Entrevues

Être bâtonnier de Montréal… à 32 ans!

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Diane Poupeau

2019-05-30 15:00:00

Passionné, ambitieux, un peu stressé mais déterminé face à la tâche qui l’attend, il a des stratégies plein la tête. Il dit tout à Droit-inc!
Successeur de Me Michel P. Synnott, Me Alexandre Forest a été élu par proclamation bâtonnier de Montréal.Crédit : Barreau de Montréal
Successeur de Me Michel P. Synnott, Me Alexandre Forest a été élu par proclamation bâtonnier de Montréal.Crédit : Barreau de Montréal
Me Alexandre Forest a été élu par proclamation bâtonnier de Montréal au cours de l'Assemblée générale annuelle qui s'est tenue le 8 mai dernier.

Diplômé d'un bac en droit de l'Université McGill, Me Forest a été admis au Barreau en 2011. Il a débuté sa carrière chez McMillan LLP avant de rejoindre le cabinet Gowling WLG en 2014. Il oeuvre au sein des groupes de réorganisation, faillite et insolvabilité et de litige commercial.

Du haut de ses 32 ans, le successeur de Me Michel P. Synnott devient le plus jeune bâtonnier de l'histoire de ce Barreau. Il a exposé à Droit-Inc ses objectifs pour l'année à venir.

Me Alexandre Forest, alors élu conseiller du Barreau de Montréal en 2016.
Me Alexandre Forest, alors élu conseiller du Barreau de Montréal en 2016.
Droit-Inc : Qu'avez vous ressenti en apprenant que vous seriez le nouveau bâtonnier de Montréal ?

Me Alexandre Forest : J'ai ressenti un sentiment d'accomplissement. Ça a été un travail de longue haleine. J'ai été élu sur le conseil en 2016, c'est à ce moment-là que j'ai commencé à travailler au sein du Barreau. C'est sous l'influence de Simon Tremblay que j'ai commencé à voir que je pourrais devenir bâtonnier dans le futur. La position de trésorier est ensuite devenue disponible. J'ai gagné cette élection puis puis j'ai été élu premier conseiller.

Est-ce une consécration pour vous d'être le plus jeune bâtonnier de l'histoire du Barreau de Montréal ?

C'est surtout quelque chose de très beau pour l'institution. Ça témoigne du fait que le Barreau n'est pas fermé aux nouvelles idées, peu importe l'âge des gens. C'est d'ailleurs une tendance qui commence à se répandre. On est dans une mouvance où les gens qui ont des idées peuvent se présenter sans qu'on leur réponde qu'ils ne sont pas assez vieux. On l'a bien vu avec l'élection de Maxime Alepin à Laval ou de Marie-Eve Landreville à Longueuil.

Qu'est-ce qui vous a permis de réussir selon vous ?

Je suis quelqu'un de très passionné en général. Quand je m'implique, je m'implique à 100%. Je me suis entiché de la mission du Barreau qui est la protection du public. C'est d'ailleurs le thème de mon mandat « Pourquoi ? ». C'est un thème de questionnement, pour que la réponse aux problèmes soit toujours la protection du public. On n'est pas élu que pour donner des services aux avocats, je voulais mettre la mission de protection au centre du Barreau.

Est-ce que vous ressentez de la pression ?

Oui, définitivement! Surtout que la manière dont j'ai fait mon discours n'était pas commune. J'ai énoncé le mandat que je donnais à chacun de mes conseillers. J'ai des objectifs très précis et, comme ça, ça sera plus facile de venir me pointer du doigt si je n'y arrive pas (rires) !

Me Alexandre Forest, également avocat chez Gowling WLG.
Me Alexandre Forest, également avocat chez Gowling WLG.
Quelle est votre priorité ?

Ma priorité numéro un, c'est le salon Visez droit, l'activité phare du Barreau de Montréal qui se déroule depuis 22 ans sans interruption. Chaque année, on donne plus de 1000 consultations. J'ai d'ailleurs commencé à m'impliquer au Barreau en étant bénévole dans ce salon. Un comité s'est formé pour que l'édition 2020 soit plus originale, pour lui donner un nouveau souffle. On compte donner au moins 50 % de plus de consultations gratuites. On compte y arriver avec un partenariat avec la Ville de Montréal.

Avez-vous d'autres projets?

Le système de mentorat au sein du Barreau. Jusqu'à présent, c'était un système qui était géré quasi exclusivement par Me Doris Larrivée. On veut le structurer et en faire une plus grande publicité pour que les jeunes et les moins jeunes puissent en profiter et en faire profiter leurs clients. Nous sommes aussi en négociation avec le Barreau du Québec au sujet de la pratique illégale du droit. On veut obtenir une compensation monétaire de la part du Barreau du Québec.

Avez-vous mis en place une stratégie?

Je vais avoir une stratégie de décentralisation. J'ai attribué un mandat à chaque conseiller. Je crois beaucoup au pouvoir de l'implication, quand les individus se sentent libres de pouvoir eux-mêmes contribuer plutôt que de servir un chef. Avant les élections, j'ai rencontré chacun des candidats pour savoir ce qui les intéressait. Chaque personne est très enthousiaste de se voir déléguer un dossier précis.

Me Alexandre Forest, le plus jeune bâtonnier de l'histoire de ce Barreau.
Me Alexandre Forest, le plus jeune bâtonnier de l'histoire de ce Barreau.
Est-ce que des avocats vous ont fait part de problématiques nouvelles auxquelles vous n'aviez pas forcément pensé ?

Justement, une avocate m'a récemment parlé d'un membre de sa famille qui est avocat et qui est en perte d'autonomie, elle se demandait comment agir. Je lui ai suggéré de venir sur le comité des relations avec les membres, car c'est un enjeu très clair de protection du public.

Et la santé mentale?

C'était notre thématique de l'année dernière. Nous avons fait les capsules vidéo « En-tête » avec la psychologue Rose-Marie Charest. Le 30 avril dernier, elle a donné une conférence aux membres du Barreau de Montréal. Cet enjeu ne date pas d'hier. Brian R. Mitchell avait comme thématique l'inclusion et, parmi les points d'inclusion, se trouvaient les avocats ayant des problèmes de santé mentale.

Vous êtes très impliqué dans le milieu philanthropique, voulez-vous que le Barreau s'implique plus aussi?

Je veux que le Barreau regroupe tout ce qui est public. Je vais faire quelque chose de particulier à la prochaine rentrée judiciaire. Une délégation civile sera invitée. Parmi eux, il va y avoir des représentants de la communauté artistique.

Et la politique, vous y pensez?

Je ne crois pas. J'aime beaucoup la pratique. J'ai d'ailleurs suspendu mes implications philanthropiques, je ne conserve que mon mandat au conseil d'administration de la ligue national d'improvisation.




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