Carrière et Formation

Une parajuriste chevronnée!

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Camille Dufétel

2023-10-02 15:00:00

Une parajuriste de 14 ans de carrière croit que son métier mériterait d’être mieux compris dans la communauté juridique!
Serina Oshriyeh. Source: Novalex
Serina Oshriyeh. Source: Novalex
Serina Oshriyeh est parajuriste senior en droit immobilier chez Novalex à Montréal depuis l’été 2021. Elle y est également gestionnaire de l’équipe de soutien en litige.

Depuis près de 14 ans, la parajuriste a connu plusieurs cabinets: Ménard Martin Avocats en droit médical pendant près de cinq ans, Crochetière Pétrin en droit de la construction pendant plus de deux ans, Fiset Légal Inc. en droit immobilier et de la construction pendant quatre ans…

Si ce n’est pas le cas au sein de son cabinet, Serina Oshriyeh pense que son métier est parfois mal compris dans la communauté juridique.

« Je pense que le plus gros défi des cabinets est de comprendre le rôle d’une parajuriste, remarque-t-elle. C’est encore très flou, c’est une zone grise. Malheureusement, parfois, les parajuristes vont être utilisés de façon moins efficace ou contre-productive alors qu’ils peuvent apporter tellement plus à un cabinet! »

Elle estime que dans certains cabinets, son métier peut être confondu avec celui d’un adjoint juridique, alors que les deux se combinent très bien ensemble.

« On a beaucoup de connaissances juridiques, c’est courant dans mon travail de préparer un dossier de A à Z, note-t-elle. Cette zone grise doit être plus définie quand on embauche des parajuristes, il faut s’assurer que ça devienne un investissement intéressant pour le cabinet et un atout pour les autres employés du cabinet. »

Actuellement, chez Novalex, elle s’occupe entre autres de la formation des adjointes juridiques et leur transmet ses connaissances par le biais de formations. « Je pense que c’est un atout énorme d’avoir une parajuriste d’expérience dans un cabinet ».

Serina Oshriyeh est la seule parajuriste senior en litige civil au sein de Novalex et elle est accompagnée de deux adjointes juridiques. Une parajuriste en droit corporatif travaille également au sein du cabinet.

Une histoire familiale

Son envie de faire ce métier est sans conteste liée à son environnement familial, puisque ses deux sœurs, aînées, sont avocates à leur compte. Me Chouka Oshriyeh exerce en droit familial, et Me Roucha Oshriyeh est criminaliste.

Ses parents, d’origine iranienne, ont immigré au Canada il y a une trentaine d’années. « Ils avaient cinq dollars dans les poches », pointe la parajuriste, dont la famille a toujours prôné la justice.

« Ils ont tout fait pour qu’on puisse réussir et que mes sœurs deviennent avocates. Au niveau des études en droit, c’était dispendieux. Le droit m’intéressait aussi énormément parce qu’on en parlait constamment à la maison ».

Elle s’est alors intéressée au programme de techniques juridiques du cégep de Lanaudière, à l’Assomption, à la fois pour son volet juridique et son volet administratif.

« J’envisageais d’avoir des enfants, je voulais une certaine routine, pouvoir aussi avoir une vie un peu plus facile, garder ma vie sociale. Je me disais qu’en travaillant comme parajuriste, j’allais avoir un horaire fixe pour pouvoir me consacrer à mes autres projets ».

Ses sœurs l’ont alors épaulée et la parajuriste a effectué à l’époque son stage chez Robic, en propriété intellectuelle. « C’est là que j’ai réalisé que je n’aimais pas les grands bureaux! Même si je respecte les gens qui travaillent dans de grands cabinets. On a tous nos préférences et je voulais un milieu plus familial », lance-t-elle.

La parajuriste a réalisé l’importance pour elle d’une proximité plus grande avec les avocats, les associés, et les autres professionnels.

Aujourd’hui, chez Novalex, elle se dit « plus que choyée ». « J’ai trouvé un employeur qui me ressemble énormément, qui est très humain et qui donne une importance à cela, dit-elle. C’est aussi un employeur qui a un impact social. »

Elle explique qu’elle côtoyait déjà énormément comme partie adverse Me Ryan Hillier, associé et chef de la direction chez Novalex, dans les autres cabinets pour lesquels elle a travaillé.

« Je savais à quel point c’était un excellent avocat et quand j’ai eu l’opportunité de travailler pour eux, car ce sont eux qui sont venus me chercher, j’ai sauté sur l’occasion. C’est une équipe jeune, dynamique, qui veut évoluer et qui voit grand ».

