Carrière et Formation

Où pratiquer: Public ou privé?

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Daphnée Hacker-b.

2012-11-19 15:00:00

Pour les avocats, qu’est-ce qui est le mieux, travailler en cabinet privé ou dans le secteur public? Droit-inc a posé la question...

Desjardins, Stikeman, Gowlings, Autorité des Marchés Financiers, Osler… c’est un parcours prestigieux, et un peu atypique aussi, que Me Fabrice Benoît a suivi dans le monde du droit, passant du secteur privé au public, pour enfin revenir en cabinet.

Fabrice Benoît n'a pas longuement hésité lorsque le cabinet Osler l'a approché.
Fabrice Benoît n'a pas longuement hésité lorsque le cabinet Osler l'a approché.
L’incursion dans le secteur du public a été marquante pour Me Benoît, et pas toujours pour le mieux.

« J’ai soudainement atterri dans une structure de travail beaucoup plus hiérarchisée et règlementée que ce à quoi j’ai toujours été habitué », explique l'avocat de 44 ans.

Certes, ce séjour de presque quatre ans à l’AMF lui a permis de développer une expertise en valeurs mobilières et de connaître les joies d’être syndiqué; heures de travail fixes, fonds de pension, plusieurs semaines de vacances, des journées-maladie, etc.

Malgré ces avantages, Me Benoît n’a pas longuement hésité lorsque le cabinet Osler l’a approché. Un an plus tard, il n’a toujours pas changé d’idée. « J’évolue beaucoup mieux dans un monde non syndical », dit cet associé au groupe de litige du bureau de Montréal.

Le nombre d’heures passées au travail est bien plus important, reconnaît-il, mais le fait d’avoir une plus grande liberté pour mener à bien les dossiers compense amplement.

Tout a un prix

Travailler en privé ou au public? Les jeunes avocats sont souvent confrontés à ce choix difficile. Mais voilà que les avocats expérimentés sont de plus en plus nombreux à se poser la question, et à réorienter leur pratique.

L’histoire de Me Benoît s’inscrit dans une nouvelle tendance, croit Caroline Haney, présidente de Recrutement juridique Haney.

Traditionnellement, explique-t-elle, les avocats qui se réorientaient passaient de la pratique privée à la fonction publique, à la recherche d’une plus grande stabilité, mais les choses sont en train de changer.

« Les avocats redéfinissent de plus en plus leurs priorités en milieu de carrière, et parfois ils constatent qu’elles ont drastiquement changé », explique-t-elle.

Caroline Haney, présidente de Recrutement juridique Haney
Caroline Haney, présidente de Recrutement juridique Haney
Les priorités dont Mme Haney fait référence, ce sont les raisons majeures qui vont justifier le choix vers les secteurs public ou privé ou vers les contentieux: le salaire, les avantages sociaux, le type de dossiers à traiter, les possibilités d’avancement…

« De nombreux avocats de la fonction publique m’appellent en disant “Je gagnerais tellement plus en cabinet!”… “Je leur réponds que c’est une perception, qu’ils n’ont pas pris compte de tous les avantages qui viennent avec leur position.”

Dans tous les cas, l’écart entre les salaires privé/public est encore marqué. Dans la fonction publique, un avocat commence à 50 000$ par année, et un senior plafonne aux alentours de 118 000$. Dans le monde des grands cabinets, tels que McCarthy Tétrault, un junior commence à 98 000$, tandis que les seniors, dépendamment de leur apport au bureau, peuvent toucher des sommes variant de 150 000$ à plusieurs millions de dollars pour les grands canons…

“Tout choix a un prix”, précise Me Haney, qui a plus de 15 ans d’expérience en recrutement juridique.

“Si vous voulez un gros salaire, vous allez travailler de 90 à 120 heures par semaine! Double du salaire, oui… mais double des heures aussi, sans oublier que les avantages sociaux sont presque inexistants.”

Bien gagner sa vie au public

Une carrière à la fonction publique représente bien plus que la pérennité financière et les avantages sociaux, avance le président de l’Association des juristes de l’État (AJE), Sébastien Rochette.

“On constate que les avocats en public manient rapidement des dossiers avec des conséquences importantes pour le gouvernement”. Ceux-ci sont appelés à traiter des cas d’envergure, qui ont de véritables impacts économiques et politiques, explique Me Rochette.

“Avoir l’impression qu’on participe au changement, que notre travail a un impact concret dans notre société… ça n’a pas de prix!” lance avec un clin d’œil celui qui a été au contentieux du Ministère de la Justice.

C’est noble, c’est gratifiant, mais c’est moins payant…

Mais les écarts de salaires entre les deux secteurs sont à la baisse, rappelle-t-il. Lors du conflit qui a opposé les juristes de l’État au gouvernement du Québec au printemps dernier, un règlement a émergé, permettant de rattraper la moyenne nationale de 15 à 18%.

Même si Droit-inc n’a pas pu prendre connaissance du chiffre exact de la moyenne nationale, il est facile de constater que le Québec accuse d’un retard comparé aux salaires des juristes des autres provinces. Par exemple, en Ontario, le plafond salarial se rapproche du 200 000$.

“Il est certain que nous tentons tous de tirer profit de nos études, de nos années d’effort et que la question financière n’est jamais loin derrière.”

La qualité de vie que nous voulons est aussi cruciale, souligne-t-il. Le secteur privé n’est pas fait pour tout le monde, il faut avoir l’esprit de «business», participer aux nombreux évènements qui permettent de vendre ses services, de recruter de nouveaux clients.

“C’est aussi pour éviter cette course effrénée que plusieurs choisissent le secteur public, où nous ne subissons pas la pression à laquelle nos collègues en cabinet ne peuvent échapper”, conclut-il.
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