La Presse

Mon avocat virtuel

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Rene Lewandowski

2009-11-13 11:15:00

Un cabinet d’avocats spécialisé en droit des affaires sur Internet? C’est pour bientôt. Les taux horaires vont enfin baisser !

À Québec, propriétaires de petites entreprises et travailleurs autonomes n'auront bientôt plus besoin de se déplacer pour rencontrer leur avocat. Avec un ordinateur et une connexion internet, ils pourront le faire dans le confort de leur propre bureau. Grâce à un nouveau site que s'apprête à lancer un jeune avocat de la Vieille Capitale et qui promet de révolutionner les interactions clients-avocats.

«Le temps est venu de magasiner son avocat sur internet!» dit Louis-Thomas Deschênes, 31 ans, futur avocat virtuel. Il planche sur ce projet depuis deux ans, démarré tout juste après avoir quitté McCarthy Tétrault, où il pratiquait à Québec. Son idée? Offrir via le web des services juridiques destinés au micromarché des petites entreprises. Un créneau porteur selon lui, car ce type de services n'est généralement pas accessible à cette clientèle, qui y renonce trop souvent faute de pouvoir se payer les taux horaires des grands cabinets.

Ainsi, dès l'automne 2010 au plus tard, les entrepreneurs du Québec pourront, sur www.ltdavocat.com, obtenir une foule de renseignements juridiques pour leur entreprise. Le site sera divisé en sections: financement, corporatif, démarrage d'entreprises, fiscalité, etc. Les informations de base seront gratuites; ce n'est que s'ils désirent de l'info plus pointue que les clients devront payer.

«L'idée est que les clients soient mieux préparés quand ils contactent un avocat, explique Louis-Thomas Deschênes. Ils n'auront ainsi à payer que pour des données ou conseils dont ils ont réellement besoin.» Dans ce cas, ils pourront alors le faire par l'internet: poser des questions, prendre un rendez-vous avec un juriste, et même clavarder en direct avec un avocat grâce à une webcam!

Le concept n'est pas nouveau. En Angleterre et aux États-Unis, plusieurs projets du genre ont été lancés, avec quelques nuances dans les modèles d'affaires. L'une des plus connues s'appelle Virtual Law Partners, cabinet fondé l'an dernier en Californie par une quinzaine d'associés de haut calibre issus de grands cabinets américains. La firme a depuis pris pas mal d'expansion avec l'ajout d'avocats spécialisés qui travaillent de chez eux en sous-traitance. Elle se décrit comme un cabinet d'avocats qui va au-delà des contraintes de la brique et du mortier. Sans bureau physique, VLP a moins de frais fixes à supporter, ce qui lui permet d'offrir des services juridiques de qualité à moindres coûts.

«Quand vous facturez 400$ l'heure à un client qui a l'impression d'obtenir une aubaine, comment pouvez-vous rater votre coup?» déclarait l'an dernier l'un des cofondateurs lors du lancement de VLP.

Louis-Thomas Deschênes est moins gourmand. Son taux horaire oscillera au début autour de 100$, ce qui, comparé aux taux exigés par les grands bureaux de Québec pour un avocat de son expérience, représente une économie de 30 à 40% pour les clients. Mais son projet a-t-il quelque chance de succès?

«C'est un modèle d'avenir!» dit l'avocat Dominic Jaar, président de Conseils Ledjit et grand spécialiste au Canada des technologies juridiques. Fervent partisan du développement d'affaires par le web, Me Jaar souligne néanmoins qu'il faut distinguer sur l'internet les cabinets entièrement virtuels de ceux qui utilisent le web comme outil de communication et vitrine publicitaire.

Deux modèles d'affaires

Les cabinets purement virtuels font tout ou presque par l'internet. Ils utilisent la technologie pour communiquer et livrer leurs services aux clients. Mais il s'agit essentiellement de services juridiques de base: rédaction de contrats simples, opinions juridiques, rédactions de mises en demeure, affaires litigieuses simples, etc. C'est du travail récurrent, souvent produit par de bons logiciels capables de générer des documents juridiques, que l'avocat révise par la suite.

«Pour le client qui n'a besoin qu'une simple mise en demeure, ça vaut la peine, explique Dominic Jaar. Elle va lui coûter beaucoup moins cher que chez un cabinet traditionnel.»

Sur avocatvirtuel.ca, il est ainsi possible d'obtenir une mise en demeure pour aussi peu que 50$ la page. Ce cabinet virtuel québécois lancé en 1999 propose d'ailleurs un véritable menu juridique. On peut obtenir une opinion juridique pour 100$, une consultation virtuelle avec un avocat avec trois options (15 minutes à 30$, 30 minutes à 50$, 60 minutes à 90$), entamer des procédures judiciaires pour 100$ l'heure, demander un formulaire de fixation de pension alimentaire pour enfants pour 40$. Et on peut payer en ligne par carte de crédit!

Le projet de Louis-Thomas Deschênes se fonde sur un autre modèle d'affaires, un modèle mixte en quelque sorte, un peu calqué sur celui de VLP, qui utilise la puissance du web pour faire la publicité des services et accélérer les communications de bases avec la clientèle, mais qui n'évacue pas complètement le contact humain entre l'avocat et son client. Contact qui devient très important pour des dossiers plus complexes, notamment en droit des affaires.

«On voit mal un client envoyer de l'information par courriel à un avocat qu'il ne connaît pas pour qu'il lui prépare un contrat de financement de plusieurs millions de dollars», explique Dominic Jaar. Pour des cas comme ça, il faut nécessairement que l'avocat rencontre son client.

Avec le temps, et si son projet fonctionne comme prévu, Louis-Thomas Deschênes a l'intention d'augmenter l'offre de services et de s'adjoindre des spécialistes qui pourront comme lui travailler de leur domicile. Le site deviendrait ainsi une sorte de carrefour internet en droit des affaires pour PME et travailleurs autonomes. Mais ces avocats n'hésiteraient pas à se déplacer chez les clients lorsque nécessaire.

On aurait donc un bureau virtuel... avec des avocats mobiles!
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