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Étudiants autochtones : un pas en avant

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Apolline Caron-ottavi

2019-01-14 14:15:00

Des critères d’admission à l’ouverture d’un local réservé, l’UQAM favorise l’intégration des étudiants autochtones. Entrevue.

Mes Stéphanie Bernstein et Alexandra Lorange.
Mes Stéphanie Bernstein et Alexandra Lorange.
Suite aux recommandations du rapport final de la Commission vérité et réconciliation et grâce à l’obtention d’une subvention, un travail de fond a récemment été fait pour mieux accueillir les étudiants autochtones à l’UQAM.

Pour en savoir un peu plus, Droit-Inc a rencontré Alexandra Lorange, conseillère à l’accueil et à l’intégration des étudiants autochtones (un poste créé en mars 2018), et Me Stéphanie Bernstein, professeur au département des sciences juridiques où un projet pilote a été mis en place pour favoriser l’admission et l’intégration d’étudiants autochtones.

Quatre places sont réservées, en sus du contingent, pour des étudiants autochtones qui n’ont pas un parcours classique, avec un processus d’admission différent.

« On voit qu’une fois admis, ces étudiants réussissent très bien les programmes, sans avoir de passe-droit et sans qu’on leur rende la vie plus facile. C’est surtout un accompagnement, qui leur permet d’avoir un diplôme qui est le même que pour tous les autres et donne accès aux emplois les plus prestigieux, les mieux rémunérés » résume Mme Lorange.

En plus d’avoir déjà une base expérience pour l’admission au bac en droit, elle explique que l’UQAM ajouté une base pour les étudiants ayant une expérience au sein d’un conseil de bande ou auprès d’une organisation desservant une communauté autochtone.

« Afin de favoriser leur admission en reconnaissant leur expérience particulière de travail » poursuit Me Bernstein.

De nombreux défis

Alexandra Lorange est la personne ressource pour tous les étudiants autochtones de l’UQAM mais également pour les professeurs et les professionnels ayant des questions (elle donne même une formation sur les réalités autochtones). Elle souligne que les étudiants autochtones viennent d’horizons variés et font donc face à divers défis.

Ceux qui ont fait leur cégep à l’Institution Kiuna d’Odanak arrivent pour la première fois dans une grande ville, contrairement à ceux qui viennent des milieux urbains.

Certains sont une première génération d’universitaires et peuvent ressentir une grande pression à la réussite, due notamment au programme de financement du fédéral, qui couvre trois ans. Le défi est donc de compléter les cours en trois ans.

« En droit par exemple, il y a 98 crédits à compléter, donc il y a un travail du département pour encadrer les étudiants, pour qu’ils ne se sentent pas dépassés. Les étudiants veulent souvent retourner travailler dans leur communauté, ils ont soif d’aider, alors ils connaissent aussi les défis qui les attendent sur le plan professionnel » précise Alexandra Lorange.

Au départ chef d’orchestre spécialisée dans la musique de films, elle a dû se réorienter suite à un accident en 2009. Elle-même issue de la nation Attikamek par sa mère, elle a alors choisi le droit spécifiquement pour se consacrer au droit autochtone.

« Il y a aussi des défis culturels, de reconnaissance et d’identité. Les mesures mises en place à l’UQAM me touchent énormément car ça permet aux étudiants autochtones qui ont grandi en milieu urbain, comme moi, d’avoir droit à une identité propre et de partager leur culture », commente-t-elle.

Du soutien sous différentes formes

Me Bernstein souligne que le travail d’intégration passe par une meilleure connaissance.

« Il y a eu un appel aux facultés de droit pour favoriser l’intégration d’étudiants autochtones. Et il y a eu un appel aux juristes enseignants-chercheurs pour qu’ils se forment davantage sur les réalités, cultures et savoirs autochtones. Ça va dans les deux sens » explique-t-elle.

À l’image de la fête autochtone organisée en septembre, dont l’objectif était à la fois de faire découvrir à la communauté uqamienne la culture autochtone et de permettre aux étudiants autochtones de vivre leurs cultures au sein des murs de l’université.

En plus d’avoir une personne ressource en Mme Lorange, les étudiants ayant été admis sur une base particulière ont la possibilité d’avoir un mentorat par d’autres étudiants en droit. Par ailleurs, tous les étudiants autochtones ont accès à un local qui leur est dédié.

