Pierre Raymond défend Sabia

Rene Lewandowski
2009-03-23 14:00:00
Or, le nouveau patron de la Caisse peut compter sur un nouvel appui, celui de Pierre Raymond.
Dans les pages Forum de la Presse d’hier, le président du conseil de Stikeman Elliott a tenu à rectifier certains propos véhiculés ces dernières semaines sur M. Sabia, notamment sur son attachement envers Montréal.
Le grand patron de Stikeman rappelle que son cabinet représentait BCE et le CN au temps où Michael Sabia y était un dirigeant et que « ce dont nous avons été témoins démontrait beaucoup plus de souci et d'attachement pour Montréal ou le Québec que ce que certains commentaires lui reconnaissent. »
Quant au prétendu manque d'engagement envers la communauté montréalaise, Me Raymond souligne que « M. Sabia a été coprésident de la campagne de financement de Centraide du Grand Montréal avec Rémi Marcoux en 2006 et que c'est sous sa gouverne en 2005 que Bell Canada a été la première société québécoise à verser une contribution au soutien d'un projet conjoint du Centre hospitalier de l'Université de Montréal et du Centre universitaire de santé McGill. Rappelons que le don de Bell Canada s'élevait à 10 millions de dollars. »
Il termine en déplorant que la plupart des commentateurs dans les médias se soient prononcés en défaveur de la nomination de M. Sabia, soulignant au passage qu'il a tout de même occupé pendant plusieurs années des postes de haute direction dans deux très importantes entreprises montréalaises.
En tant qu’observateur de cette tempête médiatique, Pierre Raymond affirme que l’objectivité ne peut qu’en souffrir.
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Me Raymond dit juste, certains commentaires étaient de trop, particulièrement ceux émanant de la vieille garde souverainiste.
Mais je rappelle que la grande majorité des opinions négatives à l’endroit de M. Sabia ne visaient pas son niveau de français – très acceptable – ni son attachement à la communauté montréalaise, ni son manque de générosité.
Non, la plupart des observateurs sensés questionnaient sa feuille de route, pas très impressionnante selon eux, notamment chez BCE.
Ce n’est pas son sens de l’attachement qu’on a remis en question mais ses qualités de patron.
M. Sabia est probablement un excellent acheteur de services juridiques, mais comme PDG chez BCE il n’a rien prouvé, au contraire.
C’est sur son bilan que s’est attardé le gros des critiques.
Et c’est sur ses performances comme patron de la Caisse qu’il faudra le juger dans quelques années.
Là-dessus et rien d’autre…
Voici l’article de Pierre Raymond, publié dans La Presse
Attaché à Montréal et au Québec
Le patron de la Caisse de dépôt, Michael Sabia, fait preuve d'engagement envers la communauté
Raymond, Pierre
La récente nomination de Michael Sabia au poste de président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec a engendré un flot de réactions qui nous rappellent à quel point cette institution est au centre des préoccupations des Québécois. Certes, la crise financière et économique actuelle et les pertes déclarées par la Caisse pour son dernier exercice élèvent notre sensibilité vis-à-vis de toute nouvelle d'importance touchant le bas de laine des Québécois, et c'est bien ainsi.
On ne peut se cacher que la nomination d'un Ontarien à la tête d'un symbole de notre nationalisme économique risquait de susciter des commentaires tendancieux. Bien sûr, certains n'ont pu résister à cette tentation facile, même si, somme toute, ils ont affiché une certaine retenue. Cela dit, ce genre de commentaires a été rare et a surtout nui à celui ou celle qui l'exprimait plutôt qu'à la personne visée. Rapidement, on a senti que ceux qui voulaient jouer sur ce tableau ne réussissaient pas à obtenir le soutien des commentateurs ou, de façon plus importante, celui du public en général.
Le débat s'est beaucoup déplacé vers le processus suivi pour la nomination du nouveau président de la Caisse. Cette question est pertinente, mais n'est pas l'objet de mon propos. On reconnaîtra toutefois qu'on ne peut évidemment reprocher quoi que ce soit à M. Sabia à l'égard du processus suivi pour sa nomination. Cela dit, les politiciens (en particulier ceux de l'opposition) savent flairer la bonne affaire. M. Sabia ne peut éviter d'être aspiré par la tourmente des derniers jours qui vise maintenant le premier ministre.
Notre cabinet représente BCE depuis plusieurs années. L'entreprise était notre cliente avant et pendant le passage de M. Sabia chez BCE et l'est demeurée par la suite. Notre cabinet représente également le Canadien National depuis plusieurs années, et le représentait au moment où le CN a fait son premier appel public à l'épargne. Par souci d'exactitude eu égard à certaines affirmations faites dans les derniers jours, je me permets quelques remarques.
Même si les chefs d'entreprises nationales ne sont pas toujours à l'abri de certaines critiques, il est trop facile de leur reprocher de favoriser Toronto par rapport à Montréal lorsque leur entreprise doit prendre une décision qui met en conflit l'intérêt des deux villes. Comme nous le savons, le dirigeant doit privilégier l'intérêt de son entreprise même si celui-ci n'est pas compatible avec l'intérêt de Montréal. Sans vouloir décortiquer toute décision de cet ordre que M. Sabia aurait pu prendre au moment où il oeuvrait chez BCE ou au CN, ce dont nous avons été témoins démontrait beaucoup plus de souci et d'attachement pour Montréal ou le Québec que ce que certains commentaires lui reconnaissent.
Quant à son prétendu manque d'engagement envers la communauté montréalaise, il est nécessaire de rappeler que M. Sabia a été coprésident de la campagne de financement de Centraide du Grand Montréal avec Rémi Marcoux en 2006 et que c'est sous sa gouverne en 2005 que Bell Canada a été la première société québécoise à verser une contribution au soutien d'un projet conjoint du Centre hospitalier de l'Université de Montréal et du Centre universitaire de santé McGill. Rappelons que le don de Bell Canada s'élevait à 10 millions de dollars.
On constate que la plupart des commentateurs dans les médias se sont prononcés en défaveur de la nomination d'une personne qui a tout de même occupé pendant plusieurs années des postes stratégiques et de haute direction dans deux très importantes entreprises montréalaises. Les vents soufflent fort dans une même direction dans cette affaire. En observateur de cette tempête médiatique, je ne peux m'empêcher de penser que l'objectivité ne peut qu'en souffrir.
L'auteur est président du conseil du cabinet d'avocats Stikeman Elliott.