Pierre Arcand

Dois-je parler de ma dépression en entrevue ?

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Pierre Arcand

2012-05-28 08:30:00

Après une dépression de 6 mois, une avocate cherche à quitter son cabinet pour rejoindre le monde de l'entreprise. Elle se demande si elle doit évoquer son burn-out. Pierre Arcand lui répond.

Question

Bonjour,

Je pratique en cabinet et j’ai fait un burn-out du notamment à une combinaison maternité et stress au travail. Après un arrêt de travail de 6 mois, je suis de retour mais l’ambiance a changé et je veux postuler en entreprise. Lors du processus d’embauche, dois-je parler de ma dépression?

Réponse

Chère lectrice,

À la base, il n’y a aucune obligation pour vous de déclarer vos antécédents médicaux lors d’une entrevue d’embauche, ni lorsque vous rencontrez un chasseur de tête. Si vous êtes de retour en santé, il n’y a pas vraiment de pertinence à en parler non plus.

 Me Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions
Me Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions
Petit bémol cependant, je sais d’expérience que les gens qui sont passés par ce que vous avez vécu, ont souvent procédé à une introspection les amenant à réorganiser leurs priorités. Bref, ils ne veulent pas revivre la même chose, ce qui est tout à fait normal. Ces gens sont souvent à la recherche d’une position stimulante mais dans laquelle la charge de travail et le stress sont raisonnables.

Si ce n’est pas votre cas, arrêtez de lire cette chronique pour cette semaine car il n’y a pas de raison de parler de votre récente dépression. Il est faux de croire que les gens ayant fait une dépression, demeurent fragiles. La réalité est que certains veulent se ménager, mais beaucoup reviennent avec la même détermination et la même fougue. On peut réorganiser ses priorités mais on ne se refait pas, quand même.

Donc, si vous désirez un environnement sain et un minimum de stress, ce sont ces points qu’il ne faut pas passer sous silence lors du processus d’embauche. Oui, vous désirez obtenir le poste en question mais vous ne devriez pas le vouloir au point de vous placer dans une situation que vous ne désirez pas. Dans le domaine juridique, il y a un grand nombre de position qui sont stressantes par définition, et qui demandent de longues heures de travail. D’un autre côté, il y a en aussi qui offrent des conditions plus, disons sereines. Il faut simplement savoir les identifier.

Ne faites pas l’erreur de croire qu’un poste en entreprise ou dans un organisme, est automatiquement synonyme de relaxation et d'un horaire 9h-5h. Vous auriez de grandes chances d’être déçue. Il faut aller plus loin que le simple titre du poste ou l'environnement, pour en définir toute la portée. Il faut poser des questions et surtout obtenir des réponses.

Je ne vous dis pas que vous devriez établir clairement que vous voulez un 9h-5h sans stress, ni urgence, mais il est de votre devoir de vous informer sur l’horaire de travail qui est attendu. Sans dire que vous ne voulez pas amener du travail à la maison, ni que vos week-end sont sacrés, vous pouvez demander s’il est fréquent qu’un travail en dehors des heures normales, soit requis. Vous pouvez aussi établir clairement que vous recherchez un environnement convivial dans lequel il est agréable de travailler. Ce qui sous-entend un degré de stress moindre.

Il est évident que ces questions risquent de vous coûter le poste car le gestionnaire pourrait penser que vous n’êtes pas disponible les soirs et week-ends, ou que vous recherchez un emploi tranquille. Mais si c’est effectivement ce que vous proposez à votre futur employeur, il faut qu’il le sache et qu’il soit confortable avec cette situation. C’est à moyen terme beaucoup mieux, d’après moi, de ne pas avoir le poste plutôt que d’avoir un poste qui ne vous convienne pas.

Si vous voulez éviter d’aborder le sujet en entrevue, vous devez trouver des personnes qui travaillent ou ont travaillé pour cet employeur ou cette entreprise. Idéalement, ils connaitront le poste à combler, et peut-être même la dernière personne ayant occupé cette position. Si vous pouvez obtenir de l’information supplémentaire vous permettant d’en connaitre plus sur la réalité du poste, la pertinence de poser des questions est moindre. Tout dépendra de la crédibilité que vous accorderez à vos informateurs.

Tout ça n’est pas évident j’en conviens mais soyez toujours honnête et réaliste dans ce que vous avez à offrir. Cela évitera bien des conflits et des situations inconfortables.

Sur ces bons mots, je vous souhaite une bonne semaine.


La Question au Recruteur

Chaque semaine, le recruteur juridique Me Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.

La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.

Sur l'auteur

Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.

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1 commentaire

  1. Titanik
    Titanik
    il y a 8 ans
    Dépression et retour sur le marché du travail
    J'ai bien lu votre texte, vous mentionnez qu'il n'est pas nécessaire de parlé de nos antécédents médicaux, mais lorsque l'on a été en arrêt pour plusieurs mois, les futurs employeurs nous demandent les raisons de cet arrêt, il est donc pratiquement impossible de ne pas en parler à moins de mentir à ce sujet... Et souvent les grandes entreprises nous demandes de remplir des formulaires autorisant leur Médecin interne de faire une enquête. Que dire ou que faire alors?

    Merci!

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