Ce local n’est accessible qu’aux étudiants autochtones, mais ils peuvent y inviter leurs tuteurs, leurs collègues de travaux d’équipe ou les psychologues.

Mme Lorange rappelle que toutes ces mesures s’inspirent de ce qui a été fait dans l’ouest du pays, et qui a fait ses preuves.

« C’est un environnement culturellement sécurisant. Le témoignage que j’entends souvent c’est que le local leur permet de prendre une pause de la société majoritaire, raconte Mme Lorange. En même temps, ils se mêlent aux autres étudiants et trouvent ça formidable ».
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8 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Prendre une pause des noirs et des juifs
    "le local leur permet de prendre une pause de la société majoritaire"


    Il serait mal vu de professer vouloir prendre une pause des noirs et des juifs, mais dans le climat actuel c'est bien vu, et même "progressiste", de dire vouloir prendre une pause des blancs.

    • Urbain
      Urbain
      il y a 5 ans
      Société hypocrite
      Voilà de vrais double standards. Au pire, il peut prendre une pause dans sa chambre.

      "On voit qu’une fois admis, ces étudiants réussissent très bien les programmes, sans avoir de passe-droit et sans qu’on leur rende la vie plus facile"

      Alors peut-être qu'ils n'ont pas besoin de passe-droit pour être acceptés ?

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Recette pour créer des étudiants de deuxième zone
    Si l'UQUAM cherchait un moyen de diluer (encore plus) la valeur du diplôme qu'elle décerne, en plus d'exposer certains étudiants au ridicule, elle ne pouvait trouver meilleure recette que d'accorder un traitement de faveur fondé sur l'appartenance communautaire.

    Way to go SJWs !

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      "UQUAM"
      L'UQUAM près du métro Berri-De Montigny? La station qui est près de la Régie des alcools?

      Ne vous en déplaise, on n'est plus en 1970. Il faut savoir s'adapter aux changements de société.

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    À réfléchir
    Il serait peut être avisé d'informer les grands intellectuels qui se sont exprimés dans les commentaires ci-haut que l'accessibilité aux hautes études n'est pas un jeu à somme nulle. Conséquemment, vos carrières, vos réputations et vos salaires ne seront pas mit en danger à cause de la présence de quelques autochtones sur les bancs d'une faculté de droit.

    Et pour vous déprendre un peu de votre mépris, sachez que l'expression « société majoritaire » ne doit pas être entendu sous un terme racialisant mais sous une vision socio-économique et culturel.

  4. Une innue
    Une innue
    il y a 5 ans
    Les 4 premiers commentaires : ouf. Des propos qui démontrent que la société majoritaire québécoise part de loin dans ses réflexions.
    L'UQAM a mis des initiatives et surtout des ressources en place destinées à la clientèle étudiante des Premières Nations et c'est tout à son honneur.

    L'UQAM n'est heureusement pas la seule. Plusieurs autres institutions d'enseignement supérieur ont mis en place une myriade d'initiatives qui gagneraient à être mieux connues (ex. Concordia, McGill, l'ENAP, etc.).

    Mettre en place un local réservé à l'utilisation des étudiants autochtones est autant souhaité/recommandé que de rendre les programmes d'études culturellement et académiquement pertinent dans leur contexte, soit le contexte singulier des Premières Nations au Québec.

    Bravo à l'UQAM et aux autres institutions d'enseignement du réseau provincial qui mettent de l'avant ses changements nécessaires à leur offre.

    Il n'en demeure pas moins que la première étape pour plusieurs universités, et surtout la plupart des cégeps au Québec, est de connaître leur clientèle étudiante autochtone. Ça commence par là aussi.

    Tout passe par un important changement de culture institutionnelle au sein desdits établissements enseignement. La collaboration avec les organisations autochtones est sûrement souhaitée ? Poser la question c'est certainement y répondre.

    À suivre.

  5. Seul cégep autochtone au Québec
    Seul cégep autochtone au Québec
    il y a 5 ans
    N'oublions pas Kiuna !
    Bravo à Kiuna aussi.

  6. bémol
    bémol
    il y a 5 ans
    Culture institutionnelle
    Et l'on devrait parler d'inclusion au lieu d'intégration.
    Ça va effectivement dans les 2 sens.

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