Pierre Arcand

Que vaut l'expérience française?

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Pierre Arcand

2012-03-19 08:30:00

Un avocat originaire de France peine à se faire embaucher malgré une expérience québécoise. Il interroge Pierre Arcand sur les raisons possibles. Le recruteur juridique lui répond.

Question

Bonjour,

Pourquoi le fait d'avoir une expérience professionnelle juridique en France est-elle un obstacle ? Je suis le premier avocat français à avoir créé mon cabinet dans le cadre de l'ARM Québec/France et je n'arrive toujours pas à trouver un cabinet qui me recruterait alors que j'ai fait ma propre expérience québécoise.

Réponse

Cher Lecteur,

Je suis conscient qu’il peut être difficile de trouver un emploi, à plus forte raison dans un pays étranger. J’aimerais pouvoir vous expliquer pourquoi vous rencontrez tant de difficultés mais il me manque énormément d’informations pour bien le faire. Je ne sais pas quel(s) type(s) de droit vous pratiquez, combien d’années d’expérience vous détenez ni quelle est cette expérience québécoise qui vous est propre.

Malgré cela, je vais tenter de vous orienter vers des pistes de réponse et il vous appartiendra de déterminer ce qui est applicable à votre situation personnelle, et ce qui ne l’est pas.

 Me Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions
Me Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions
Avant de débuter, je désire souligner que lorsque je mentionne que les employeurs ou recruteurs recherchent tel ou tel profil ou type de personne, je ne dis pas qu’ils ont raison ou encore qu’ils auraient tort de faire autrement. J’énonce des situations qui existent et qui demandent du temps pour évoluer, si elles évoluent.

Point 1 : L’ARM (pour arrangement de reconnaissance mutuelle) Québec /France n’est vielle que de quelques années. Les employeurs potentiels ne connaissent pas vraiment le processus, ni la valeur des reconnaissances octroyées via cet arrangement. Ils hésitent à s’engager, sans vraiment connaître la valeur de la formation que vous avez reçue.

Point 2 : Les employeurs recherchent souvent un candidat qui a une expérience très spécifique. Ils n’engagent pas pour former mais pour combler un besoin dans leur entreprise. Par conséquent, il est difficile de leur montrer que l'expérience acquise en France est identique à celle que vous auriez acquise au Québec. Vous me direz que l’expérience acquise en Europe est autant valable. Je répondrai que oui, mais elle n’est pas identique.

Point 3 : Pour des cabinets de pratique privée, à partir d’un certain niveau d’expérience, les avocats doivent soit amener une expertise particulière qui pourra être facturée dans les dossiers existants, soit avoir une clientèle (book of business) pouvant justifier leur rémunération et leur participation aux dépenses du cabinet. Si vous n’avez ni l'un ni l’autre, vos chances sont minces que vous soyez Français ou Québécois.

Point 4 : Pour les avocats en début de carrière, les cabinets essaient de recruter les meilleurs, selon certains critères notamment les résultats académiques. La vôtre reçue en France rend la comparaison difficile. Ceci est d’autant plus vrai si vous ne faites pas un stage au Québec. Ce passage obligé est, outre son aspect formateur, la meilleure façon de mettre les pieds dans un cabinet d’avocats.

Point 5 : Certains penseront que si un avocat décide de quitter la pratique dans son pays d’origine, c’est parce qu’il n’y connait pas le succès. Cette supposition même erronée, entraine immanquablement son lot de déductions.

Point 6 : Vos racines étant enfoncées moins loin, le spectre d’un départ vers d’autres cieux ou celui d'un retour aux sources après quelques mois ou quelques années, est toujours en relief sur votre curriculum vitae.

Voilà, il s’agit de quelques uns des irritants qui trottent dans la tête de la personne qui cherche à recruter un candidat. Lesdits irritants peuvent expliquer pourquoi vous avez autant de difficulté à vous faire recruter. Je terminerai en mentionnant qu'il est faux de dire que « d'avoir une expérience professionnelle juridique en France (est) un obstacle ». C’est beaucoup plus le manque d’expérience au Québec qui en est un.

En espérant que mes commentaires vous aideront dans votre quête, je vous souhaite une bonne semaine.

Pierre Arcand

La Question au Recruteur

Chaque semaine, le recruteur juridique Me Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.

La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.

Sur l'auteur

Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.
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