Carrière et Formation

Quel bilan après un an de cabinet en solo?

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Camille Dufétel

2024-01-29 14:15:18

Un avocat qui s’est lancé à son compte il y a un peu plus d’un an fait un premier bilan de son expérience auprès de Droit-inc!

Me Ismaël Boudissa est toujours un grand passionné des questions liées à l’immigration, et sa première année en tant qu’avocat solo n’a fait que le confirmer! Pour rappel, Droit-inc avait raconté les débuts de cet avocat à son compte, qui a ouvert son cabinet en droit de l’immigration à 28 ans à Montréal. Celui-ci est baptisé « Boudissa Immigration ».

Quel premier bilan en fait-il? Quels ont été ses défis? Droit-inc s’entretient avec lui!

Pouvez-vous nous rappeler les services que vous proposez en droit de l’immigration?

Je fais beaucoup d’immigration économique: mobilité internationale, permis de travail, permis d’études, résidences permanentes… J’ai tenté un peu de toucher à tout ce qui concerne l’humanitaire, les réfugiés, le litige… Je suis encore dans le début, car c’est un monde complètement à part.

Travaillez-vous toujours seul?

Je suis toujours seul, oui! Mon père m’aide, c’est un avocat à la retraite. Je partage des espaces avec d’autres avocats en immigration mais pour ma part, je travaille principalement seul.

Vous pensez à embaucher un ou une adjoint(e) juridique dans le futur?

Certainement! Par exemple, les envois postaux, c’est chronophage et ce serait bien d’avoir de l’aide entre autres sur ce plan. Je suis ouvert à m’associer, c’est difficile de trouver la bonne personne. L’immigration, c’est un petit monde! Je suis ouvert à toute proposition. Mais pour l’instant, je pense surtout à du personnel de soutien dans mon évolution.

Vous travaillez toujours en face du Palais de justice de Montréal?

Non, je suis rendu sur la rue Notre-Dame ouest, dans le quartier Saint-Henri! J’ai changé de bureau assez rapidement parce que je n’ai pas à aller au Palais de justice, donc c’est inutile. Je prenais le bureau d’une personne qui était à l’étranger et rapidement, je me suis rendu compte que ça me prenait mon propre bureau!

J’ai déjà travaillé dans mes bureaux actuels quand j’étais étudiant en droit, il y a beaucoup d’avocats en immigration ici.

Est-ce qu’il y a des choses dont vous aviez peur au départ et qui se sont finalement bien passées?

La peur principale, c’est de ne pas avoir de clients. J’ai été extrêmement chanceux. Depuis l’université, je suis dans l’immigration. Je m’implique, je m’intéresse, donc rapidement, j’ai commencé à avoir des références de confrères et de consoeurs. De personnes de ma cohorte, dans d’autres domaines, qui, quand ils ont des cas d’immigration, pensent à moi.

C’est tout de suite une cloche qui retentit dans la tête des gens. J’ai rapidement eu assez de travail pour bien lancer ma pratique. Actuellement, compte-tenu du fait que je suis seul, je ne prends plus de mandats de l’extérieur, sauf exception.

Il faut souligner que les mandats, c’est récurrent. Soit la personne va en parler à quelqu’un d’autre, soit, si on a un contrat pour une entreprise, cette dernière va avoir d’autres travailleurs… Des mandats en génèrent d’autres. Même si on a une petite base, il ne faut pas s’inquiéter, il va y en avoir d’autres.

Qu’aimez-vous, à part ça, dans le fait d’être en solo?

J’aime la liberté de venir ou de ne pas venir au bureau, de prendre les mandats que je veux. On ne me les impose pas. La liberté décisionnelle qui vient avec le fait d’être à son compte n’a vraiment pas de prix.

Cela vient avec un coût, il y a des inconvénients, c’est sûr, mais certainement que ç'a été la plus belle décision de ma vie professionnelle. Les avantages contrebalancent largement les inconvénients.

Vous avez mis en ligne votre site Web, tout récemment?

Oui, depuis un mois à peu près. Ce n’était pas nécessairement pour aller chercher de la clientèle. Ce n’était pas urgent pour moi de le faire. Le bouche-à-oreille fait selon moi beaucoup plus que les sites Internet, j’en suis convaincu. Mais c’est un passage obligé et il faut trouver le temps et les ressources pour le faire.

Avez-vous trouvé des choses plus difficiles durant cette première année en solo?

Oui, c'est sûr, la comptabilité! Moi et les chiffres… Ce n’est pas pour rien que je suis allé en sciences sociales et en droit. Ce n’était pas ma force et ça ne l’est toujours pas. C’est un peu compliqué, les factures, faire tous les rapports… C’est mon principal défi.

Ce n'est pas tant l’administration, mais vraiment la comptabilité. J’utilise un logiciel de gestion des factures. On doit faire ça à travers tout le travail qu’on a déjà à faire, les dossiers… C’est un poids additionnel. Il faut bien choisir son comptable, car ça peut totalement changer l’expérience. Il nous accompagne dans ce qui est pour moi le plus difficile de la pratique solo.

J’allais vous demander vos conseils aux jeunes avocats qui pensent à se lancer en solo, vous venez donc d’en donner un, bien choisir son comptable! Qu’auriez-vous aimé savoir il y a un an, quand vous vous êtes lancé?

Ce n’est pas nécessaire de tout savoir dès le départ, car le fait de l’apprendre et d’en souffrir un peu, c’est formateur. Quand on a une première expérience avec un client mécontent, c’est compliqué, ça peut l’être, et il n’y a personne au-dessus de nous pour nous assister en cas de problème. On ne peut compter que sur soi.

Mais je pense que quand on règle une première situation avec un client, qu’on renverse, si on peut, une situation défavorable ou qu’on admet sinon qu’on a fait une erreur ou que c’est impossible, c’est formateur. Ce ne sera pas la dernière fois, c’est certain. Tous les avocats passent par là, sinon la vie serait trop belle.

On arrive à un moment donné à une situation qu’on n’aura pas anticipée, et on doit réagir.

Est-ce qu’il faut selon vous avoir un mentor? Est-ce votre père, dans votre cas?

Mon père n’a jamais pratiqué en immigration… C’est moi qui l’ai formé au complet. Par contre, c'est important d’avoir un bon réseau. J’ai la chance d’être sur le CA de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l'immigration, l’AQAADI. Sur le CA, il y a des gens de différents niveaux d’expérience, c’est déjà un premier contact avec des gens, qu’on voit fréquemment.

Il faut aller aux événements, on se rend compte que les gens ont les mêmes problèmes et qu’ils ont parfois des solutions qu’on n’avait pas vues. Quand on est solo, le réseau est très important, parce qu’on peut se sentir vraiment isolé. Il n’y a pas de « party » de Noël, pas de « team building »… C’est important de tendre la main vers les collègues.

Pour ma première année, je suis en tout cas très content. Il peut y avoir des embûches, mais j’ai été personnellement très chanceux, j’ai rencontré les bonnes personnes au bon moment. En droit de l’immigration, je dis toujours que ça ne peut pas ne pas marcher.

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