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6 questions à Me Gratton sur l’application Alerte COVID

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Camille Laurin-desjardins

2020-08-05 13:15:00

Une associée de BLG répond à nos questions sur l’application développée par Ottawa pour ralentir la propagation du virus. Alors, c’est sécuritaire, ou pas?

 Me Éloïse Gratton répond à nos questions sur l’application Alerte COVID. Photos : Site Web de BLG et Radio-Canada
Me Éloïse Gratton répond à nos questions sur l’application Alerte COVID. Photos : Site Web de BLG et Radio-Canada
Alerte COVID se retrouve depuis le 31 juillet dans l’App Store et dans Google Play (un mois plus tard que prévu). Cette application mobile nationale, mise au point par Santé Canada, sert à avertir les utilisateurs qui se sont trouvés à proximité d’une personne ayant reçu un diagnostic positif à la COVID-19.

Même si elle peut être téléchargée partout au pays, elle n’est en vigueur qu’en Ontario, pour l’instant. Le Québec semble hésitant à y adhérer, notamment pour des raisons de sécurité et de confidentialité. Une commission parlementaire se penchera sur le sujet, vers la mi-août.

Me Éloïse Gratton fait partie du conseil consultatif de l’application, nommé par le gouvernement fédéral. Associée chez BLG, sa pratique est axée sur la cybersécurité, le respect de la vie privée et la protection des renseignements personnels. Droit-inc lui a posé quelques questions sur cette nouvelle application d’« avis d’exposition ».

Droit-inc : Qu’est-ce que c’est, l’application Alerte COVID?

Éloïse Gratton : Premièrement, il est important de dire que ce n'est pas une application de traçage... C'est vraiment une application de notification d’exposition.

L'application envoie une notification à une personne (qui l’a téléchargée), si au cours des 14 derniers jours, elle a été à proximité d’une personne qui elle, indique dans l’application qu'elle a obtenu un résultat positif à un test de dépistage de la COVID-19.

L'application utilise des signaux bluetooth, pour échanger des codes aléatoires avec les téléphones environnants. Les codes sont échangés toutes les 5 minutes.

L'application estime à quelle distance les autres téléphones se trouvent en fonction de l'intensité de leur signal bluetooth.

Comment ça fonctionne?

Si jamais j'obtiens un résultat positif à un test de dépistage de la COVID, je vais recevoir un code unique, de la part des autorités locales de santé publique. Dans l'application, je vais pouvoir rentrer ce code. Ensuite, il y a une notification qui est envoyée aux autres utilisateurs qui ont été en contact étroit avec moi au cours des 14 derniers jours (c’est-à-dire à moins de deux mètres, pendant au moins 15 minutes).

L'application fournit aux utilisateurs qui reçoivent une notification d'exposition possible l'information sur les mesures qu'ils peuvent prendre pour se protéger et protéger les autres.

Quel est votre rôle?

Je fais partie du nouveau conseil consultatif créé par le gouvernement. L'idée, c'est de fournir des conseils et des directives lorsque l'application mobile va être déployée dans tout le pays.

Notre rôle commence cette semaine… De façon préliminaire, on a des rencontres. Mais au cours des prochaines semaines, les provinces vont embarquer, et on va jouer un rôle plus important.

L'idée, c'est de guider le gouvernement. Quand je vois la composition du conseil consultatif, je pense qu'ils ont tenté de s'assurer qu'il y avait une bonne représentation à travers le pays, et on a beaucoup d’expertises différentes.

Considérez-vous que c’est une application sécuritaire?

Oui. C'est une application très simple, qui ne collecte pas beaucoup de données.

En matière de vie privée, ce qui est intéressant, c'est que l’application n'a aucun moyen de connaître l’emplacement d’un utilisateur. Ce ne sont pas des données de localisation, de type GPS, c'est vraiment du bluetooth. L'application ne connaît pas non plus le nom, ni l'adresse, ni le moment où la personne a été à proximité d'une autre personne.

Je l'ai téléchargée – c'est déjà possible de le faire. C’est bien fait, clair, simple, pas compliqué. J’encourage les gens à le faire. Je pense que, surtout dans le contexte de la deuxième vague, c'est un outil complémentaire intéressant.

Mais est-ce qu'il y a quand même certains risques pour la confidentialité?

L'application est bien montée. Le Commissaire à la vie privée fédéral a vraiment fait une analyse, et il a donné son soutien. Ça en dit beaucoup.

Il y a eu un peu de mauvaise presse, au cours des derniers mois, mais surtout en lien avec des applications de traçage de contacts. Les gens ne font peut-être pas la distinction entre une application de traçage, de recherche de contacts, et une application de notification d'exposition. Il faut comprendre que c'est tout à fait différent.

Dans un contexte d'application de traçage, c'est vraiment le gouvernement qui veut obtenir des données. Dans ce type d'application-ci, de notification d’exposition, c'est vraiment pour permettre à l’utilisateur d'avoir l'information permettant de se protéger et de protéger les autres autour de lui.

Pour l’instant, l’application n’est pas encore en vigueur au Québec?

Non. En ce moment, dans le premier volet de déploiement, les autorités en matière de santé publique d'Ontario, sont en train d'entamer la distribution de codes uniques aux personnes chez qui la COVID-19 est dépistée.

Le gouvernement du Canada travaille en collaboration avec les autres provinces et territoires pour offrir l'application partout au Canada. J'ai bon espoir qu'on va l'offrir au Québec.

C'est facultatif, aussi. C'est vraiment pas une application qu’on impose aux citoyens. C'est sûr que le gouvernement espère que les Canadiens et les Canadiennes vont l’adopter.

C'est vraiment vu comme un outil pour ralentir la propagation de la COVID. Mais c'est clair que l'efficacité de l'application pour ralentir la propagation de la COVID est maximale si une majorité de la population canadienne l'utilise.
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3 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 3 ans
    Encore du blabla
    "Mais est-ce qu'il y a quand même certains risques pour la confidentialité?


    "L'application est bien montée."

    Dites-nous en davantage sur les aspects techniques du logiciel, puisque vous avez un avis sur la question.



    "Le Commissaire à la vie privée fédéral a vraiment fait une analyse, et il a donné son soutien. Ça en dit beaucoup."

    ça en dit beaucoup sur l'absence de transparence de l'état.
    Le code source de l'application sera-t-il publié, afin que des tiers réellement indépendant puissent donner leur avis?

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