Astral : Greenberg a-t-il fait passer la famille avant les actionnaires?

C'est ce qu'a affirmé le président de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques (IGOPP), Michel Nadeau, dans un texte choc rédigé à la veille de l'assemblée extraordinaire des actionnaires d'Astral.

L'assemblée doit permettre aux propriétaires de la compagnie de se prononcer sur la transaction comme telle, de même que sur une prime de 45 millions $ versée à des hauts dirigeants et employés clés, dont 25 millions $ au président et chef de la direction, Ian Greenberg.

Dans un document ponctué d'élans d'indignation, M. Nadeau, qui a dit écrire à titre personnel, a reconstitué étape par étape les dessous de la transaction, estimant toutefois qu'il est trop tard pour inverser le cours des choses.

Selon lui, les dés sont pipés en raison des actions multivotantes détenues par les Greenberg et la haute direction.

Visiblement bien informé, M. Nadeau a expliqué que les actionnaires ordinaires ont été les grands laissés pour compte des préoccupations de la haute direction tout au long du processus.

C'est Ian Greenberg, qui a piloté la vente d'Astral à Bell dès le début des discussions, à l'automne, a-t-il souligné.

« Tout au long de l'opération, M. Greenberg mènera les négociations avec BCE; la création d'un comité d'administrateurs indépendants ne survient qu'à la fin du mois de février », a-t-il indiqué.

Un peu plus loin, il a ajouté que la survenue d'une offre concurrente à celle de Bell, plus généreuse pour les actionnaires ordinaires, mais moins pour les Greenberg, ne fait que contrarier les visées de la haute direction, qui a exigé un traitement spécial de la part de BCE.

« Les Greenberg ne voyaient pas beaucoup d'intérêt dans l'arrivée d'un tiers qui penchait pour un meilleur prix pour les titres "A" », a-t-il affirmé.

À l'inverse, BCE a payé 50 millions $ pour des actions spéciales appartenant toutes à la famille Greenberg, a-t-il précisé.

« Ces actions spéciales convertibles en deux actions “B” auraient dû normalement valoir 7,1 millions $ », a-t-il déploré.

Le 1er février, Bell, qui a « compris le message », selon M. Nadeau, n'offre rien de plus pour les actions de catégorie A, mais bonifie son offre pour les actions de catégorie B d'Astral, dont 60 % appartiennent aux Greenberg.

Très critique, M. Nadeau suggère aussi qu'un réel processus d'encan aurait pu rapporter plus aux actionnaires, et dénonce la faiblesse du comité d'administrateurs indépendants censé superviser la transaction.

« Le CRTC et le Bureau de la concurrence devraient poser de solides questions devant cette concentration sans précédent entre les mains de BCE et de sa filiale de Bell Média », a fait savoir Michel Nadeau.

Le débat entourant l'acquisition d'Astral par Bell a rebondi mardi à l'Assemblée nationale, le Parti québécois s'inquiétant de l'inertie des libéraux dans le dossier.




Dernière heure!
Les actionnaires d'Astral approuvent la vente à BCE

Les actionnaires d'Astral Media ont approuvé jeudi presque à l'unanimité la vente de l'entreprise à BCE, mais le président et chef de la direction, Ian Greenberg, ne touchera pas sa prime de 25 millions $.

Avant l'assemblée extraordinaire qui se tenait à Montréal, Astral a décidé de ne pas soumettre au vote la résolution qui accordait cette prime à M. Greenberg, en raison des procurations déjà reçues.

Toutefois, M. Greenberg s'est réjoui de l'appui de 99,8 % des actionnaires à la vente de la compagnie pour un montant de 3,3 milliards $.

« Cet appui enthousiaste reflète bien la valeur que l'entente négociée représente pour tous les actionnaires d'Astral », a-t-il affirmé.