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Du Liban au Québec!

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Céline Gobert

2018-10-18 15:00:00

Arrivé avec 10 000 $ en poche du Liban, il a travaillé fort pour devenir associé chez PSB Boisjoli. Retour sur son parcours.

Omar Hamade associé chez PSB Boisjoli
Omar Hamade associé chez PSB Boisjoli
Quand il a débarqué à Montréal en 2002, avec sa femme Rania et son fils Rafik, Omar Hamade n’avait aucun réseau, deux valises sur les bras et 10 000 dollars en poche.

«Je savais que ça allait être difficile car je n’avais pas d’expérience de travail canadienne, se souvient-il en entrevue avec Droit-inc. Mais venir au Canada a finalement été le meilleur “move” de ma vie.»

Et pour cause : 14 ans plus tard, en plus d’empocher désormais une somme annuelle à six chiffres, il saute de défis professionnels en défis professionnels. Fini l’époque où il nettoyait le poisson ou coupait de la viande dans un supermarché PA (aujourd’hui ses «meilleurs clients») pour subvenir aux besoins de sa famille. Une époque qu’il évoque avec Droit-inc les larmes aux yeux.

«J’aimais le froid, je viens des montagnes, et je me suis dit “Pourquoi pas le Québec où je pourrais mettre en oeuvre mes compétences en français et en anglais que j’avais appris au primaire et au secondaire?”», dit-il pour expliquer son choix entre le Canada et l’Australie, les deux options qui s’offraient à lui au départ.

C’est dans ce contexte et en l’espace de quelques années, que celui qui était déjà diplômé en administration des affaires au Liban s’est mis à collectionner les certifications : diplôme d’études supérieures en comptabilité publique de Concordia, titre de comptable professionnel agréé (CPA, CA), titre d’évaluateur d'entreprise agréée (CBV), certification en criminalistique financière (CFF) et titre d’expert en juricomptabilité, rien ne l’arrête!

Associé de la Division des services-conseils aux entreprises chez PSB Boisjoli depuis 2017, le professionnel de 44 ans et maintenant père de deux enfants vient même d’ajouter une corde à son arc puisqu’il est chargé de cours sur l'évaluation des entreprises à l'Université McGill depuis l’an dernier.

Un soutien pour les avocats

Chez PSB Boisjoli, M. Hamade travaille aux côtés des avocats qui lui réfèrent des clients. Il leur offre du support sur des dossiers de litiges, dans des rapports d’expertise et en quantification de dommages, mais aussi en matière d’évaluations d’entreprises et de prix de transfert.

Sa clientèle est variée. Un matin, on peut le mandater pour quantifier des dommages pour un site web. Le lendemain, pour des bateaux ou des avions. «On est aussi impliqués dans des F&A, on fait la vérification diligente pour les acheteurs et vendeurs, mais sans les “matcher”», explique-t-il à Droit-inc.

De plus, il est engagé comme expert indépendant devant les tribunaux, pour l’une ou l’autre des parties, parfois les deux, qui cherchent à déterminer la valeur d’un actif, d’un dommage ou d’une action.

Mais attention : si tout semble rouler aujourd’hui pour l’associé - dont les mandats s’étendent également en criminalité financière (détournement d’argent dans une compagnie, pensions alimentaires, etc.) et en consultation en restructuration - l’entrée chez PSB Boisjoli en 2004 n’a pas été de tout repos!

PSB Boisjoli lui donne une chance

Car, au total, M. Hamade aura eu environ sept entrevues pour entrer dans la firme.

«Les directeurs voulaient me rencontrer, les associés voulaient me rencontrer, les RH voulaient me rencontrer. Un jour, j’ai envoyé un courriel pour ma santé mentale (rires) qui disait :”ça fait un mois et demi que je viens, est-ce que vous vous intéressez à moi?”».

En 2004, le rêve devient réalité : PSB l’embauche. Quelques mois plus tard l’associé Tony Ferracane lui dira «Tu fais partie de l’organisation». À ce jour, cela demeure le meilleur souvenir de sa carrière. «Ça prenait quelqu’un qui me donne ma chance. Et PSB Boisjoli me l’a donnée! J’avais peur d’avoir tout quitté et que ça ne fonctionne pas.»

Il faut dire que M. Hamade ne voulait pas décevoir son père, aujourd’hui décédé, et qui avait consacré toute son énergie et ses économies à l’éducation de ses enfants. D’autant qu’au Liban, les études sont chères : 300 à 400 dollars pour un crédit universitaire. «C’est ainsi que mes parents m’ont élevé : en mettant l’accent sur le travail et l’éducation. Ce sont les seuls moyens d’avoir une vie respectable, et pleine de succès. Travailler fort est tout ce qui compte, il ne faut pas se fier sur la chance.»

Aujourd’hui, ce sont à ses enfants et à la relève de la firme comptable qu’il espère transmettre ses valeurs. «Je sais que rien ne nous est dû. Il faut avoir du respect pour les gens c’est tout ce qui compte.»

Bâtir une clientèle de zéro

Assurément, l’un des plus grands défis de sa carrière aura été de se bâtir un réseau en partant de zéro. «Vous devez être aussi bon que votre dernier dossier, dit-il. S’il n’est pas bon, votre réputation est ternie. Il faut sélectionner les dossiers où tu peux exceller et faire en sorte que le client passe toujours en premier. S’il t’appelle à minuit, tu prends l’appel.»

Faire bonne impression, rester professionnel et respectueux en tout temps compte aussi. «En litige, quand je suis engagé par une partie, que ce soit la demanderesse ou le défendeur, il arrive que l’avocat de l’autre partie que celle pour laquelle je travaille me recontacte plus tard pour un autre dossier.»

Le secret de son succès? Sa capacité à voir les choses «à la fois en détail et dans leur ensemble», répond le quarantenaire.

«Il ne faut pas se perdre dans les systèmes qu’on utilise et oublier ses objectifs. Il ne faut jamais lâcher aussi; les premières années je n’ai pas pris de vacances. Soit j’étudiais, soit je travaillais.»

Encore aujourd’hui, son quotidien va toujours à 100 à l’heure. À 14h30 dans les bureaux de Droit-inc, le lunch de M. Hamade est encore intact dans sa sacoche. Alors, pour décompresser, il fait de la gym, et… il fume beaucoup! «Je sais que c’est une mauvaise habitude! Mais ça me donne une ou deux minutes, dit-il. Souvent après une cigarette je cours au bureau pour mettre une idée sur le papier.»

Et maintenant?

Si PSB Boisjoli est la seule entreprise qu’il ait jamais connu mais il ne voit pas pourquoi il irait voir ailleurs. «Pierre qui roule n’amasse pas mousse», dit le proverbe.

Se sent-il fier de son parcours en bout de ligne? «Aujourd’hui, je suis fier oui, répond-t-il. Mais est-ce que je peux donner encore plus? Je crois que oui. Je ne me vois pas dans une bulle, je hais les gros égos. Il y a une distinction à faire entre l’égo et la fierté.»

C’est ainsi que fonctionne M. Hamade : au jour le jour, sans jamais s’arrêter.

«J’ai toujours un objectif en tête, dit-il. Ma femme me dit tout le temps “Avec toi ça ne s’arrête jamais!”. Mais sans objectif je suis perdu.»

Et aujourd’hui, tout ce qu’il souhaite, c’est d’être présent pour ses deux fils, de les guider. «Je crois qu’ils sont sur le bon chemin», conclut-il, un sourire aux lèvres.
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