir dans des dossiers stimulants et éventuellement donner des conférences dans son domaine.

Elle qui avait deux vocations professionnelles en tête, elle a finalement pu concrétiser les deux!
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