Portrait

Il est devenu avocat par amour...

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Céline Gobert

2012-03-22 15:00:00

Il y a 5 ans, cet avocat n’était pas avocat. Il n’exerçait pas à Montréal. Il ne parlait même pas français. Après l’université, la course aux stages, les entrevues, il exerce en litige et il est bilingue.

Cela ne fait que trois mois que Me Keith Serry a rejoint le cabinet Irving Mitchell Kalichman où il pratique en litige civil et commercial.

L’an dernier, à la même époque, il n’était pas avocat et ne parlait pas un mot de français.

Lorsqu’il déménage à Montréal pour rejoindre sa femme, professeure en biologie à l’Université McGill, Me Serry quitte sa propre société de conseil, où il a œuvré pendant huit ans à titre de directeur.

En 5 ans, Keith Serry est devenu avocat, bilingue en français et a monté une association
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« À ce moment-là, il fallait recommencer, refaire quelque chose. Je n’avais plus de contacts, l’heure était au choix et au changement », explique celui qui à 35 ans, se retrouve alors sur les bancs de la fac.

Quatre ans pour apprendre à nouveau et changer le cours de sa vie.

« J’aime les défis », dit-il simplement.

Quatre ans plus tard, il explique son parcours, dans un français impeccable, preuve de sa ténacité et de sa motivation.

« J’ai été très surpris, je pensais que je ne trouverais pas beaucoup d’amis, en raison de la différence d’âge mais j’ai rencontré des gens incroyables qui sont maintenant mes meilleurs amis ! »

Comme tous les étudiants, il passe alors par la course au stage, envoie 11 candidatures et rencontre beaucoup de succès.

« En tant qu’anglophone, je pensais que les cabinets allaient jeter de suite mon CV. Puis finalement, j’ai eu beaucoup d’entrevues », confie-t-il, conscient que grâce à son expérience en relationnel, il est parfaitement à l’aise dans les face-à-face.

Il n’a alors que l’embarras du choix. Pour commencer, il choisit Blakes qu’il quitte rapidement. Sans rancune, ni d’un côté, ni de l’autre.

« Ce fut une très bonne expérience, dit-il, mais je désirais un cabinet plus petit, plus ciblé en litige. Tout le monde cherche la même chose : un employé heureux, capable de faire le travail »

Aujourd’hui, il se lève chaque matin en se rendant compte de la chance qu’il a. « Chance », un mot qu’il n’aura de cesse de répéter, peut-être un peu étonné lui-même par tant de réussite.

« La pratique chaque journée est un défi, chaque matin j’apprends quelque chose de nouveau. Mes collègues expérimentés m’ont dit que ça prenait 5 ans avant d’être à l’aise. Alors je vais passer les 4 ans et 10 mois prochains à prendre tout ce que je peux. »

Rédiger des procédures, effectuer des recherches, se rendre à la Cour pour les petites requêtes : d’emblée, il se voit confier de grandes responsabilités.

« Si je prends du recul, je n’ai pas d’autre choix que de réaliser que ma vie a été pleine de bonheur et d’opportunités. »

L’art d’aimer

Pourtant, là n’est pas l’essentiel, selon lui.

Lorsqu’il fréquente les salles de classe, il rencontre des étudiants affolés par un processus de course au stage très dur et très compétitif. Il sent la pression, entend les peurs.

« Je ne pense pas qu’un stage constitue un but en soi, c’est juste le commencement d’une carrière plein de défis. J’ai connu plein d’avocats incroyables qui n’ont pas eu une course plein de victoires, et d’autres, que je ne trouvais pas très forts, et qui ont reçu plusieurs offres. »

Pour lui, les succès et les échecs accumulés en un jour, ne valent pas tant que cela à la fin de la journée. Il y a toute une vie à vivre.

« Le plus important, selon moi, c’est l’amour. La famille. La vie heureuse. Dans la carrière c’est le respect et le défi intellectuel et personnel. Je veux pouvoir faire des trucs cools avec des gens intelligents et dynamiques ! »

Père d’un garçon de quatre ans et d’une petite fille de deux ans et demi, Me Serry a choisi IMK, aussi parce qu’ils accordent une grande importance à une valeur chère à ses yeux.

« On fait plus que parler de la conciliation travail/famille, on le fait en pratique; ce n’est pas juste un cliché, ils le vivent », affirmant qu’avoir une associée femme ou des collaborateurs dont les épouses sont juges ou avocates, facilite cette compréhension.

Aux étudiants, il aimerait dire qu’il faut penser au long terme, mais ne pas s’arrêter à ce qu’ils vivent, là, aujourd’hui.

« Quand tu as 21, 23, ou 25 ans, il ne faut pas s’inquiéter, même si ce ne sont pas des semaines faciles. J’en suis la preuve, j’ai recommencé toute une vie à 35 ans, et j’ai appris la langue française. »

Enfin, ce n’est pas tout. Me Serry, homme aux mille casquettes, est aussi fondateur et co-directeur de la Clinique juridique des Artistes de Montréal, organisme à but non lucratif, véritable source d’information juridique et culturelle.

Le but ? Donner quelque chose à la culture montréalaise, québécoise, canadienne. Aider artistes et organismes.

Menée par des bénévoles, la plupart étant étudiants en droit, la Clinique juridique des Artistes de Montréal propose des soirées d'information juridique mensuelles, des ateliers et des soirées où des avocats chevronnés venus de divers domaines (propriété intellectuelle, immigration) viennent partager leur expérience, et des feuilles d’information sur des questions générales souvent en rapport avec la propriété intellectuelle, les licences.

Tous les jours, il s’implique : lever des fonds, mêler droit et art, satisfaire le client.

« Nous serions ravis d’avoir un soutien plus efficace et plus costaud de la communauté juridique, ici, à Montréal. Pour l’instant, nous n'en sommes qu'à la moitié de ce que cela pourrait être », dit-il plein d’enthousiasme.

« Mais, étape par étape, comme on dit, l’oiseau fait son nid. »

Et, il sait de quoi il parle.
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