Développement des affaires

Serina Oshriyeh a réalisé au fil des années que le droit immobilier et le droit de la construction étaient les domaines dans lesquels elle souhaitait se développer le plus. « C’est la clientèle, principalement, qui m’a charmée dans ce domaine, explique-t-elle. C’est une clientèle qui est dans les affaires, ce sont des dossiers intéressants, litigieux, qui impliquent beaucoup d’argent, souvent. »

Depuis son expérience chez Crochetière, Pétrin, des clients l’ont d’ailleurs suivie. Serina Oshriyeh remarque que cela est rare pour une parajuriste, de faire du développement des affaires. « J’ai développé une clientèle, je pense que je suis une des seules à avoir des clients qui me suivent comme ça d’un cabinet à l’autre. C’est sûr que c’est un atout énorme pour les cabinets. »

Elle explique que les clients lui écrivent et l’appellent en tout temps.

« Vendredi dernier, il était neuf heures et demie du soir, j’étais dans un souper de famille, un client m’a contactée et j’ai quitté mon souper pour lui répondre. Je pense que c’est important d’être là, estime-t-elle. Je n’ai pas le droit de donner d’avis juridique, mais juste de prendre le téléphone, de répondre au client et de le sécuriser en lui disant qu’on va revenir vers lui, ça lui permet d’avoir la conscience tranquille pour la fin de semaine. »

Elle précise qu’il ne s’agit pas nécessairement de la réalité de tous les parajuristes, mais parle pour sa part d’un besoin. « Quand je reçois une demande le soir, j’ai besoin de la régler tout de suite, sinon je ne peux pas avancer ».

Ambition, créativité, proactivité, curiosité

La proximité, l’accessibilité et l’empathie sont des éléments importants, d’après elle. Quand on lui demande ce qui permet à tout parajuriste de se démarquer, de se faire remarquer par des cabinets, Serina Oshriyeh évoque notamment l’ambition et la créativité.

« J’ai un côté très ambitieux. Je ne suis pas une personne exécutante de nature. J’essaie toujours d’amener mon travail et mon cabinet plus loin. Je pense qu’il faut tout le temps travailler avec cet état d’esprit. La créativité, c’est extrêmement important, quelqu’un qui va apporter des idées… Mais aussi la proactivité et la curiosité. »

Sur ce dernier point, la parajuriste explique qu’elle fait toujours en sorte de développer ses connaissances en droit. Cela passe par de la formation, par le fait de participer à des rencontres que font les avocats…

« Quand des avocats reçoivent chaque semaine de la jurisprudence pour être à jour, moi aussi, je veux recevoir ça, assure-t-elle. Dans le cadre de notre travail, on va se démarquer en étant à jour, en ayant plus de connaissances. »

Elle n’hésite pas aussi à faire part de son expérience passée auprès des avocats, ce qu’elle a pu voir dans des dossiers durant les quatorze dernières années.

Chaque semaine peut débuter avec un plan de match qui va complètement changer, remarque-t-elle. Parmi ses tâches, elle cite beaucoup de rédaction de procédures juridiques, de maintien de dossiers, de recherches juridiques, de préparation d’interrogatoires, de projets de réponse à des clients qu’elle suggère à des avocats…

Si elle estime qu’elle a de la reconnaissance de la part de ses collègues, Serina Oshriyeh croit qu’il ne faut pas faire ce métier pour rechercher cela. « J’aime le fait de travailler en collégialité, d’être un pilier, un soutien pour les équipes, c’est cette reconnaissance que je recherche, pas de faire jurisprudence. »

Elle conseille aux futurs parajuristes de chercher à évoluer le plus possible, de cerner le domaine de droit qui les intéresse de plus, puis de continuer dans ce domaine, qu’ils restent dans le même cabinet ou non.
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3 commentaires
  1. Corporatisme
    Corporatisme
    il y a un an
    Bob
    C'est le corporatisme, avec le Barreau qui est là avant tout pour défendre ses membres, qui fait que toute autre personne qui n'en est pas membre est déconsidérée. En France, il n'y a pas de parajuristes. On y considère en toute logique que tous les avocats sont des juristes, mais que tous les juristes n'ont pas à être avocats. Un excellent article sur ce sujet: https://nationalmagazine.ca/en-ca/articles/law/access-to-justice/2023/separating-legal-information-from-legal-advice

    Bravo à Mme Oshriyeh, et on souhaite à Novalex de savoir l'apprécier à sa juste valeur.

  2. Serina Oshriyeh
    Serina Oshriyeh
    il y a un an
    Parajuriste
    Merci sincèrement!

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a un an
    Bob, tu ne connais ni la France ni le Québec !
    "On y considère en toute logique que tous les avocats sont des juristes, mais que tous les juristes n'ont pas à être avocats."


    C'est la même chose au Québec (et dans le ROC).


    La France, c'est encore plus corporatiste que le Québec, particulièrement en droit. Savez vous que seuls certains avocats ont le droit de plaider devantla cour de cassation?

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