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L’obligation de diversité chez les juristes crée des remous

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Jean-francois Parent

2018-02-09 15:35:00

« Depuis que je suis au pays, c'est la première que j'éprouve un malaise en tant que femme, en tant que minorité visible, et en tant qu'avocate »...

Sadie Etemad, juriste irano-canadienne
Sadie Etemad, juriste irano-canadienne
L'obligation de promouvoir la diversité chez les avocats, en Ontario, pourrait faire plus de tort que de bien.

La règle édictée par le Barreau de l'Ontario obligeant tous les juristes « à adopter une déclaration de principes reconnaissant leur obligation de promouvoir l’égalité, la diversité et l’inclusion en général ainsi que dans leur comportement envers leurs collègues, les employés, les clients et le public » est probablement ce qui pouvait arriver de pire pour les avocats issus des minorités, estime la juriste irano-canadienne Sadie Etemad.

La règle, entrée en vigueur en décembre dernier, ne contre pas le racisme. Tout au plus fait-elle en sorte que ceux qui professent leurs préjugés le fassent en cachette, écrit l'avocate basée à Toronto dans une récente chronique publiée dans le Canadian Lawyer.

Avec cette règle, « le Barreau de l'Ontario dit non seulement qu'il est une institution raciste, mais instaure en plus une catégorie d'avocats ''racisés''. Comme avocate membre d'une minorité visible, je trouve cela très troublant », poursuit Sadie Etemad.

La nouvelle obligation n'est pas que vague, elle mène à une inéluctable conclusion : « quiconque a été admis au barreau avant cette année est raciste, simplement parce qu'il est membre d'une institution raciste », et ce racisme devra être purgé. Par l'entremise de la formation continue.

Il y a plus : tous les juristes ''racisés'', issus de communautés minoritaires, sont eux-mêmes victimes de racisme, en même temps qu'ils appartiennent à une organisation raciste.

Sadie Etemad déplore que même si les avocats pratiquent dans un système où l'équité et l'égalité ont force de loi—et doivent être défendues par les juristes—voilà qu'on leur demande en plus « de jouer les missionnaires de la lutte au racisme », en plus de servir les justiciables.

Et ce, alors qu'il n'est pas certain du tout que les avocats ontariens soient « racistes ».
« Depuis que je suis au pays, c'est la première que j'éprouve un malaise en tant que femme, en tant que minorité visible, et en tant qu'avocate. »

En effet, voilà qu'elle se demande, dans sa chronique, si elle avait travaillé si fort pour devenir membre d'un club raciste. Et si c'est le cas, « étais-je déjà raciste? Ou le suis-je devenue de par mon admission au barreau? »

Pis, « je pensais être une personne ayant du succès, ayant travaillé fort pour mes privilèges, qui a réussi à devenir avocate au Canada. Est-ce que je suis plutôt victime de mes origines raciales? »

L'un des problèmes de cette règle, c'est que le racisme ne s'endigue pas avec un interrupteur qu'on peut fermer au besoin. C'est ce que semble vouloir faire le barreau ontarien, pense Sadie Etemad, qui y voit un danger. Celui qu'on « remette en question les compétences des avocats ''racisés'' », qui ne sont pas arrivés là où ils sont par la force de leur travail, mais parce qu'ils ont bénéficié de mesures spéciales.

Tout cela, plutôt que de régler un problème, pourrait bien servir à renforcer les préjugés.
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13 commentaires

  1. Le Gros Roger
    Le Gros Roger
    il y a 6 ans
    What
    La diversité devrait n'être qu'un état de fait accepté de tous. Pas un principe à enfoncer dans la gorge... Les ontariens souffrent gravement de rectitude politique...

    • Avocat
      Avocat
      il y a 6 ans
      L'Ontario?
      Le monde occidental au complet...

  2. DL
    Rien de nouveau
    Ça fait longtemps que les hommes blancs savent qu'ils doivent se cacher dans l'environnement actuel, non pas du racisme, mais de la perception de, des accusations de toutes sortes aussi.

    Ceux qui se font crucifier sont des mononcles qui ont commis des gestes il y a 20 ans quant le féminisme marxiste était dormant.

    Le jeune avocat bien avisé saura tirer son épingle du jeu en gardant bien ses cartes près de sa poitrine en attendant que le balancier revienne, s'il revient un jour.

    Les grands dictateurs du 20e siècle ont eux aussi joué avec la nature humaine en tentant de la changer.

    Les féministes modernes tentent de faire la même chose, pour l'instant les dommages ne sont pas encore consolidés, mais ça va venir.

  3. Le Gros Roger
    Le Gros Roger
    il y a 6 ans
    Les cartes
    Y'a pas que les cartes que l'on doive garder près de soi... Just saying. ;)

  4. DSG
    She's right
    I encourage people to click on the link and read the whole article, which is very good. Besides, what is the Ontario Bar trying to accomplish with that stupid initiative, abolish racism in the entire profession? Fact is that no matter what we do there will always be racists and sexists wherever we go. A true measure of strength is rising above them despite of the obstacles they may try to put in our way.

  5. Femme anonyme
    Femme anonyme
    il y a 6 ans
    Toujours la même chose
    On nous fait des remontrances constantes sur notre racisme, ie le racisme des blancs envers les autres communautés/races mais jamais il n'est question du racisme des autres communautés envers les blancs qui est virulent et non plus du racisme des communautés entre elles. Personnellement j'en a ras-le-bol ! Ça va faire !

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      En effet
      En effet. C'est toujours la même chose. Je vous mets au défi. Qui exactement vous a fait des remontrances constantes sur votre racisme ?

    • Lawyer
      Lawyer
      il y a 6 ans
      Un début de liste
      Le premier ministre du Canada, le premier ministre du Québec, la ministre de la justice du Québec (allez lire les débats sur le PL 62), la CDPDJ (et son insistance à mener la commission sur le racisme systémique malgré le recul du gouvernement), la ligue des noirs, l'assemblée des premières nations, Québec inclusif, Frédéric Bérard, etc.

    • Lawyer
      Lawyer
      il y a 6 ans
      suite
      et j'ajoute: Le journal La Presse, Will Prosper, Gabrielle Kinté, Fabrice Vil.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      C'est bien ce que je pensais
      Vous vivez dans un monde qui n'existe que dans votre tête. Aucune de ces personnes ne vous a fait de remontrances constantes sur votre racisme. Trouvez-moi une seule affirmation de la part de ces personnes où elles vous font des remontrances constantes sur votre racisme. Vous n'en trouverez pas. La vérité c'est quand même important.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      Façon de perdre sa crédibilité
      Trop drôle votre énumération. Vous avez la couenne plutôt sensible, n'est-ce pas? Je vous aide: quand des gens parlent de racisme dans notre société, peut être qu'ils ne parlent pas de vous. Peut être qu'ils parlent des gens qui font effectivement une distinction sur la base de la race, ethnie, religion etc des individus. La définition de racisme, quoi.

      Je vous assure qu'il y en a en masse. Plus qu'ailleurs? je ne sais pas, mais est-ce une raison de ne pas chercher à s'améliorer? De minimiser l'impact sur les victimes?

      Si vous n'en connaissez pas, n'en n'avez pas vu, entendu ou dit, c'est que vous faites possiblement partie du problème.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      vous avez oublié David Ouellette et le congrès juif du Québec
      ainsi que le Dr Michael Laughrea, qui n'en manque pas une dès qu'il peut écrire au "Devoir.com".

  6. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    suite
    Rajoutons à cette liste par ailleurs très étoffée par d'autres ma petite contribution avec tous les Jaggi Singh de ce monde, nos universitaires avec leurs nombreux délires, nos chers islamistes (j'ai bien dis islamistes) etc.. La liste est très longue car il s'en trouve à tous les coins de rue.

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